Chapitre 2

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Mars.

OPHELIE

A aucun moment dans ma vie je n'aurai pensé que ma mère partirait seulement un an après mon père. L'alcool, la cigarette, la drogue parfois même... C'est certain que cela n'avait pas aidé à sa santé, mais ce n'était pas cela qui l'avait fait réellement sombrer. Le pire pour ma mère, c'était bien cette tristesse. Elle n'arrivait pas à se remettre du décès de mon père, ni lorsque son petit-ami l'avait quitté sans le moindre remord. Et moi, du haut de mes dix-huit ans, j'ai vu tout ça passer sans savoir quoi dire ou faire pour qu'elle aille mieux.

Je ne sais pas ce qu'il m'a le plus surprise quand je l'ai découverte, là, les veines ouvertes dans la chambre. Entre tout le sang se déversant sur le tapis et son acte de lâcheté (parce qu'elle a préféré m'abandonner plutôt que de se battre pour nous), aujourd'hui je ne sais pas encore ce qu'il m'a le plus choqué. J'ai passée des nuits et des jours dans cette chambre aux murs violets, essayant de comprendre ce qu'il s'était passé. Essayer de la comprendre. Mais je n'ai jamais réussi.

Epuisée, je saute sur ma valise pour la fermer. Je n'ai aucune envie de retourner là-bas. Comment vont-ils tous réagir. Mes anciens amis, mais surtout lui, Hayden ? Quelle sera sa réaction quand il me verra ? Je ne sais pas s'il m'a oublié, mais moi ce n'est pas du tout le cas. Je pense toujours à lui.

Oui, c'est certain, je m'en veux d'avoir tout quitté comme cela, du jour au lendemain et sans laisser de nouvelles, mais ce n'est pas comme si j'avais pu faire autrement. A seulement dix-sept ans, je n'avais pas d'autre choix que de suivre ma mère malade. Et surtout, je n'avais plus qu'elle, elle était ma seule famille, bien que mon frère n'ait pas fait le même choix que moi.

Je soupire. Désormais, ce temps-là est loin derrière moi. Depuis que ma mère n'est plus là, je suis seule ici, triste à arpenter tous les jours ces mêmes-murs, à me rappeler de l'acte de lâcheté de ma mère chaque jour. Même si elle n'était pas la meilleure des mères, j'aurai voulu avoir pu l'empêcher de faire cela. Elle était malade, et je ne pouvais pas lui en vouloir du fait qu'elle ne s'impliquait pas dans ma vie.

Je fais une rapide inspection des lieux. Vêtements, chargeur, téléphone... Tout est bon, je suis fin prête à partir. Je glisse tout de même une photo de ma mère et moi datant du dernier Noël dans ma valise avant de la boucler.

— Bon, je crois qu'il est temps que j'y aille...

Après un dernier regard pour la maison dans laquelle j'ai certainement passé la pire année de ma vie, je sors d'ici et monte dans voiture de Noam. Mon meilleur ami semblait m'attendre depuis un moment déjà.

— Salut, Noam. Tu vas bien ?

Noam sourit et me salue à son tour. Il glisse un regard lourd de sous-entendu sur moi. Je me sens comme prise au piège, mon meilleur ami me connait par cœur.

— Oui, ça va... Plus que toi, en tout cas.

Il nous regarde, moi et ma déception, qui s'installent à côté de lui sur le siège passager. Je ne dis rien, je ne cherche pas à le contredire. Comme je le disais, il me connait, alors je ne cherche pas à lui mentir.

Un silence plane quelques instants dans l'habitacle, puis Noam finit par se résigner à l'idée d'une réponse et démarre la voiture. Je lui suis reconnaissante de ne pas chercher à me forcer.

— Je vais rester avec toi quelques jours, déclare-t-il, le temps que les choses se tassent avec ton frère. Nous connaissons Hélias autant l'un que l'autre.

Je hoche la tête, un timide sourire aux lèvres, touchée par ses propos. Noam n'est pas mon meilleur ami pour rien ! C'est certainement la seule personne qui m'ait aidé à remonter la pente ; enfin lui et sa sœur, Capucine. Contrairement à mon frère, Noam n'a jamais cherché à me fuir.

Le voile des tentations |Terminé|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant