Chapitre 22

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HAYDEN

— Mais tu vas avancer, putain ! crié-je, les mains crispées sur le volant, fou de rage. Merde, il n'y a pas que toi ! Bouge !

A côté de moi, Hélias me regarde avec un sourire, mais je vois bien qu'il n'est pas sincère. C'est juste pour essayer de me détendre ; je n'ai pas le cœur de lui dire que ça ne marche pas. Je le vois, il tente de cacher du mieux qu'il le peut son angoisse et il ne sait pas du tout comment s'y prendre. Je lui en serais presque reconnaissant, de la cacher pour m'aider à aller mieux, si je n'étais pas aussi occupé à jurer contre le conducteur devant nous qui ne bouge pas son cul !

Je constate que, visiblement, mon vocabulaire peu florissant ne lui plait pas vraiment. Il se mort une lèvre en dirigeant un regard baigné d'impatience dans ma direction. Je serre encore plus fort le volant entre mes doigts, soulé.

— Allez, détends-toi, Hayden. Crier sur les autres conducteurs ne nous fera pas avancer plus vite, tu sais.

Je sais qu'Hélias a raison, pourtant je ne l'écoute pas. Je balance un nouveau flot de jurons avant de finalement me taire. J'apprécie le fait qu'Hélias me laisse passer mes nerfs sur le conducteur de devant. En même temps, je pense qu'il a compris que ç'aurait été sur lui que je me serai défoulé, autrement.

Quand Ophélie m'a appelé, il y a vingt minutes à peine, j'ai cru que mon cœur allait exploser. Elle avait l'air si abattue ! Après m'avoir rapidement expliqué la situation, entre sanglots et cris, j'avais finalement saisi l'endroit où elle se trouve à présent. J'ai appelé Hélias, et tous les deux avions foncé pour la retrouver. Lorsque le médecin nous a annoncé qu'Ophélie avait disparu, une peur immense s'était emparée de moi. Je suis soulagé de savoir qu'elle va bien, ou du moins, qu'elle est toujours en vie quelque part.

Chacun a sa façon de réagir aux mauvaises nouvelles. Pour certains, ils s'enfouissent dans les bras les plus proches à ne plus jamais vouloir en sortir. Mais pour d'autres, ils s'enfuient et restent seuls jusqu'à ce que le pire arrive. Exactement comme Ophélie a tendance à le faire.

— Tourne à gauche.

Je jette un faible coup d'œil à Hélias avant de faire ce qu'il me demande. Je bénis son frère pour avoir demandé à Noam de lui passer l'adresse ; j'étais bien trop perturbé par sa voix pour y penser. Comme quoi, peut-être que ce gars sait se montrer utile. Je n'aime pas savoir que je dois partager mon Ophélie avec un autre garçon, même s'il s'agit de son meilleur ami. Jalousie, quand tu nous tiens !

Enfin bref, je secoue la tête pour me changer les idées en observant sur le GPS les kilomètres qui me séparent encore d'Ophélie. Je n'arrête pas de penser à elle. A elle, et à son cancer. Je n'arrive pas à me dire que c'est possible ! Pourquoi elle, l'une des plus belles personnes au monde ? Bordel, je ne souhaiterai même pas ça à mon pire ennemi ! Alors, à Ophélie ? non, encore moins ! Putain !

J'ai l'impression que le ciel me tombe sur la tête. J'avais enfin réussi à la récupérer, après tout ce temps, et voilà qu'une nouvelle vague de malheur nous retombe dessus. J'ai l'impression que notre amour est maudit, comme celui dans cette tragédie, Roméo et Juliette, je crois. Et même si je hais ça, je ne peux pas être loin d'elle, et encore moins maintenant, pas après lui avoir dévoilé mon amour réciproque. Je suis prêt à tout pour elle. Je sais bien que je suis jeune, mais elle l'est aussi, et si mon soutien peut l'aider, même un peu, alors je le ferai. Elle ne doit pas être seule, et je n'ai pas envie qu'elle le soit.

Parce que j'aime Ophélie. Je suis amoureux d'elle, et c'est la première fois qu'une telle chose m'arrive. Avec elle, je me sens bien, je me sens entier. Je pourrai apprendre l'alphabet à l'envers, ou bien partir à l'autre bout du monde si elle le voulait. Ophélie me rend fort. Et, plus important que tout : elle me rend heureux.

Le voile des tentations |Terminé|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant