Chapitre 24

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OPHELIE

J'ai eu du mal à me remettre de ce qu'il s'est passé dans mon ancienne maison. Heureusement, Hayden, Hélias, Elara, Noam, Alice, Kamil et Aubin m'ont aidé, mais j'en garde un terrible souvenir. Comment aurai-je pu oublier tout ce qu'il s'est passé là-bas ? Toutes ces révélations de ma mère ? Toute cette douleur ? Toute cette peur et toute cette haine ? C'est impossible, voilà tout.

Mon cœur s'est un peu plus brisé ce jour-là, mais Hayden a su le recoller en me disant qu'il m'aimait. Depuis, quelque chose de nouveau s'est tissé dans notre relation, quelque chose qu'il me tarde d'approfondir un peu plus encore.

C'est comme si j'avais perdu une part de moi-même en revenant là-bas. Pourtant, je sais aussi que ça m'en a été bénéfique, dans le sens où certaines de mes questions ont trouvés leurs réponses. Et juste ça m'aide à aller un peu mieux.

— Tu es belle quand tu réfléchis, tu sais.

Main dans la main avec Hayden, je souris jusqu'aux oreilles. Mon petit ami rigole, puis ses lèvres viennent trouver les miennes. A côté de nous, Alice lève les yeux au ciel tandis qu'Aubin explose de rire, manquant de donner un coup de coude à Kamil assis à sa gauche, anormalement silencieux.

— Sérieux, les gars, vous ne pouvez pas vous décoller deux secondes ? Merde, vous respirez des fois au moins ?

— Ta gueule, Aubin.

J'étouffe un ricanement en entendant Hayden lui parler de la sorte. Heureusement, il n'est pas sérieux, et Aubin semble l'avoir compris car il ne riposte pas. Je lui donne une tape sur l'épaule en fronçant les sourcils en observant Kamil, les yeux rivés sur son portable. Quelque chose semble ne pas aller.

Je me lève et vais m'assoir à côté de lui. Il n'a pas décroché un mot depuis au moins cinq bonnes minutes, je me demande ce qu'il a.

— Tout va bien ? demandé-je.

— Hum... Oui, ne t'en fais.

Je secoue la tête de droite à gauche. Kamil me jette un regard désolé mais n'ajoute rien. Je vois bien qu'il me ment, et je ne sais pas trop comment je peux l'aider. Je veux être là pour lui, comme lui l'a été pour moi, et je n'aime pas le voir dans cet état. Kamil est d'un naturel joyeux et amusant, c'est bizarre de le voir qui broie du noir, ce n'est pas dans ses habitudes.

Dans une ultime tentative de le faire parler, je lui donne un bref coup d'épaule avec un maigre sourire. Mon ami ne tente même pas un sourire en donnant un coup dans un cailloux du bout de sa basket.

— Allez, dis-moi, Kamil. Je vois bien que quelque chose ne va pas, je n'aime pas te voir dans cet état.

Il relève son visage vers moi. Ses yeux noisette m'observent avec curiosité, semblant se demander si me parler est une bonne chose ou non.

Il prend une novelle inspiration en se passant une main dans ses cheveux blonds. Je suis son regard, et, alors, je crois commencer à comprendre. Kamil ne quitte plus Alice des yeux. Cette fois à l'hôpital me revient alors en mémoire, quand Alice avait hésité à s'assoir à côté de lui.

— C'est à cause d'Alice, c'est ça ? osé-je demande en vérifiant qu'elle ne nous écoute pas.

— Ecoute, Ophé, tu as bien trop d'autres problèmes à gérer... Je ne veux pas te souler avec ça.

Je fronce les sourcils, secoue la tête, et prend ses mains entre les miennes. Je hais que les gens me voient comme une chose fragile après l'annonce de mon cancer. Je vais bien, je ferai tous les examens et tout ce que je dois faire pour aller mieux. Je ne veux pas qu'il s'inquiète pour moi plus qu'à présent. J'ai déjà commencé la chimiothérapie, tout devrait correctement se dérouler.

Le voile des tentations |Terminé|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant