Chapitre 21

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OPHELIE

Les mains sur le volant, j'ignore encore comment je suis arrivée ici. J'ai fugué de l'hôpital, volé la voiture de mon frère, et tout ça pour arriver ici, devant une maison dont je ne me rappelle rien. Ou presque. Car, si je suis arrivée là, c'est pour une raison précise, bien que je ne sache pas laquelle exactement. Je ne sais même pas comment j'ai pu y arriver juste par cause de mon intuition étrange, mais je suis persuadée qu'elle va m'apporter des réponses aux questions que je n'ose même pas me poser.

J'ai mal à la tête en sortant de la voiture. Pour ne rien arranger, je claque la portière et cela m'arrache une nouvelle grimace de douleur. Un pas devant l'autre, j'avance difficilement vers la maison. Le vieux porche en bois qui tombe en lambeaux me rappelle quelque chose. Je le fixe une seconde du regard puis, voyant que rien ne me vient, je le gravis et ouvre la porte. J'ai pris les premières clefs au hasard et, par chance, ce sont les bonnes.

C'est vraiment étrange, j'ai tous les reflexes pour arriver ici, mais je suis incapable de me souvenir de cette maison. J'ai seulement quelques sensations de déjà vu qui labourent mon cerveau. Je ne prends pas la peine de fermer la porte derrière moi et jette un œil à l'intérieur, indécise, avant de finalement me décider.

Quand j'entre enfin à l'intérieur, je suis surprise d'y voir une maison propre, il y a seulement un peu de poussière par ci par là. Encore une fois, c'est étrange, mais je n'y fais pas plus attention que cela.

Je repère un escalier dans un coin, mais ne veut pas encore y monter pour le moment. J'ai la sensation que quelque chose d'horrible m'attend à l'étage, et mon cœur n'est sans doute pas prêt pour ça. Je bifurque donc à droite où j'y trouve une salle de bain relativement propre mais toute petite. Cette maison est vraiment moins grande que celle d'Hélias, mais surtout, je n'y sens terriblement mal. J'ai comme l'impression de ne pas y être à ma place.

Une fois dans la salle de bain, la première chose que je croise est mon reflet dans le miroir. J'étouffe un hoquet d'horreur en observant le piteux état dans lequel je me trouve. Mes cheveux violets sont tout emmêlés et mes yeux vairons sont soulignés d'énormes cernes. Je ne suis pas une fille qui est du genre à beaucoup de maquiller, pourtant, là, j'aurai bien besoin de quelque chose pour arranger ce tient presque cadavérique. Je suis terriblement blanche, et je n'aime pas ça. Les mains tremblantes, j'ouvre l'eau du robinet et me passe un coup d'eau glacée sur le visage pour me réveiller et espérer me donner meilleure mine.

Finalement, je quitte la salle de bain et continue mon ascension à travers la maison, les sourcils froncés. Je ne comprends toujours pas ce qui m'a conduit ici, et je décide de ne pas quitter cet endroit tant que je n'aurais pas compris.

Ne trouvant rien dans les autres pièces, je continue d'avancer. J'ai de plus en plus mal au crâne et trouve le décor qui m'accueil un tant soit peu... perturbant. J'observe autour de moi, une drôle de boule au ventre. C'est comme si quelqu'un habitait encore ici. Les poubelles ne sont pas vidées, quelques volets sont encore ouverts et les lits sont défaits. Il y a même de la vaisselle qui sèche dans l'égouttoir. Pourtant, que je laisse un doigt glisser sur cette dernière, je constate qu'elle a l'air sèche depuis bien longtemps. Je soupire et détourne rapidement le regard.

Je tourne la tête et trouve alors une série de photos encadrées sur un meuble. Je m'y approche, le cœur en vrac. Il y a deux personnes sur la photo, une adulte et une enfant. Je prends le cadre de mes mains et, observant cette petite fille aux yeux vairons, je m'y reconnais aussitôt. Je comprends alors vite que la femme à côté de moi qui me tient la main n'est personne d'autre que ma mère.

Je balance soudain le cadre ; c'en est trop pour moi. Il s'éclate en millier de débris sur le sol. Je ne fais même pas attention à ne pas marcher dedans en m'éloignant de ces photos de malheur.

Le voile des tentations |Terminé|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant