Chapitre 16

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HAYDEN

Je me fais un sang d'encre pour Ophélie. Elle est encore à l'hôpital et j'attends désespérément qu'elle m'appelle. Je n'ai pas pu aller la voir – à cause de cet hôpital qui n'accepte que les visites de la famille. Et je hais ça. Je n'aime pas la savoir aussi mal. D'abord, je n'ai pas compris ce qu'il s'est passé. Et après, je ne peux même pas être là pour elle, alors que je sais qu'elle en a besoin...

Et moi aussi, j'en ai besoin... Bordel !

Je fais les cent pas dans ma chambre comme si j'étais un lion en cage. Je me passe une main dans mes cheveux bouclés ; c'est presque si je les tire tellement je suis hors de moi. Je me sens impuissant, et cette sensation est terrible.

— Hayden ?

La porte de ma chambre s'ouvre dans un faible grincement. Je cesse aussitôt tout mouvement et observe la personne qui vient de pénétrer dans mon sanctuaire. Dawn, une mine triste, se présente devant moi.

Je lève les yeux au ciel. Ce n'est pas cette sœur qui ponctue toutes ses phrases par des insultes qui va me remonter le moral. En plus, son coup de la dernière fois m'est resté en travers de la gorge. Et celui d'avant aussi, quand Papa est venu... A peine suis-je rentré, les larmes aux yeux d'avoir eu si peur pour Ophélie, qu'elle m'a sauté dessus sans l'ombre d'une gêne pour me questionner. Je n'ai rien répondu et lui ai claqué la porte de ma chambre au nez.

— Je peux te parler, Hayden ? insiste-t-elle d'une voix posée.

— Non. Je crois que nous n'avons rien à nous dire. Si c'est encore pour me crier dessus, dégage, je ne veux pas de toi ici. En plus, je ne suis pas d'humeur.

Dawn grimace et, se fichant ouvertement de ce que je lui raconte, elle se met à son aise et s'asseyant sur mon lit. Je lève les yeux au ciel – encore ! – et n'insiste pas. De toute manière, ça ne sert à rien.

— La vache, ça pu là-dedans ! Et pourquoi tu es toujours fringué comme hier ? Et c'est quoi ces cernes sous tes yeux ?

Putain !

Je suis incapable de dire quoi que ce soit d'autre. Oui, je ne me suis pas changé depuis hier, et oui encore je n'ai pas dormi de toute la nuit. Je suis incapable d'être bien en sachant qu'Ophélie est quelque part, à souffrir. Et Dawn qui débarque en me rappelant ma douleur suffit à m'achever.

Je me tourne vers elle, agacé, et plante mes yeux dans les siens. En voyant ma mine furieuse, Dawn fronce les sourcils.

— Désolée... ?

Ses « excuses » bidons sonnent comme une interrogation.

— Je m'en carre de tes excuses, Dawn. Il y a eu un problème avec Ophélie hier, d'accord ?! Elle est à l'hôpital, alors si tu viens ici pour me faire des réflexions stupides, tu connais la sortie !

— Hayden, je... Je ne savais pas...

Evidement ! Tu passes ton temps à me courir derrière pour savoir avec qui je vais, ce que je fais, mais tu ne cherche jamais à voir si ça va ou non !

Dawn semble triste, c'est bien la première fois que je la vois comme cela, et pourtant ça m'énerve. Une larme de rage coule sur ma joue, je l'essuie d'un geste rageur. Je n'arrive plus à intérioriser. Entre Ophélie qui va mal et cette relation malsaine entre ma sœur et moi, je ne sais plus où donner de la tête !

Je baisse la tête vers le sol pour empêcher que ma sœur ne se moque de moi en me voyant si abattu face à la vérité de mes paroles – une vérité que je regrette déjà d'avoir dit... Faire part de mes sentiments à Dawn est quelque chose que je me suis empêché de faire ces derniers temps. Je vois cette révélation comme une défaite, un nouveau moyen pour elle de me détruire.

Le voile des tentations |Terminé|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant