Chapitre 20

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OPHELIE

Il y a un drôle de type à l'entrée de ma porte. Il a l'air dévasté, et je me demande bien pourquoi. Il y a des larmes qui coulent de ses yeux, et plus il me regarde, plus elles coulent. J'arque un sourcil en l'observant. Il me rappelle vaguement quelqu'un, mais je ne sais pas qui.

Un infirmier est posté face à lui. Je reconnais tout de suite Ilian qui discute avec le type bizarre. Je me rappelle vaguement pourquoi je suis à l'hôpital et dois réfléchir pour me souvenir de tout, mais ça ne me revient pas. J'ai une drôle de sensation, comme si j'avais fermé les yeux et, en me réveillant, avais oublié quelque chose. Je n'aime pas ça.

— C'est seulement temporaire, ça ne va pas tarder à revenir.

— J'espère que vous avez raison...

Ces bribes de conversation parviennent à mes oreilles. Je clos mes paupières en essayant de me souvenir. Encore une fois, cette sensation que quelque chose m'échappe refait surface. Je fronce les sourcils en luttant pour retenir un juron.

J'entends des pas qui s'éloignent de ma chambre. J'ouvre alors mes yeux pour observer Ilian qui s'approche de moi, et le garçon de tout à l'heure qui m'adresse un regard baigné de larmes en quittant la chambre.

Je tourne la tête vers Ilian et l'observe qui met sa main sur mon front. J'ai une légère sensation de chaleur qui me parcourt depuis quelques bonnes minutes, et constate alors que de la sueur a coulé le long de mon bras. Merde, il s'est passé quoi encore ? On peut me le dire ?

— Comment te sens-tu ?

— Ça va. Pourquoi cette question ?

C'est au tour d'Ilian de froncer les sourcils. Il me toise de haut en bas un instant avant de se reconcentrer sur moi. Quelque chose ne va pas, je le lis dans son regard, et je n'aime pas cette sensation que l'on ne me dit pas tout.

— Tu ne te souviens pas ?

— Non. De quoi ?

— Tu viens de faire une crise d'épilepsie, Ophélie. Et certains de tes souvenirs ont temporairement disparu.

Je reste muette. Voilà qui explique ces drôles de sensations d'oublis et ces douleurs au corps. Je hoche simplement la tête pour répondre à Ilian. Une larme, silencieuse, roule le long de ma joue. Je la fais disparaitre quand l'image de ma mère me revient en mémoire.

Je la revois, elle sur son lit, les larmes aux yeux, et je ne distingue qu'un seul et unique mot qui me serre le cœur : cancer. Je n'aime pas penser à sa maladie. Aussi, je chasse ce souvenir de ma tête en pensant que ce n'est pas important.

Je pense alors à ce garçon, aux cheveux bouclés, qui semblait sous le choc quand il est apparu dans ma chambre. Les larmes qu'il a versées ont fait quelque chose en moi, comme une sorte de pincement au cœur que je n'explique pas. Il n'était pas triste. Non. C'était bien pire que ça. En le regardant, j'ai eu comme l'impression qu'un fragment de son cœur s'était détaché de lui, je n'ai vu cette expression qu'une seule et unique fois. Et c'était ma mère.

Encore une fois, des souvenirs d'elle refont surface. Si Ilian raconte que j'ai perdus quelques informations à cause de ma crise, peut-être que ceux-là sont importants. Ils arrivent à s'infiltrer dans mon crâne comme si tout tournait autour d'eux. Pour moi, c'est comme s'ils cherchaient à me dire quelque chose, quelque chose à laquelle je ne veux visiblement pas penser. Je ne sais pas comment expliquer ça, c'est trop bizarre.

Je décide donc de penser à autre chose, puis interroge Ilian.

— Qui était ce garçon à l'entrée ? Avec qui tu parlais ?

Le voile des tentations |Terminé|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant