Chapitre 24

235 12 1
                                    

Trois longues semaines se sont écoulées depuis que mon père m'a annoncé ce qu'il avait fait pour briser notre famille. 21 jours sans Austin, celui que j'avais le plus envie de voir durant ce temps. Bien sûr, il y avait Sky, mais elle était plutôt occupée au travail étudiant qu'elle occupe. J'en ai donc profité pour tenter de me changer les esprits. J'ai même passé deux entrevues dans le but de me dénicher un boulot, mais les deux compagnies ne m'ont pas rappelée. Alors, j'ai eu énormément de temps pour relaxer et ne rien faire. Chaque fois que j'ouvrais un livre dans le but de le lire, mon père me revenait en tête. Je ne pouvais pas l'ignorer. J'ai donc pensé et repensé à la situation, je l'ai analysé sous tous ses angles, et je crois être prête à reprendre contact avec lui. Je n'excuse aucunement ce qu'il a fait, mais j'ai besoin de réponses à mes questions et peut-être pourrai-je le pardonner un jour.

Je prends mon cellulaire et commence à taper le message que je veux envoyer à mon père. La dernière fois, je lui ai dit que je ne voulais plus jamais avoir à faire à lui. Heureusement, en tant que bon père, quoique cette affirmation est maintenant relative, il m'a simplement répondu : Comme tu veux, mais sache que je serai toujours là si tu en as besoin, et tu peux me parler si un jour le cœur t'en dit.

Mes doigts pianotent sur le clavier :

Papa, j'ai besoin de réponses. Peut-on s'appeler?

Je rassemble tout mon courage, et appuie sur le bouton envoyer.

Je redépose mon téléphone sur ma table de chevet, et la sonnerie indiquant un message se fait immédiatement entendre. Merde, je ne pensais pas que ce serait aussi rapide.

Quand tu veux, j'attends ton appel.

Je trouve un peu étrange qu'il me propose de l'appeler même s'il est au bureau en ce moment, je suppose qu'il réussit à me faire de la place lorsqu'il le veut bien.

Est-ce le bon moment? Est-ce que je devrais penser à ce que je veux lui dire avant de l'appeler? Brooke, bordel, fait juste prendre le foutu téléphone. Tout va bien aller, arrête de penser.

Je compose le numéro de mon père, et il décroche dès la deuxième sonnerie.

- Comment vas-tu, Brooke?

- Évitons les formes de politesses, d'accord?

- Oui, bien sûr. Alors, veux-tu que l'on se rencontre quelque part?

- Non, le téléphone fera l'affaire. J'ai peur de ne pas pouvoir me contenir si je te vois en public.

- Comme tu veux, alors qu'est-ce que tu veux savoir?

- Avant de commencer, je veux que tu me jures de dire la vérité. Je ne suis plus un enfant, et notre famille est déjà détruite, alors il n'y a plus rien qui puisse empirer la situation. Alors fait juste me dire la vérité.

- Certainement.

- Donc, quand as-tu trompé maman? Et avec qui, putain?

- À vrai dire, c'est arrivé à plusieurs reprises. Ça dure depuis environ 2 ans. Et c'était avec une collègue de travail.

Mon père semble vraiment désolé et mal à l'aise.

- 2 ans?! Wow, moi qui croyais réellement à ton histoire de charge de travail.

- Non Brooke, tu dois me croire. Au début j'ai commencé à avoir de plus en plus de tâches au boulot, c'était la vérité.

- Ouais bon, on va dire. Qu'est-ce qui t'a poussé à l'avouer à maman?

- Je ne lui ai rien dit. Elle l'a découvert lorsque Bridget m'a envoyé un message texte me proposant de la rejoindre le soir-même.

- Super, de mieux en mieux. J'ai une dernière question pour toi.

- Quoi?

- Est-ce que tu aimes encore maman?

- Brooke, c'est compliqué...

- Oui ou non, c'est pas compliqué!

- Ta mère et moi on a été longtemps ensemble, ce serait difficile de dire que je ne ressens plus rien pour elle. Mais j'avais comme besoin de nouveauté, de sortir de la routine.

- Ha mais oui, parce que maman est vieille et avec elle c'est toujours la même chose! Je te gage que Bridget n'est pas plus vieille que moi? Quel cliché!

- Brooke, s'il-te-plait.

- Merci pour ton honnêteté, c'est tout ce que je voulais savoir.

Je raccroche au nez de mon père. Je n'arrive plus à me reconnaître, où est la Brooke calme et timide qui analyse toujours les deux côtés de la médaille?

***

Le reste de la journée s'est plutôt bien passé. Il faut dire que j'étais fébrile à l'idée du retour d'Austin. Je suis un peu nerveuse à l'idée de lui faire découvrir ma ville, j'espère qu'il l'aimera. Je dois quitter pour l'aéroport d'ici une demi-heure, alors je me prépare tranquillement. Ma mère cogne à la porte de ma chambre, vêtue de son incontournable peignoir blanc :

- Ça va ma chérie?

- Oui, je dois aller chercher Austin à l'aéroport, tu te souviens?

- Oui, bien sûr. En fait, j'ai l'impression que tu n'étais pas dans ton assiette aujourd'hui.

- Non, tout va bien. Un peu de stress, la fatigue.

J'ai peut-être «oublié» de mentionner ma discussion de ce matin, mais je préfère ne pas aborder le sujet avec ma mère.

- D'accord, si tu le dis. On pourrait aller souper au restaurant demain soir avec Austin?

- Super, bonne idée. Merci maman.

- De rien, ma chérie.

Ma mère quitte ma chambre en direction du salon, et je tente de coiffer mes cheveux bouclés.

Il est maintenant 19h30, alors je saute dans ma voiture. J'ai tellement hâte de revoir mon copain. Le chemin vers l'aéroport se fait relativement bien, à cette heure-là il n'y a pas vraiment de traffic.

J'entre à l'intérieur du bâtiment et m'empresse de me faufiler entre les gens de peur d'être en retard. J'arrive à notre lieu de rassemblement sans me perdre, par chance j'ai un excellent sens de l'orientation.

J'attends depuis quelques minutes avec d'autres gens qui semblent attendre eux aussi une personne de leur entourage.

Finalement, quelques personnes commencent à se diriger dans notre direction. Des hommes d'affaires passent, une jeune femme se dirige vers l'homme se tenant à mes côtés. Une dizaine d'autres personnes rejoignent leur famille. Je regarde autour de moi, je me sens un peu seule. Je revérifie le numéro de la porte, je suis au bon endroit pourtant. Je me retourne vers celle-ci et je l'aperçois. Austin. Il porte (encore) un chandail noir avec des jeans déchirés de la même couleur, il est absolument craquant. Je gambade vers lui et on se serre dans nos bras, LA scène quétaine de retrouvailles dans un aéroport mais je m'assume complètement. À ce moment précis, je suis heureuse et rien ne peut effacer le sourire que je porte. Toute la douleur des dernières semaines s'envole au contact des lèvres d'Austin sur les miennes.

Him & I [Post Malone]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant