41- Réveil

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 J'ai chaud. Trop chaud. Je tente de me dégager de la couverture, mais on me retient prisonnière. J'ouvre les yeux, et fronce les sourcils. Où suis-je ?... Le mur blanc en face de moi, sur lequel est affiché un poster de Game of Thrones est immédiatement identifié par mon esprit. Et toute la soirée d'hier me revient en mémoire. Et merde, j'ai pleuré devant lui... Je ferme les yeux, et soupire, avant de me mettre à réfléchir. Bon, j'ai pleuré devant Matt, et j'ai probablement eut l'air totalement idiote. Et j'aurais dû appeler Abigaëlle quand j'en ai eu l'occasion. En plus, le pauvre, je n'ai fait absolument aucun effort pour parler avec lui de mes soucis. Je lui ai juste dit des trucs sans aucune importance...

Je soupire de nouveau. Non mais quelle conne ! Parfois, je me dis que cette manie de toujours tout garder pour moi est vraiment un défaut merdique. Je sens Matt bouger tout près moi, et je me fige, ayant peur de le réveiller. C'est bizarre, cette habitude qu'il a, de toujours dormir collé aux autres... Enfin j'espère qu'il fait ça avec tout le monde, et pas qu'avec moi, sinon c'est gênant. Qu'est-ce qui ne me gêne pas, de toute façon ? J'écoute mon cœur s'emballer, et lui intime de se taire, mais ça ne sert à rien.

Mes pensées ne veulent rien dire, et ça m'énerve. Je sais très bien que je suis comme ça parce qu'hier, j'ai enfin réalisé que ma famille me manquait. Et que je suis en train de fuir mes pensées. D'ailleurs, je me demande si finalement, je ne sais pas faire que ça, fuir. Parce que j'ai fuit en venant ici, loin de tout, mais j'ai aussi fuit en arrêtant de penser à eux, de penser à Ezra... Je me suis exclue de tout, et même de mes amis, puisque finalement, ce n'est que depuis peu que je sors de nouveau.

Fondamentalement, j'imagine que je vais mieux, mais j'ai quand même l'impression que ça ne va pas si bien que ça. Et puis, j'arrête pas de penser, soit à Jonah, soit à Evan, soit à cette histoire ridicule avec Music66. Je me sens débile, je pourrais juste lui poser la question, mais j'ai pas le courage de le faire. J'aimerai devenir forte. Ou du moins, bien plus que je le suis.


Matt gigote de nouveau près de moi. Il passe nonchalamment son bras droit par-dessus ma taille, et je sens désormais son souffle dans ma nuque. Il a dû se retourner dans son sommeil. Putain, il peut pas arrêter de se coller à moi, quand il dort ? On dirait vraiment un enfant, dans ce genre de moment. Et j'ai l'impression d'être une peluche.

Je soupire doucement, avant d'essayer de bouger un peu pour me délivrer de ses bras. Mais tout ce que j'arrive à faire, c'est me rapprocher encore plus de lui. Je sais même pas comment c'est possible. Je m'apprête à me tortiller une dernière fois, le plus doucement possible, me promettant que si cette fois-ci je n'arrive pas à me dégager, je n'aurais qu'à rester comme ça. Même si mon cœur bat à un rythme insoutenable. J'essaie juste de ne pas y prêter attention.

Je remue les hanches et bouge une jambe, avant de me figer. Et là, je commence à paniquer. Matt gémis dans ma nuque, et agrippe ma taille pour me coller encore plus à lui. La grosse, grosse, grosse panique. Les sueurs froides. Doux Jésus Marie Joseph. Même si je ne crois pas le moins du monde en vous, venez m'aider. Parce que là, je sens un truc dur contre mes fesses. Et je ne pense pas que ce soit sa main. Oh mon Dieu. Je vais crever de honte. Je sais même pas si c'est possible de mourir de ça, mais c'est ce qu'il va se passer. J'ai de plus en plus chaud, et je suis sûre que mon visage est rouge pivoine. En fait, tout mon corps doit être rouge. Avec un peu de chance, je suis devenue une tomate.

Je ne sais pas combien de temps je reste dans cette position, sans bouger le moindre muscle et ayant du mal à respirer. Je crois que j'ai jamais été aussi gênée de toute ma vie. Pourtant je suis tout le temps embarrassée. Et le temps étant un traître, il paraît ralentir au pire moment, alors qu'il devrait plutôt accélérer. Pourquoi les moments les plus gênants semblent toujours durer des heures, alors qu'il ne passe que quelques minutes ?

Who Are You ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant