XIII.

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Votre duo préféré ? ♥️💙❤️
Chapitre corrigé en janvier 2020

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Muglerina avait fini par céder à la fatigue et s’était endormi sur la banquette du fiacre. Je l'avais recouvert avec ma veste et me retrouvais en chemise avec une météo très froide. Proche de la frontière de Faelenvirin, la température avait drastiquement chutée. Rares étaient les étés là-bas mais la neige correspondaient bien à ce peuple à la chevelure d’argent. D'ailleurs, les étrangers n'y avaient pas accès et seul Nathan pouvait décider. Mais revoir son viel ami et son jeune frère lui ferait le plus grand plaisir. Nathan avait épousé leur propre sœur, les unions incestueuses étaient monnaies courantes dans les familles royales.

Si à Fëanor’d la neige se faisait rare, ici ce n’était pas le cas. Une fois la frontière passée, la vue enneigée attira mon attention. Les montagnes étaient recouvertes de cette épaisse couche blanche que je trouvais magnifique. Voir autre chose me fit un grand bien, comme cet air glacial qui pénétra doucement l’intérieur du fiacre. Petit à petit, nous nous rapprochions de la capitale. Je regardais les différents villages et quartiers défilaient sous mes yeux et la chevelure de ces gens à part d'une couleur plus claire que la neige en elle-même. Mais celle de mon compagnon restait la plus magnifique. Je me penchais alors depuis ma position assise pour passer une mains dans ses cheveux. Ils étaient doux et fins, comme ceux de notre fils.

—Hm… gémit-il à mon contact en ouvrant les yeux. A-Arthur ?
—Je t’ai réveillé ?
—N-Non…

Puis, il rougit en se pinçant la lèvre inférieure.

—Ta main est si chaude…

Sa peau était glacée à cause du froid hivernal. Cette température attira son attention et comme pris par un élan soudain, il bondit presque de sa banquette pour regarder par la fenêtre. Il plaqua ses mains sur la vitre et fit des traces avec la buée,  je me rendis compte qu'il portait toujours notre alliance à son annulaire gauche. Puis, en regardant les marques sur la fenêtre, je constatais à quel point ses mains étaient petites et ses doigts fins, presque maigres.

—Mais, nous sommes… comprit-il en perdant son regard sur les montagnes.

Je lui souris sans dire de mots. Parler n’était pas suffisant avec Muglerina. Il lui fallait des actes et des preuves, j'allais lui en donner. La première serait cette visite à Faelenvirin, un endroit cher à son cœur dont je l’avais privé pendant un siècle.

—Bienvenue chez toi, mon tendre. Lui souris-je délicatement.

Ses larmes finirent par tomber et couler le long de ses joues. Ce décor lui était trop cher à son cœur pour pouvoir l’oublier. Muglerina était ému à l’idée de revenir sur ses terres. Son regard n'avait pas de prix, mais je séchais ses larmes car il était beaucoup plus beau quand il souriait. Alors quand le fiacre s’arrêta enfin à la capitale, je descendis le premier, suivi par Muglerina qui s’arrêta sur les petites marches lorsque je m’arrêtai devant lui. Naturellement, je lui tendis ma main pour l’aider à descendre et il rougit face à ma galanterie.

—M-Merci…

Aucun de nous savait où se mettre en cet instant. Nous apprenions enfin à nous connaître et à nous découvrir mutuellement. J’étais heureux, conquis par ce jeune homme plein de grâce et de courage.

Et j’étais en train de le tuer.

—Tu me fais visiter ?
—H-Hein ?

Il rougit, presque sans voix face à ma demande.

—Je ne connais pas vraiment Faelenvirin.

Il ouvrit ses yeux en grand, pris par un élan soudain de positivisme.

—C-C'est avec plaisir que je te fais visiter Faelenvirin !
—Alors, qu’attendons nous pour nous mettre en route ?

Toujours main dans la main, je me laissais guider par Muglerina qui prit les devants. Joyeusement, il m’expliqua la vie Faëlenvirienne. Ici, les festivals étaient nombreux et très religieux. Le peuple de Faelenvirin était très pieux et respectueux, Muglerina portait son royaume dans son cœur.

—Ici, c'est la statue du fondateur de notre royaume, tout le monde le vénère.

Je regardai la statue à l'effigie de cet homme respecté, construit dans une pierre unique. Le détail était précis, profond. Et cet individu ressemblait à Muglerina. Si la pierre était blanche, il avait de longs cheveux et un diadème autour de la tête. Il était grand et élancé, le même physique que la plupart des gens d'ici.

—Et comment s’appelle-t-il ?
Faelenvirin, répondit-il naturellement.

Puis il joignit ses mains pour prier, inclinant légèrement sa tête vers le bas. Muglerina prit une profonde respiration et ferma les yeux pour se plonger dans un état de concentration imperturbable. Il était là, merveilleux à m’éblouir de sa lumière. Ici, le rapport à la religion était beaucoup plus intense qu'à Fëanor’d. Tout le peuple de Muglerina croyait aux légendes et écrits sur Faelenvirin. Dans ce royaume, il n’y avait ni ségrégation, ni esclavagisme. Leur façon de vivre était plus primitive mais respectueuse de l’environnement, et des uns des autres. Mais je trouvais que cet endroit manquait de vie, tout était si blanc, si clair, comme le paradis. Et un tel lieu ne m’était pas destiné. Si Faelenvirin était extraordinaire, digne des plus grandes peintures avec ces paysages, je n’étais pas à ma place ici. Il n'y avait aucun bruit, juste celui du vent et les chants d'oiseaux.

—Arthur, ça ne va pas ?
—Oh, euh… si. Si, Pardon de t’inquiéter.

Il me sourit avant de m’inviter à le suivre. Tous me regardaient, choqués par ma présence et mon physique. J’étais connu pour ma sévérité et suprématie même si je ne m'exposais que rarement en dehors de mes terres. Je n’étais venu qu’une seule fois à Faelenvirin et c’était pendant la guerre, lorsque j’avais croisé Muglerina pour la première fois, dans le palais.

Il m’emmena près d'un fiacre entièrement blanc, conduit par de magnifiques chevaux de la même couleur. Le blanc signifiait pureté dans ces lieux. Personne ne devait s'y opposer. Pour Muglerina, cette couleur faisait partie de lui, de son être et de son éducation. Elle était encrée dans ses gènes et je n’allais pas la contester. J’étais son parfait opposé. Nous étions à la fois maudits par le destin, mais terriblement amoureux l’un de l’autre.

—Arthur, pourquoi être venu dans un lieu qui t'est hostile ?

Alors lui aussi avait remarqué la méfiance des siens à mon égard.

—Il est temps pour moi de faire un pas vers toi et de montrer que la guerre était derrière. Et cela commence par connaître tes terres, tes traditions, ton peuple et revoir ta famille.

Il sourit, enchanté par ma réponse. Muglerina avait toujours eu besoin d’entendre ces mots, mais pas que. À présent, c’était de preuves dont il avait besoin.

—Je voulais demander conseil à ton frère. Peux-tu me guider jusqu’à lui ?

Un instant, il prit le temps de me regarder en plongeant ses yeux bleus dans les miens pour m'observer.

Puis, il finit par étirer ses lèvres.

—Bien sûr.

L'OMÉGA INNOCENT ET L'ALPHA ROYAL Vol.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant