XXXIII.

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- Vous pouvez y aller.

Mon roi ordonna à notre cavalier d'avancer. Aujourd'hui, nous nous rendions à Faelenvirin afin de présenter Thalÿs à mon frère et à ma sœur. Sa naissance avait été accueilli par tout le peuple, ainsi que Riki et Aerin. Ce dernier jouait son rôle de frère admirablement bien et mon ami lui était dingue de ma fille. D'ailleurs, lui-même était enceint d'une petite fille aussi. Cette nouvelle avait renforcé leur couple et permis de surmonter la perte de leur enfant. J'étais heureux pour ces deux là.

- Comment te sens-tu ?

Arthur me regarda longuement après m'avoir interrogé. Je tenais ma fille contre moi pendant que le fiacre avançait à destination. Depuis l'accouchement, mon corps s'était affaibli. Les guérisseuses avaient été claires, je ne pouvais plus tomber enceint où je n'y survivrai pas. Thalÿs était donc une chance incroyable de former une famille avec mon roi, Aerin et Riki. Je n'avais pas besoin d'avoir une grande famille pour être heureux, ni même d'un corps en parfaite santé. Mes proches me suffisaient.

- T-Très bien...

Je marchais avec une béquille en bois. Parfois, quand j'étais très fatigué, mon roi me poussa sur mon fauteuil roulant. Il n'avait de cesse de me regarder avec ce visage triste. Pourtant, je ne l'étais pas. Mon roi était à mes cotés et m'aidait toujours dans mon quotidien. Il élevait Thalÿs tout en la surprotégeant. Et petit à petit, il confiait le trône à notre aîné qui ferait un honorable roi. Je pourrais mourir en toute sérénité le moment venu. Je me fichais bien de trembler en permanence tant que j'avais une famille et que j'étais entouré par ceux que j'aimais.

- Tu devrais te reposer.

Je secouais la tête pour refuser. Je ne voulais pas ennuyer mon tendre aimé.

- Je dois veiller sur Thalÿs.
- Et moi sur vous deux.

Mon cœur battait plus fort dans la poitrine quand il me dit ces mots. Je réalisais à quel point je l'aimais. Et si nous étions assis l'un en face de l'autre, cela ne nous empêcha pas de rapprocher nos visages pour que nos lèvres s'unissent. Nous échangions un doux baiser que mon roi approfondit avec sa langue. Je gémissais contre ses lèvres en y répondant alors qu'il tenait mon visage entre ses mains. Il fit en sorte de ne pas se décoller de la bouche pour m'obliger à utiliser mon nez pour respirer. Si la petite n'était pas là, nous aurions probablement fait l'amour dans notre fiacre. Depuis que mon corps s'était affaibli, mon roi ne cessait de le prendre avec douceur pour ne pas le briser. En cent ans de mariage, nous l'avions jamais fait autant de fois. Il me désirait malgré tout et cela me fit pleurer de bonheur.

- Je te promets que nous aurons tout le plaisir de le faire une fois au palais de cristal.
- O-Oui...

Je rougis, pressé.

***

Il ne neigeait pas à notre arrivée même si la poudreuse étai bien présente sur le sol et l'âme royaume. Mon roi m'aida à prendre place sur mon fauteuil avant de poser la petite sur mes genoux. Elle était réveillée et avait faim.

Ne pouvant l'allaiter publiquement, j'avais pris son biberon. Elle était très sage en dehors de ses pleurs. Tous les soirs, mon roi se leva pour s'occuper d'elle, il lui donnait le biberon quand j'étais trop fatigué pour le faire. Il changea ses couches et la berça pour qu'elle s'endorme. Il prenait son rôle de père très à cœur et je pouvais m'appuyer sur lui pour qu'il m'aide dans son éducation. Mon roi me demandait toujours mon avis car bien malgré mon état, mon opinion comptait autant que le sien. Et nous étions par moment en désaccord dans l'éducation de notre enfant.

Mais c'était ça d'être parent. Si nous avions été présents dans la vie d'Aerin, il n'aurait peut-être jamais succombé aux ténèbres. Quelque part, j'avais échoué avec notre fils mais je refusais de commettre les mêmes erreurs pour Thalÿs. 

Une fois devant le palais de cristal, Arthur m'aida à m'installer sur mon fauteuil en plaçant la petite sur mes genoux. Puis nous fîmes accueillis par mon frère et ma sœur qui s'émerveillèrent de la présence de Thalÿs. Rapidement, elle devint le centre de l'attention alors que mon roi tenta de la garder rien que pour lui. Depuis mon fauteuil, je les observais, surtout ma moitié qui était presque trop présent pour la petite. Mais Thalÿs riait avec innocence quand Nathan la chatouilla et que Miglerina embrassa sa petite tête. Cette petite apporta du bonheur et mit du baume à nos cœurs.

Si j'avais échoué en tant que mère envers Aerin, je ne voulais pas offrir le même destin à cette enfant. Si j'avais été plus fort, mon fils n'aurait peut être pas succombé aux ténèbres. Alors dans mon coin, je les observais rire et parler et l'espace d'un instant, j'étais isolé dans mon coin.

Mon regard était sur mon roi. Cet homme m'attirait toujours plus à chaque instant. En cent ans, je n'étais jamais tombé autant amoureux de lui. Il n'avait été jamais tendre avec moi et même si cette histoire était derrière nous, je ne pouvais l'oublier. Mais aujourd'hui je ne lui en voulais plus le moins du monde. Nous avions un magnifique fils et Riki était mon ami. Mais Thalÿs venait à présent de nous rapprocher et de toute ma vie à ses côtés, je n'avais jamais été aussi proche et complice avec lui qu'en cet instant.

Arthur disait venir des ténèbres mais il avait tort. Pour moi, il était ma lumière.

Oui, celle qui m'aidera toujours à relever la tête quand il faisait trop noir.

L'OMÉGA INNOCENT ET L'ALPHA ROYAL Vol.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant