XIX.

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Je m'effondrais au sol dès lors où la lame atteignit mon cœur. J'hurlais devant cette douleur déchirante qui menaçait de me tuer alors que les ténèbres me gagnaient. Je regardais Muglerina en versant des larmes, comprenant alors sa souffrance.

Je rampais au sol en me vidant de mon propre sang pour atteindre mon compagnon et le sauver. Je m'appuyais sur la seule force de mes coudes et de mes bras, en bougeant mes jambes.

-Muglerina... Muglerina...

Je l'appelais désespérément alors que Nazaërl'h se murait dans le silence, nous observant. La dague était toujours enfoncé dans ma poitrine mais elle symbolisait notre geste. Muglerina s'était sacrifié pour moi, et moi pour lui. Mais si mon cœur pouvait battre dans sa poitrine alors ce serait plus qu'une fierté. Il n'y avait plus beau rapprochement pour deux amants que de vivre l'un dans l'autre au sens propre du terme. C'était plus intime qu'une étreinte, qu'un baiser ou qu'un regard.

Alors j'utilisais mes dernières forces pour me traîner au sol et atteindre Muglerina. Une fois à sa hauteur, j'enfonçais la dague de toutes mes forces en moi pour arracher mon cœur de sa poitrine. Je plantais la dague au plus profond de ma chair et de mon être pour faire couler mon sang et ainsi, remettre à Muglerina cette partie de moi. Je savais qu'il allait en prendre soin et que ce serait un honneur de vivre en lui.

Confiant envers ma Destinée, j'attrapais mon cœur dans ma main qui battait d'amour pour lui. Les ténèbres me maintenaient en vie et me confessaient le pouvoir de sauver ce garçon et cet enfant. Mon compagnon m'avait caché sa grossesse par peur que je rejette cet enfant. Cette fois-ci, je voulais fonder une famille avec cet oméga et ne plus commettre les mêmes erreurs que par le passé avec notre fils, Aerin.

Je plaçais alors ma main contre sa poitrine pour y enfoncer mon cœur à l'intérieur qui prit la place qui lui revenait de droit alors que mes cheveux se teignirent en blanc. Mes yeux rouges laissèrent place au magnifique bleu de Muglerina. À présent, je ne faisais qu'un avec mon compagnon et quand il ouvrit ses yeux, il laissa des larmes lui échapper.

Il plongea dans mes bras pour pleurer et embrasser ma joue sous le regard bienveillant et flamboyant de la reine. Nazaërl'h semblait satisfaite par l'issue de cette épreuve, nous avions peut-être trouver le chemin du bonheur avec Muglerina qui résidait dans le cœur de l'un et l'autre grâce à l'amour que nous nous portions mutuellement.

-Tu m'as fait terriblement peur, Muglerina. Ne refais jamais une chose pareille !

Je le serrais contre moi, soulagé de le retrouver en vie, et de le sentir dans mes bras. Il était vivant, il respirait bel et bien à mes cotés et je n'avais pas besoin de plus pour être heureux.

« Vous avez trouvez les réponses à vos questions. Nous signala Nazaërl'h. Les ténèbres prodiguent un immense pouvoir à celui qui fait appel à elles ».

À présent, j'étais un sang pur démoniaque. Cette couleur de cheveux et d'yeux me lierait à Muglerina pour l'éternité jusqu'à ce que la mort nous sépare. Ce changement signifiait beaucoup de choses. Si les ténèbres m'avaient envahi, elles symbolisaient mon amour pour Muglerina. Seul un alpha pouvait faire appel à un tel pouvoir. Cependant, c'était la plus belle preuve d'amour pour un oméga. Nazaërl'h nous avait repoussé dans nos derniers retranchements et cela avait payé. Pourtant, nous aurions pu échouer, tout perdre et ne jamais se retrouver. Nous étions passés à côté de la mort mais grâce à le bénédiction de Nazaërl'h, nous étions complètement guéris, plus aucune trace n'était visible. C'était comme si nous avions rêvé de cet instant et que rien ne s'était passé. Le sang et les blessures avaient disparu. La seule chose qui nous restait de cette épreuve était mes cheveux et yeux. Et maintenant, mon cœur battait dans la poitrine de Muglerina. Les ténèbres me maintenaient en vie et s'il lui permettait de vivre, cela n'allait suffire à lui racheter une santé.

-Je t'aime mon roi, tellement...

Je caressais ses cheveux en réalisant la chance que j'avais de l'avoir auprès de moi. Je restais et resterais un sang pur. Cependant, je comprenais enfin le ce qu'était l'amour et assumais pleinement ressentir ce sentiment pour lui. Je n'avais pas changé, j'étais toujours le même à l'intérieur. Un être dominant et sombre qui avait su comprendre ce sentiment, ainsi que la souffrance de son compagnon. Muglerina m'avait ouvert les yeux sur ce point et je compris le choix de Nazaërl'h.
En nous relevant, nous regardions la statue aux yeux rubis.

« Je suis très fier de toi, mon fils ». S'adressa-t-elle à Muglerina. « Il y a longtemps, je m'étais unie à Faelenvirin, un sang pur. Mais sa nature nous a détruit et depuis, je ne crois plus en ces êtres. Je te remercie donc d'être venu, Arthur Van Eranamm Fear, car maintenant, je sais que les sang purs ne sont pas tous mauvais ». Termina-t-elle.

Je ne l'avais pas fait pour ses beaux yeux, mais je ne cachais pas ma fierté devant Nazaërl'h. Grâce à ma détermination, cette reine croyait de nouveau en nous, sang purs. Nous n'étions pas pour autant des êtres dépourvus de sentiments. Nous avions du mal à nous ouvrir et à nous exprimer, même devant notre âme sœur.

« Merci de m'avoir partagé votre amour. Gardez cette dague, elle représente l'unicité dont vous avez fait preuve pour passer cette épreuve. Cette étape qui n'appartient qu'à vous. Chérissez ces sentiments et aimez vous pour toujours. Il n'y a pas plus belle mort pour deux âmes-sœurs que de mourir l'un à côtés de l'autre ».

Oui, c'était le destin qui nous attendait à présent.

« C'est la première fois que deux âmes-sœurs passent cette épreuve. Je peux désormais reposer en paix et rejoindre Faelenvirin ».

Malgré toute la souffrance endurée, elle l'aimait d'amour et enfin, son expression figée dans la pierre, changea. La statue explosa en de milliers éclats lumineux pour laisser place à une magnifique jeune femme à la chevelure blanche.

Muglerina resta subjugué par cette beauté. Un instant, la reine nous fit honneur de sa présence mais ne dit rien, nous offrant à la place le plus beau sourire. Et petit à petit, son image s'estompa pour laisser derrière elle une magnifique lumière qui nous apaisa avec mon compagnon.

Et silencieusement, nous décidions de quitter le temple.

Main dans la main.

L'OMÉGA INNOCENT ET L'ALPHA ROYAL Vol.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant