XV.

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Chapitre corrigé en janvier 2020

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Il y avait une véritable tempête de neige à l'extérieur. La température était très basse mais cela ne suffisait pas à faire reculer Muglerina.

Le fiacre nous attendait. Après nous être habillé chaudement, nous quittions la pièce avec Muglerina. Je le regardais marcher devant moi et réaliser que j'étais si proche de le perdre. Nous avions un peu discuté cette nuit avant de nous endormir. Je le savais, je devais réussi cette épreuve et prouver à la divinité en laquelle il croyait que je l'aimais. Pour Muglerina, avoir la bénédiction de Nazaërl'h était vital. Sans cela, nous ne pourrions rester ensemble.

Je me rendais compte de ce que je m'apprêtais à perdre en le rendant pendant son sommeil. Je ne connaissais pas Nazaërl'h mais j'étais parfaitement conscient qu'elle me testerait jusqu'au bout.

Pour faire simple : je n'avais pas le droit à l'erreur. Non, plus le droit d'en commettre. J'en avais trop faites pour me faire pardonner à nouveau.

Arrivés à l'endroit qu'il nous avait indiqué la veille, Nathan nous accueillit en personne devant le fiacre. Il aida son jeune frère à monter à l'intérieur avant de poser sa main sur mon épaule pour me regarder, et me dire :

—Tu es le seul qui soit capable de faire avancer les choses, Arthur. Ne m'oblige pas à faire de Muglerina mon prisonnier en échouant.

Je fixais ses iris sans jamais les lâcher du regard. Une forte estime nous liait. Si j'échouai maintenant, alors cela sonnerait comme une trahison pour lui. J'avais assez déçu mon compagnon et sa famille pour enfoncer le couteau dans la plaie.

—Revenez ici ensemble, c'est tout ce que je te demande. Prouve à Nazaërl'h qu'elle peut te bénir, Arthur.

Nazaërl'h tenait une place essentielle à Faelenvirin. Muglerina y croiait et toutes les nuits, avant de se coucher, il priait pour sa déesse. Cependant, je ne pouvais rien promettre à Nathan. Mon ami n'attendait pas de ma part des paroles en l'air, mais des actes. Nazaërl'h était l'épreuve à passer pour convaincre un tel homme. Je mis fin à notre échange en rejoignant Muglerina à l'intérieur. Je m'installais sur la banquette en face et ouvris les rideaux pour saluer une dernière fois Nathan. Puis, le fiacre se mit à avancer alors que la tempête de neige s'était calmée. Le froid était toujours aussi présent mais les bougies à l'intérieur du fiacre nous réchauffaient juste ce qu'il fallait.

—Tu ressembles à cette neige, Muglerina.

Il laissa un petit gémissement passer ses lèvres sans parvenir à masquer son questionnement.

—Tu es aussi clair que cette neige mais plus magnifique que cette dernière. Tu incarnes l'innocence, Muglerina. Cette couleur blanche te représente si bien.

Il rougit et se mit à respirer un peu plus fort. La fraîcheur créa une fine buée à chaque fois que nous respirions ou ouvrions la bouche. Si je n'aimais pas cet endroit pour ses températures basses, le regard lumineux de Muglerina n'avait pas de prix. Il aimait son royaume et cela me rappela mon lien intime avec Fëanor'd.

—Nous sommes arrivés, Majesté Arthur, votre Altesse. Nous signala le cavalier.

En sortant du fiacre, je compris que nous devrions faire le reste du chemin à pieds. Si ma condition physique était bonne, Muglerina était beaucoup plus fragile que moi, et il semblait que nous n'avions pas le choix d'escalader cette montagne pour atteindre le temple.

—Tu ferais mieux de rentrer, Muglerina. C'est beaucoup trop dangereux.
—Jamais ! J-Je ne peux pas non plus te laisser seul ici, mon roi... ne nous sommes pas promis l'un à l'autre pour l'éternité ?

Malgré ses gants, il caressa son annulaire par-dessus l'épaisse couche de laine.

—Pour le meilleur et pour le pire ?

En regardant son visage rougit par le froid, je compris. Je compris à quel point sa naïveté était son plus grand défaut. Et si Ritsuki avait plus de caractère que lui, là-dessus ils se ressemblaient. C'était un trait de caractère qu'avait tous les omégas, et c'était bien pénible. Je n'avais pas oublier notre mariage, mais je n'en étais pas fier. Je l'avais forcé à m'épouser en glissant cet anneau à son doigt, et en le marquant dans son dos. Comment pouvait-il être heureux de notre mariage alors qu'il avait toutes les raisons du monde de me détester ?

Notre mariage n'avait rien de beau et de romantique à l'image de mon compagnon. En réalité, il était à mon image, celle d'un monstre au cœur sombre et aux sentiments noirs. Mais il était là, content de notre union alors qu'il ne le devait pas. Par moment, je pensais vraiment qu'il se moquait de moi car je n'avais jamais eu affaire avec une telle innocence.

—Pourquoi es-tu aussi stupide, Muglerina ? Chuchotai-je.
—Mon roi ?

Par chance, il ne m'avait pas entendu à cause du vent.

—Rien, nous devons trouver un moyen de grimper cette montagne sans te faire prendre de risques.
—Je peux le faire !
—Ne dis pas de bêtises, tu veux ?

Pour me prouver sa détermination, il s'avança vers la montagne escarpée et commença à poser ses mains sur le peu de roche visible. Il avança ses mains une par une en joignant à sa montée ses pieds. Mais son manque d'aptitude physique et de force le firent tomber dans la neige. Bien qu'il n'avait aucune chance de se blesser à cette hauteur, je le regardais faire. Pour la première fois, je regardais mon partenaire prendre les devants. Il faisait preuve d'une force et d'un courage que je ne lui connaissais pas. Et je l'admirais pour ça. Plusieurs fois, il tenta de grimper sur la montagne, mais le résultat était toujours le même.

Il tombait.

Je compris alors que l'épreuve commençait maintenant. Toute cette zone appartenait à Nazaërl'h. Atteindre le temple était simplement notre première étape.

—Je suis le seul qui puisse grimper jusqu'au sommet, Muglerina.
—Mais si je te laisse faire, t-tu vas partir en me laissant derrière toi...

Quel idiot. Cette épreuve n'était pas que la mienne, mais la sienne. Si Muglerina voulait une preuve de mon amour, je voulais une preuve de sa confiance. Je n'étais plus le même homme qu'avant. Je restais toujours un sang pur, ça c'était indéniable, mais je n'étais plus ce tortionnaire.

—Tu me fais donc aussi peu confiance, Muglerina ?
—Hein ?

Ma nature n'était pas délicate, et jamais je serais un agneau. Cependant, je pouvais faire des efforts à conditions qu'il m'y aide en me montrant le chemin à prendre.

—J-Je... ce n'est pas ce que je voulais dire, mon roi... je suis désolé.

J'attendais beaucoup de cette épreuve. Et je me surpris à croire en une connerie de légende pour la première fois.

L'OMÉGA INNOCENT ET L'ALPHA ROYAL Vol.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant