XXXI.

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J'arrivais dans une petite clairière et marchais le long du rebord de la rivière. Je m'étais foulé la cheville mais continuais de traverser la forêt qui avait perdu en densité. Je voulais qu'Arthur me retrouve car je commençais à avoir froid et faim, et il me manquait. J'étais seul et affaibli, perdu au milieu de nulle part. La pluie avait collé mes vêtements à ma peau et me mouvoir était compliqué. Mes pieds souffraient le martyr puisque mes chaussures en tissu avaient cédé face à tant d'efforts.

Mon peignoir était en lambeaux alors je me retrouvais presque nu à marcher. Je voulais que mon roi me retrouve et qu'on rentre ensemble.
Je finis par trouver un arbre dans lequel je pouvais me réfugier. L'énorme trou dans le tronc permit de faire passer mon corps et de me reposer un peu au sec.  J'étais épuisé et même si la pluie s'était arrêtée, le terrain restait difficilement praticable. J'en profitai pour m'assoir et me recroqueviller sur moi-même pour penser à Arthur et à notre première rencontre.

Tout de suite, j'avais compris qu'il était mon évidence quand il m'avait embrassé. Dès le début, j'étais tombé amoureux de lui alors qu'il n'avait rien d'un sang pur charmant avec cette attitude un peu brusque. Mais j'avais appris à l'aimer ainsi et cela faisait son charme. Mais je m'étais laissé emporté dans cet amour en acceptant bien des souffrances pour pouvoir rester avec lui.

Mais j'avais eu tord.

Et aujourd'hui, j'avais terriblement peur de mourir.

Pas parce que la vie allait me manquait. Mais parce que mon monde tournait autour de lui. Sans lui, je n'avais aucune raison d'exister. Arthur se détestait pour ce qu'il m'avait fait. Mais j'avais accepté de souffrir alors j'étais autant responsable que lui. Mon roi refusait de partager sa douleur avec moi.
Mais je cachais à mon compagnon cette hantise de peur de l'inquiéter. Il souffrait suffisamment de cette situation pour en rajouter avec mes sentiments personnels. Il me restait quelques années à vivre. Suffisamment pour malheureusement voir Riki partir en premier. Mais au final, plus j'étais heureux, plus le temps défilait rapidement.

Je caressais mon ventre en attendant qu'il vienne me retrouve. Ce petit jeu avait assez duré entre nous. Je le désirais, là, maintenant. Peu importait la pluie et le temps. Ma blessure ou ma souffrance intérieure.

Pour montrer ma détermination à mon homme, je sortis finalement de ma cachette pour me focaliser sur le lien qui nous unissait. J'acceptais malgré ma cheville de marcher à tête perdue, malgré mon peignoir sale et mon apparence négligée.

- Arthur... où es-tu ?

Je peinais à l'appeler, me sentant mal d'un seul coup. J'eus une forte nausée sans rien recracher de ma bouche pour autant. Je tombais sur les genoux, affaibli. La petite ne me laissait pas le temps de respirer un instant. Ma santé fragile m'empêchait de me régénérer et j'ignorais si j'allais survivre à cette grossesse. Mais je devais la mettre au monde quoiqu'il puisse m'arriver. Cette enfant était bien trop importante pour que j'ignore son existence. Elle représentait l'amour que nous nous portions avec Arthur.

Si Arthur pensait le chasser, je lui courrais après aussi. Malgré tout ce que nous avions vécu, je l'aimais tellement.

- Muglerina !

Mon roi arriva au loin. Un instant, je le voyais comme un rayon de soleil. Cette vision me redonna un peu de force. Je réussis à me lever et à avoir la force de courir vers lui malgré mes douleurs.

Ma détermination le laissa sans voix. Il me regarda aller vers lui sans comprendre que j'étais déjà blotti contre lui à humer son odeur. Je tenais le tissu de sa tunique entre mes fins doigts en rougissant. Je pouvais entendre son cœur battre. Mais surtout sentir la chaleur de son corps si chaud.

Ma place était ici, dans ses bras.

- C'est toi qui me chasse maintenant, Muglerina ?

Je relevais le regard pour lui répondre mais à la place, j'eus le droit à ses lèvres. Je ne ressentais plus la pluie et le froid, j'étais en paix. Heureux d'être dans ses bras. Mon cœur battait plus que de raison et je compris que quoiqu'il arrive, mon amour pour lui serait éternel.

- T-Tu me manquais, mon roi...

Je devais m'exprimer sans passer par mes chaleurs. Arthur faisait des efforts surhumain pour me plaire et me garder à ses côtés. Et pour qu'il reste avec moi, je devais faire un geste, un pas vers lui. Et je savais que mes mots avaient une signification sacrée pour mon roi.

Après tout, il avait beau se cacher derrière apparence sombre, je savais qu'il n'écoutait que ma voix. J'avais un petit pouvoir sur lui. Mais ça me suffisait pour me sentir à sa hauteur. Car malgré tout, il m'a toujours considéré comme un égal. Il était simplement maladroit dans sa façon de me témoigner son affection.

- Je vais tellement prendre soin de toi que tu pourras bannir le manque de ton vocabulaire, et de ta vie.
- Ah !

Remarquant l'état de ma cheville, mon compagnon me souleva dans ses bras avec délicatesse. Je me mis à gigoter, prenant soudainement peur d'être aussi proche de lui.

- Pourquoi tu t'agites d'un seul coup ?

J'étais pudique.

- J-Je ne suis pas trop lourd ?

Je voulais rester constamment beau pour lui. Je n'avais que mon physique pour lui plaire.

- Après plus d'un siècle à mes cotés, tu ne me connais toujours pas, n'est-ce pas ? Je suis désolé pour avoir écouté tes pensées mais je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi, mon bien aimé.
- M-Mon roi ?

Je regardais Arthur alors que le mauvais temps laissa place à un magnifique soleil brillant. Les sombres nuages s'étaient dissipaient et dévoilaient un magnifique ciel bleu. Des milliers de couleurs formaient un arc-en-ciel au dessus de nos corps et je trouvais que cette vision allait bien à mon tendre roi.
Ses cheveux blancs brillant et soyeux lui collaient légèrement sur le visage à cause des dernières traces de pluie. Mais il était beau et me souriait. C'était rare que je puisse le voir avec une telle expression sur le visage.
Mais il était lui-même capable de sourire. Cela me fit chaud au cœur. C'était heureux que je le préférais.

- Je ne te sens même pas dans mes bras. Et quand bien même tu grossissais, je t'aimerais toujours. Tu as bien su accepter mes cheveux blancs, non ?
- M-Mon roi...

Je fondis en larmes dans ses bras. Arthur n'était pas mon chausseur, ni même un prédateur, mais mon époux. Moi-même j'étais parti à sa recherche dans l'espoir de le retrouver. Je n'avais pas hésité à traverser un petit bout de forêt avec ma cheville foulée pour le revoir. Et même si j'avais eu très peur, nous nous étions retrouvés tous les deux. Arthur ne devait pas ces retrouvailles uniquement à lui. Et moi de même.

Mais à nous.

À notre amour et à notre enfant.

Parce que nous formions désormais une véritable famille.

- Rentrons mon roi... je n'en peux plus.
- Tout ce que tu veux, Muglerina. Tout ce que tu veux.

Dans ces moments-là, je ne pensais pas à la mort. Mais pourtant, j'étais terrifié à l'idée de m'en approcher un peu plus chaque jour.

Mais du plus profond de mon cœur, je repensais au vœu que j'avais fait cent ans auparavant.

Et priais déraisonnablement les Dieux pour qu'ils l'exhaussent.

L'OMÉGA INNOCENT ET L'ALPHA ROYAL Vol.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant