L'OMÉGA INNOCENT ET L'ALPHA ROYAL Vol.2

XXXVII.

À l'occasion de la sortie de ce chapitre, on change de couverture pour un Muglerina bien différent de ce que vous avez l'habitude de connaître :)

Attention, vous allez autant pleurer que pour le chapitre précédent, peut-être même plus ;)

À l'aube, la lumière éclaira notre chambre commune grâce à l'espace entre les rideaux. Doucement, je passais une main sur mon visage et détendais mon corps en étirant mes membres de part et d'autre sur notre lit.

Quand j'ouvris les yeux doucement, la lumière m'aveugla quelques secondes, puis je remarquais que mon bien aimé me regardais avec son magnifique regard clair, les pupilles pleines d'éclats.

S'il était la plus belle des merveilles de ce monde, il semblait terriblement épuisé et fragile en cet instant. Pourtant, jamais je ne l'avais vu aussi resplendissant que maintenant. Il ressemblait à un véritable ange, il avait toujours eu ce côté pieu et angélique, Muglerina était la parfaite définition de la quintessence, et je l'admirais pour ça.

Ne lui résistant pas, je caressais son tendre visage en poussant ses cheveux argentés sur le côté pour dévoiler sa grande beauté. Mais sa peau était froide et moite, j'en tremblais.

Une fois que je parvins à y voir plus clair, je remarquais tout de suite que quelque chose n'allait pas avec mon compagnon. Muglerina laissa des larmes lui échapper silencieusement des yeux alors qu'il chercha ma main pour la tenir. Une fois en sa possession, il serra ses doigts autour des miens mais je pris peur en sentant à quel point les siens étaient terriblement froids.

Froids comme la neige de Faelenvirin.

Froids comme la mort.

—Muglerina, tes yeux... tu ?

Il me sourit ingénument sans tenter de me cacher sa cécité. Muglerina avait perdu l'usage de sa vue pendant son sommeil.

—M-Mon roi... je me sens... léger.

Un sentiment d'effroi traversa mon être pour le déchirer en deux comme les lames d'une paire de ciseaux. Quant à mon compagnon, il ne montra aucun signe de peur ou de douleur alors que j'étais effrayé.

—Muglerina...

Son corps se mit à trembler. Je compris que je ne pouvais plus rien faire pour mon bien aimé et qu'il était temps pour lui de me quitter, et de laisser son âme reposer en paix.

—Muglerina, je t'en prie... reste avec moi !

J'étais juste égoïste de lui demander une chose pareille après la vie que je lui avais fait mener. Après toute la souffrance qu'il avait ressentie, les blessures connues et les larmes perdues. Au plus profond de mon être, je sentis une douleur me terrasser l'espace vide qui avait accueilli par le passé mon cœur, et compris que je partageais sa souffrance pour mourir à ses côtés. Notre lien d'âme-sœur se mit à raisonner plus fort entre nos êtres, et malgré cette douleur atroce, je me sentais... en paix. En paix avec Muglerina et moi-même. Je regardais mon ange qui commença à perdre la vie, en le plongeant mes iris dans ses magnifiques yeux clairs qui resteraient toujours aussi beaux.

—Je pars devant, mon roi... chuchota-t-il en souriant discrètement. Je t'attendrai.

Puis, malgré son état de faiblesse, il tint encore ma main pour poursuivre ces derniers mots et prolonger cet ultime instant avec moi.

—Je vais... t'attendre, mon roi.

Si seulement cela était possible d'être à ses côtés même après la mort.

Mais il n'y avait pas d'issues.

Je ne méritais pas une telle grâce de la part des Dieux et devais accepter le sort qui m'était destiné.

Nos chemins se séparaient ici et pour la première fois, je réalisais que je le perdais vraiment.

—Tu sais bien que je n'y ai pas ma place, Muglerina.

Il laissa ses larmes couler le long de son visage sans rien répondre à la suite. Je vins les essuyer en réalisant qu'il venait de partir de l'autre côté et que plus jamais, je ne le reverrai. Avant de partir à mon tour, ma main passa sur ses yeux pour les fermer à jamais et laisser une image de lui plus sereine, puis je l'admirais une dernière fois avant de sentir mon cœur s'arrêter définitivement.

Malheureusement, je n'avais pas ma place à ses côtés. Je priais alors pour qu'il repose en paix et veille sur nos enfants et le royaume en mon absence. Je n'avais pas peur de l'enfer, j'étais prêt.

Prêt à souffrir dans les ténèbres. Ma conscience oublierait tout ce que j'avais toujours été de mon vivant. Je n'aurais plus d'identité : j'oublierai mon nom, Fëanor'd, Muglerina et notre lien d'âme-soeur.

Il était temps pour nous de nous dire adieu et d'emprunter des chemins différents. J'étais condamné à souffrir pour l'éternité et lui à reposer en paix. J'étais rassuré de le savoir du bon côté, vers la lumière. Je n'avais pas à m'en faire pour lui car je savais qu'il serait bien là où il serait.

Je n'avais pas mal en cet instant, ni même peur. Je comprenais simplement ce que mourir voulais dire, et si c'était aux côtés de ma moitié, je l'acceptais avec dignité. Enfin, je subissais la punition divine que je méritais, en laissant Aerin et Thalÿs derrière moi. Mais je savais que notre fils prendrait soin du royaume et ferait de Fëanor'd un havre de paix. Qu'il retrouvait son bien aimé un jour lui aussi. Il devrait faire preuve de courage pour ne pas succomber une fois de plus aux ténèbres.

Je plongeais dans un tunnel dans mon subconscient pour voir mon existence défiler sous mes yeux. Mon enfance, mes parents, en passant par l'image d'Arsan. Je revivais ma rencontre avec Muglerina d'où était née une magnifique histoire d'amour. Même si nous avions beaucoup souffert de notre lien tous les deux, je quittais ce monde en emportant le meilleur avec moi.

Je repensais une dernière à Muglerina avant de l'oublier. À sa voix si délicate et ses yeux clairs si merveilleux. À la pâleur de sa peau si douce et la couleur magnifique de ses cheveux. Ce corps que j'avais pris mainte fois et pris dans mes bras allait terriblement me manquer.

Alors je fermais les yeux à mon tour. Au bout de ce tunnel sombre que je voyais, j'entrevis une boule de lumière. Elle était pure et sacrée et réchauffait mon corps froid. Une dernière fois, je me mis à penser à Muglerina.

Je n'étais que paix et sérénité.