L'OMÉGA INNOCENT ET L'ALPHA ROYAL Vol.2

XXIII.

Chapitre corrigé en février 2020

***

Plus nous étions proches d’Aerin, plus les ténèbres étaient fortes. Ritsuki me tenait par la taille et avait la tête plaquée contre mon dos.

—Tout est de ma faute, Arthur. Je suis désolé. S’excusa-t-il aux bord des larmes.
— Le pardon ne permet pas de rattraper les erreurs.

Il devait agir. Dans ces moments-là, la parole ne signifiait rien et seuls les actes comptaient.

—Pourquoi avoir caché cette morsure à mon fils ?
- Parce que j’avais peur. Peur de décevoir votre fils… admit-il.

Il avait eu tord. Ritsuki n’était pas responsable de cette marque dans son cou. Albert avait poussé Lily-Lise dans ses retranchements et celle-ci l'avais marqué dans le seul but de le protéger. Elle avait donné sa vie pour lui permettre de poursuivre la sienne. Ritsuki avait un sacré tempérament, mais il restait un oméga bien naïf. Il désirait seulement aimer être aimé en retour. Mais il avait douté des sentiments d'Aerin en le lui cachant.

Ce manque de communication les avait malheureusement poussé à ce drame. Et seul lui pouvait apaiser mon fils et ramener le calme dans notre monde à présent.

Nous en restions là dans notre conversation. Nous nous rapprochions du domaine à grande vitesse mais certaines ronces nous firent de la résistance. Très vite, je les repoussais avec ma lance sans les briser. Je pensais à Muglerina et compris qu'Aerin avait hérité de sa mère grâce lui. Ces ronces faisaient parties de lui et je savais que trop bien qu'il en souffrirait si je leur faisais du mal. Aerin sentit notre présence et cela perturba son domaine. Il essaya de nous repousser en brandissant des mûriers contre nous. Les roses au bout fanaient et repoussaient sans interruption. Elles témoignaient de la peine d'Aerin et des ténèbres dans son cœur. Mais alors que je repoussais les dernières ronces, Ritsuki se mit à rire dans mon dos.

—Pourquoi tu ris ? À quoi penses-tu ?

Il choisissait mal son moment pour se mettre à rire. Mais quand il resserra ses bras autour de ma taille, c’était pour me répondre :

— À votre fils.

Bordel, ça puait d'amour. Mais peut-être que c’était cette émotion qui serait capable de résoudre ce chaos. Après tout, Muglerina m'avait témoigné le sien à sa manière dans le temple de Nazaërl’h avant que les choses ne rentrent dans l'ordre.

—Nous y sommes.

Je l’aidais à descendre devant des marches en ronces qui menaient directement à l’intérieur du domaine.

—Tu sais que nous ne pourrons plus reculer une fois complètement à l'intérieur.

Il serra la dague contre lui et souffla un grand coup pour évacuer la pression.

—Je sais. Mais il a besoin de moi plus que jamais.

Sa façon de penser me plaisait. Sans rien ajouter, nous nous mettions en route et prenions cet escalier. Les ronces craquaient sous nos pas et cela fit souffrir Aerin. J'en étais sûr, mais nous n'avions pas d'autres choix pour le rejoindre.

—J'entends les cris d’Aerin... et des pleurs d'un enfant.

Ritsuki était lié à mon fils et cela ne m’étonnait pas. Alors grâce à leur amour, il entendait ces bruits que moi-même je ne percevais pas. Son expression était déchirante, cela lui faisait très mal et je pouvais comprendre. Je repensais à la souffrance de mon compagnon que j’avais ignorée pendant trop longtemps alors que Ritsuki se battait pour sauver le sien. J’avais échoué là où il se montrait fort.

Aerin avait construit cet endroit pour s’isoler et attendre que la mort vienne le chercher. Il pensait Ritsuki mort mais avait pu le ramener grâce aux ténèbres. Seulement, il ne ressentait plus la présence de son bien aimé dans son état actuel et continua de plonger un peu plus en elles.

Une fois en haut des marches, j’arrêtais Ritsuki par le bras.

—N’oublie pas, si tu échoues…

L’oméga posa sa main sur la mienne et délicatement, il me repoussa.

— Je sais, réunissez-nous s'il vous plaît.

Il avait bien compris la situation et cela me conforta dans mon idée. J’espérais qu'il sauve Aerin car les tuer n’était pas la meilleure des options. Mais l’un comme l’autre refusait de vivre sans l’autre. Leur amour était fort, très fort. L’oméga n'avait plus à hésiter. Il pénétra à la intérieur du domaine et retira ses chaussures pour ne pas faire de mal à Aerin qui appartenait complètement à cet endroit. Heureusement pour lui, les ronces de l’intérieur n'avaient pas d’épines.

De l'intérieur, le domaine était sombre et avancer était relativement compliqué. Mais l’oméga me suivait de très près. Cependant, il n’y avait un cruel manque de vie et Ritsuki semblait tourmenté par les cris et les pleurs qu’il entendait depuis tout à l'heure alors que tout ce que je pouvais sentir était l’aura monstrueuse d'Aerin.

Nous avancions doucement, prenant le temps de mettre un pied devant l’autre. Par moment, je repoussais les ronces et Ritsuki restait dans mon dos pour me laisser faire. Il tenait toujours la dague contre lui mais n’osait pas s'en servir, attendant le moment opportun pour le faire. Il comptait l’utiliser dans le seul but de libérer Aerin mais il devra y parvenir seul.

—Arthur, comment un Alpha peut-il céder aux ténèbres ?

Il brisa ce silence pesant et sa voix raisonna dans tout le domaine, éveillant quelques ronces sans qu'elles ne passent à l'attaque. Aerin était instable et avait du mal à trouver avec précision notre position. Et détruire ses ronces ne le faisait souffrir que d’avantage. Je ne pouvais pas répondre avec précision à sa question car tout dépendait de l’être touché. J’avais succombé aux ténèbres dans le temple de Nazaërl’h. Le temps s’y était écoulé différemment dans cet endroit et les lieux étaient bénits les Dieux. Mes ténèbres n'avaient eu aucun effet sur notre monde.

— Quoiqu’il se passe, n’oublie jamais qu’Aerin l'a fait pour toi. Alors je n'ai qu'une question à te poser, oméga.

Je ne pourrais pas lui venir en aide. L’oméga tenait son existence et celle de mon fils entre ses mains et il n’avait pas le droit d’échouer. Bien que mourir ensemble n’avait rien d'une fatalité, il fallait voir dans cette union une preuve d’amour, plus fort que le lien d'âmes sœurs.