XII.

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Chapitre corrigé en janvier 2020

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—Où allons-nous, mon roi ?
—Ah, ça c'est une surprise. Mais je te promets que ça va beaucoup te plaire.

En notre absence, Aerin et Ritsuki avait la lourde tâche de garder le royaume. Pourvu qu'ils ne baisent pas sur notre trône, c’était tout ce que je leur demandais. Je faisais la surprise à Muglerina car je voulais voir l’émerveillement dans son regard quand il verrait ses terres. Rentrer à Faelenvirin lui ferait un grand bien.

—Tu me fais confiance ?
—Oui, mon roi. Répondit-il en acceptant le fin tissu autour de ses yeux.

Non pas que je doutais de lui, je ne voulais pas qu’il ouvre les yeux par accident. Oui je surveillais ses arrières, personne ne serait assez fou pour s'en prendre à notre fiacre mais quelques jours loin de Fëanor’d nous ferait du bien.

Muglerina m'avait expliqué sa discussion avec Aerin et les mots touchant qu'il lui avait adressés. Depuis, mon compagnon semblait beaucoup plus détendu et heureux. Si notre couple passait une étape difficile, nous avions le soutien de notre fils et de son futur fiancé. Quand j'y repensais, nous n’avions jamais fait les choses correctement avec Muglerina. Si je pensais qu'il devait juste se tenir à mes cotés, je me trompais. Je devais prendre soin de lui pour qu'il ne meurt pas par ma faute. Je n’arrêtais pas de repenser aux mots de Ritsuki sur ce sujet. Par ma faute, Muglerina était en train de mourir. Et si je ne pouvais pas le soigner, je pouvais retarder le moment où il paraîtrait.

Muglerina désirait se séparer de moi malgré tout l'amour qu’il me portait. J’étais parfaitement conscient de ses intentions. Mourir loin de mes yeux pour ne pas m’affecter, voilà ce qu'il désirait. Mais je devais prendre mes responsabilités et assumer mon comportement jusqu’au bout. Si je devais imaginer la mort, ce serait à ses côtés.

Mais le paradis n’était pas fait pour moi.

Mes mains étaient recouvertes de sang, comme pour mes crocs. Mon regard sanglant avait plus d’une fois blessé mon compagnon. Il était trop tard pour m'apitoyer sur notre sort, je voulais l’accompagner jusqu’au bout et apprendre à l’aimer de la bonne façon avant que cela ne s'achève.

—Ça faisait longtemps qu'on ne s’était pas retrouvé seuls, mon roi.
—En effet, répondis-je.

Nous étions assis l'un à côté de l’autre dans notre fiacre. Et inconscient, nous nous tenions par la main. Un geste simple que je redécouvrais maintenant. Ces moments de paix et de douceur me faisait oublier le monstre que j’étais. Dans ces instants, je n’avais pas l'impression d’être un roi ou un sang pur mais juste un homme éperdument amoureux qui découvrait son partenaire de vie pour la première fois. Et j'aimais sentir sa peau douce entre mes doigts, et frémissais de désir pour lui.

Et à présent, comme je regrettais de l’avoir trompé. Être à ses côtés étaient la plus belle des émotions.

Pour la première fois depuis longtemps, nous étions si proches. Même si nous partagions le même lit, il n’y avait plus rien entre nous de sexuel. A présent, je prenais un traitement pour ne pas céder à mes pulsions et le trahir une nouvelle fois. Je faisais des efforts titanesques pour ses beaux yeux. Je me damnerais pour lui.

Je fermais alors les yeux en serrant ma main autour de la sienne. J’appréciais quand il entrelaça de lui-même ses doigts avec les miens. J’avais la certitude que comme moi, il souhaitait sauver notre couple et donner une magnifique fin à notre histoire. Jamais je ne le laisserais mourir seul dans son coin.

Jamais.

—Muglerina, quel était ton vœux le jour où je t’ai emmené à la fontaine pour la première fois ?

Toujours les yeux bandés, il sourit chaleureusement en inclinant légèrement le visage vers le bas.

—Si je te le disais maintenant, il ne se réaliserait peut-être pas, mon roi.
—Quoi ? Alors tu crois vraiment en ce genre de choses ?
—Oui, confirma Muglerina avec sincérité.

J’étais troublé car je découvrais un nouveau Muglerina. Pas celui de ses chaleurs, mais bien un autre. Plus serein et épanoui. À présent, je savais que c'était moi qui perdait le contrôle de la situation. Après cent ans, il était temps pour lui de me guider, alors volontiers, je décidais de le laisser faire. Cette sensation de ne rien contrôler était agréable. Et si avant, je cachais mon amour derrière ma nature, je ne voulais plus de barrières entre nous.

Et le connaissant, j’étais certain que son vœu avait un rapport avec notre histoire. Je ne croyais pas en ce genre de pratiques, mais en la foi de mon compagnon. Alors si je devais faire un vœu, je voudrais mourir à ses côtés et pouvoir demeurer pour l’éternité, avec lui.

Mais c’était impensable pour quelqu’un comme moi qui n'avais pas ma place à ses côtés dans l'après monde, alors je souhaitais profiter de chaque instant comme si c’était le dernier.

—Alors crois y avec force, Muglerina. Je suis certain que ton vœu se réalisera.
—Et toi Arthur, quel serait ton vœu le plus cher ?

Je me mis à sourire en attrapant sa main. Il ne me repoussa pas et me laissa baiser sa peau avec tendresse avant de la retourner pour embrasser délicatement l’intérieur de sa main. Il rougit mais ne protesta pas le moins du monde face à ce contact. Il fallait recréer une relation de confiance, des bases solides etpprendre à se connaître et à se découvrir.

—Quelqu’un comme moi ne peut accéder à ce genre de magie, mais je crois en la tienne et la force de ton cœur.

Malgré ma croyance en notre bon Dieu, je savais pertinemment que je n'avais pas le droit de souhaiter quelque-chose d'aussi beau.

Muglerina se mit à me sourire également avant de guider ma main sur son visage. Elle épousait parfaitement la forme de ses joues. Mon cœur se réchauffa lorsque je le touchais de cette manière.

—Tout le monde le peut avec un peu de force et de courage.

Si tu le dis, pensais-je.

L'OMÉGA INNOCENT ET L'ALPHA ROYAL Vol.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant