Le travail. Porter d'énormes poutres en pierres. Ne pas être payé, seulement nourri de pains et abreuvé d'une infine quantité d'eau. Tel était le quotidien de Guilias depuis ces trois dernières années.
Il n'en était ni triste ni enragé. Le bonheur. C'était le seul mot qui arrivait à l'esprit des passants bourgeois qui le voyaient en train de se démener. Le jeune homme aux yeux dorés travailler pour un de ces riches. Il se faisait surnommer « Guilias, le vétéran » pour la simple et bonne raison que les tâches les plus ardus lui étaient confiés. Malgré son travail très difficile, il était le meilleur de son groupe. Car l'ancien fuyard avait des camarades. Certes, ils n'étaient pas aussi puissants et endurants que le garçon à la brûlure, mais ils s'entraidaient et s'encourageaient. Et ces mots, qu'ils s'échangeaient les motivaient davantage. Cette bonne cohésion faisait plaisir à leur maître, car leur labeur n'en était que plus rapide et efficace.
Le groupe se composait de trois personnes. Nikki, le peaufineur : il rendait la forme des poutres plus nettes en les tailladant légèrement. Il possédait des cheveux roux et des yeux bleus éclatants. Mike, lui, fabriquait des façades en bois. Il leur donnait la forme et la couleur souhaitées : un carré marron clair avec des angles arrondis. Enfin, Guilias : le vétéran. Il apportait les poutres à son maître. Un gros bout de pierre pesait 25 kilos. Et l'ancien fuyard en portait plusieurs par jour ! C'est ainsi qu'il obtint son surnom et le respect de son chef.
Les trois amis ne savaient pas ce qu'ils vivaient. Ils étaient heureux ensemble et semblaient avoir oublié leurs passés. Cependant, durant leur travail quotidien, ils virent une chose déroutantes. Leurs esprits éclatèrent aussi sauvagement qu'une explosion volcanique. Un torrent d'émotions néfastes les envahirent.
Ils observaient un bourgeois trapu en train d'engloutir une montagne d'excellentes nourritures. Une grande jalousie émanait des trois camarades. Alors qu'ils voyaient un autre homme, qui a première vue les ressemblait en train de se gaver tel un porc, les larmes leurs montèrent aux yeux. Le trio ne pouvait cesser de se rappeler ce pour quoi ils se dépassaient : un bout de blé et quelques gouttelettes d'eaux. Mais la seule chose qu'ils étaient capables de faire était de pleurer, en se prenant mutuellement dans les bras. Ils ne possédaient pas d'argent : ils n'avaient aucun pouvoir.
Leurs cœurs palpitaient de rage, à tel point qu'ils pansaient que leurs pompes de sang allaient s'arracher de leurs poitrines. Une seule question hantait les visages larmoyants des travailleurs : « Pourquoi ? Pourquoi d'autres humains étaient si gâtés ? Pour quelles raisons devaient-ils vivre ce supplice ? Pourquoi les riches pouvaient vivre tranquillement et pas eux ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?! ».
Soudain, Guilias posa ses mains sur les épaules de ses amis, leurs faisant signe qu'il fallait reprendre le travail malgré leurs mélancolies.
Pendant qu'ils accomplissaient leurs tâches, une ancienne émotion se réveilla chez le vétéran. L'anxiété ! Guilias était devenu anxieux ! Son esprit voulait le prévenir d'un danger ! Mais le pressentiment qu'il ressentait était beaucoup trop faible pour qu'il puisse s'en rendre compte.
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Abysses
FantasyUn homme maudit doit faire face à son destin tragique. Il empruntera la voie du carnage qui lui a été prescrite. À travers ses péripéties il rencontrera des ennemis toxiques. Qui d'eux ou de lui goûtera à une mort explicite ? Guilias s'élance sur u...