~ Sablier ~

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Achille venait d'entrer dans cet hôpital. Il avait éclaté la porte barricadée à coups de pieds. Sa respiration devenait de plus en plus lourde. À chaque inspiration, il sentait un poids s'écraser sur chacun de ses poumons. Il avançait en titubant dans ce sombre couloir. La masse noirâtre cherchait à mettre l'électricité dans cette véritable ruine.

  Soudain, une forme blanchâtre passa entre deux couloirs. Un piège venait de s'abattre sur le dernier survivant du groupe. Alors qu'il s'avançait, la silhouette repassait çà et là. Tantôt elle caressait la nuque de l'ombre, tantôt c'était son front qui était touché. Toute autre créature serait pétrifiée en subissant cela. Achille, lui, était totalement indifférent. Sa traque vers le générateur semblait être son unique préoccupation. L'étrange forme, elle, tenta le tout pour le tout. Elle mit ses mains sur les yeux de sa cible, puis un rire de petite fille sortie de sa bouche.

  La masse noirâtre se mit alors à voir son unique famille, les Nekros, se faire tuer un à un. Les personnes qui l'avaient fait naître se faisaient brûler, découper, empoisonner. La silhouette railla une seconde fois, en murmurant ; « il ne relèvera seulement pas la tête ».

  C'est alors que la lumière s'alluma, l'électricité venait d'être établie, contre toute attente ; et le responsable de la remise en marche du courant était bel et bien Achille.

  ( C... Comment ? Comment a-t-il pu réussir à se tirer de mon illusion ? Se demanda la forme blanchâtre. )

  L'ombre pu enfin voir à quoi ressemblait l'intérieur de l'hôpital ; il était infesté de mauvaises branches et de sang sec. Il y avait également un nombre incalculable de statues, toutes plus mystérieuses les unes que les autres. Certaines se tenaient la tête et semblaient hurler d'agonie. D'autres riaient follement aux éclats. Enfin, quelques unes se mutilaient et se déchiraient la peau.

  La masse noirâtre se mit à perdre son bras gauche ; il ne lui restait que très peu de temps ! Le sablier de la mort venait d'éclater le membre gauche de la créature ! Son âme ! Son âme ! Son âme ! Son âme venait d'être attrapée par la mort ! On essayait de lui arracher la vie ! Il s'agissait là d'une situation des plus horripilantes ! Cependant ! Cependant ! Cependant ! La mort qui tentait de le faire trépasser le savait pertinemment ; Achille est coriace et très provocateur ! Il éclata de rire ! Il se moquait, il en pleurait de raillerie !

« Cette sensation négative de mort et de mélancolie... Me donne envie de tout annihiler. »

  L'ombre venait de récupérer de toute la fatigue qui le dominait dernièrement. Il se mit, soudainement, à courir à une vitesse monstrueuse vers la salle principale. Elle était ronde. Une énorme statue représentant une sorte d'homme-poulpe y était posée, au centre. Le reste de la pièce était recouverte de mauvaises herbes. À droite, se trouvait un cadavre encore chaud, il avait sans doute agonisé suite à une illusion.

  La forme blanchâtre était sur le gros effigie et prête à en découdre.

« Tu ne feras point un pas-
- La ferme, ma mort me tourne autour. Répondit d'une voix sépulcre la masse noirâtre, en coupant la parole de son interlocutrice. »

  Achille s'écria « Damnation ! » avant de tirer une sphère noire sur son adversaire. Ce dernier perdit tout envie de combattre de manière temporaire.

« Trop facile, dit l'ombre, en toussant. Maintenant, il est temps de trouver une solution. Cette statue est loin d'être humaine... Il me faudrait donc du sang, pour réveiller ce monstre à tentacules... Le survivant se mit à fixer le cadavre trouvé auparavant. Bon, eh bien, le problème est résolu. »

  Le combattant parti arracher délicatement le bras droit du mort. Il dessina un énorme cercle avec son sang. Malheureusement, rien ne se passa pendant plusieurs minutes. Déboussolé pour la première fois, Achille reparti, lentement, vers la sortie. Des fissures ainsi que des craquements retinrent cependant l'ombre. Une explosion de pierre le fit retourner, et une voix horriblement majestueuse l'agressa.

« Scélérat ! Tu es bien audacieux satané manant ! Vaincre ma forme fantomatique et m'éveiller juste après ! Je vais te faire goûter les abîmes de la souffrance et te faire danser au rythme de ma haine. Écrases-toi face à Noune ! »

  Un petit sourire se dessina sur le visage d'Achille, qui se prépara pour le duel.

AbyssesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant