39. Désespoir Soudain ✔

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Le vent souffle fort à l'extérieur. C'est comme s'il allait pleuvoir, mais je sais qu'il n'en sera rien.

Je suis couchée sur mon lit, recherchant en vain un sommeil qui ne me sera sûrement pas accordé. Je ne suis pas en paix. Enfin, comment pourrai-je l'être ? Tout en moi est meurtri, déchiré, vide. Brisée. Je suis brisée. J'ai l'impression de n'avoir même plus de larmes pour pleurer, ou c'est peut-être le fait que ma douleur est devenue trop grande pour que de simples larmes puissent l'exprimer.
Car oui, je souffre. Je souffre depuis l'instant même où j'ai eu le malheur de franchir ce voile qui me séparait de cette voyante, mais pas que. Ce voile que je n'aurais jamais dû franchir me protégeait aussi, me protégeait de la vérité, du futur, de mon avenir, de toute cette douleur...

Je me redresse, puis reste ainsi un moment, essayant de faire le vide dans mon esprit. Mais je n'y arrive pas, ces mots, ces paroles ne cessent de tourner en boucle dans ma tête.

Douleur...

Je me laisse retomber en arrière.

...souffrance...

Je me retourne encore et encore dans mon lit.

...destruction...

Je passe une main sur mon visage et la laisse au niveau de mon front. Je ferme mes yeux le plus fort possible, espérant de tout mon être que tout ça ne soit qu'un affreux cauchemar, et que je me réveille à l'instant où je réouvrirai les yeux.

....solitude.... Mort....

Aussitôt je me redresse, les mots m'ayant sûrement le plus anéantis faisant écho dans ma tête :
Votre destinée.

Je finis par me lever. Commençant à faire les cent pas dans la chambre. Je ne peux pas y croire, non. Je ne dois pas y croire.

Que vous y croyez ou non, c'est déjà écrit.

Il faut que ça sorte de ma tête, il faut que tout ça disparaisse de mon esprit.
Je vais ouvrir les fenêtres. Aussitôt je me fais accueillir par un vent violent frappant de plein fouet mon visage auparavant inondé de larmes. Mais ce n'est pas suffisant, je me sens toujours aussi opprimée, enchaînée par la douleur qui assailli tout mon être.

La terrasse. Ces mots me sont venus comme un murmure lointain, le désir même de mon âme. Et aussitôt voulu, je m'y rend par téléportation. Rien qu'à l'instant où je m'y retrouve, je sens largement une différence d'état d'esprit. Je respire enfin. J'hume l'air frais et ferme les yeux comme pour me délecter de cet instant, ce petit moment de répit qui m'est donné. Pendant cette fraction de secondes, tout semble disparaître, mon corp s'alléger, mon esprit se vider. Oui, pendant ce petit laps de temps, je me sens si légère que j'ai même l'impression d'être suspendue dans les airs. Je sens comme une ora protectrice m'envelopper, et j'oublie tout. Un mince sourire effleure mes lèvres.
Maman...

"Elle est la seule à pouvoir élucider tous vos doutes. Elle est le secret même."

Et tout revient. La réalité revient me frapper en plein visage. Toute la douleur estompée refait surface avec une telle force que tout mon être en frémis. Je m'appuie à la rembarrer en béton massif de toutes mes forces pour ne pas m'écrouler, mais c'est en vain. Mes forces m'abandonnent et je tombe, lentement, me retrouvant au sol. Automatiquement les larmes refont surface, se déversant sur mes joues. Apparemment, j'en ai encore...

Une goutte, puis deux, puis bientôt une dizaine, une centaine, des milliers, peut-être. Non, ce n'était pas que mes larmes. Le ciel semblait partager ma douleur en m'accompagnant dans mes pleurs. Il pleuvait. Au tout début, que des gouttes, puis au fur et à mesure ça s'intensifit, il pleut maintenant des cordes. Mais toute cette eau se déversant sur moi ne me faisait aucun effet. L'orage au fond de moi-même était bien plus fort. Je n'ai qu'une seule envie, crier. Crier ma douleur, ma peine, ma peur. Crier à plein gosier de toute mes forces, hurler au monde entier le désespoir qui s'emparait de moi.

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