43. Appel à l'aide

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Effarée. C'est l'état duquel je suis le plus proche. C'est même plus que ça. Je suis stupéfaite. À un degré que je n'avais encore jamais atteint, même avec toutes les révélations qui s'étaient succédées ces derniers temps dans ma vie. En une fraction de seconde, tout avait commencé à se bousculer dans ma tête. Les pensées s'enchaînaient, se multipliaient, s'entrechoquaient, engendraient un chaos sans pareil dans mon esprit à m'en donner des migraines. Les mots qu'elle avait prononcés se répétaient encore et encore dans ma tête, comme une musique que l'on rejouait en boucle. Et le pire, c'est que c'était tout sauf une belle mélodie. Je ne comprenais pas. Oui, c'était cela. Je ne comprenais plus rien. Ou peut-être j'avais peur de comprendre...

"Crois moi. Tu ne sais vraiment pas dans quoi t'as atterri." ..."Les apparences sont très souvent trompeuses."

Jessica attendait ma réaction d'un air insistant, mais celle-ci tardait à surgir. Tout simplement parce que je ne savais pas comment réagir. Tout est confus. Je ferme les yeux et inspire profondément un instant, afin de remettre un semblant d'ordre dans mes pensées. Dès que je les rouvre, ils se plantent instantanément dans ceux de mon interlocutrice, qui ne m'avaient pas lâché une seconde.

"Les apparences sont très souvent trompeuses..."

<<Et celles de cette famille plus que toutes autres. >>

Une douleur lancinante s'empare soudainement de ma tête, ayant le don de me faire plisser les yeux en une grimace. Mon souffle se coupe. C'est même de justesse qu'un râle de douleur ne m'échappe pas. Une pensée. Oui c'est cela, je venais de capter une pensée. Celle de Jessica. Et cela m'avait valu un réel supplice rien qu'en une fraction de seconde. J'ai ressenti toute la douleur et l'amertume qu'elle renfermait. Tout un flot de sentiments et d'émotions aussi fortes les unes que les autres. Mais toutes extrêmement dévastatrices. Est-ce réellement ce que Jessica ressent en elle à chaque seconde de sa vie ? Chaque seconde, chaque minute, chaque heure, chaque jour ? Et si oui, depuis combien de temps ? C'était horrible.
Elle continuait de me fixer, attendant, sûrement encore une réaction de ma part. Mais vu mon soudain mutisme apparent, c'est finalement elle qui finit par briser le lourd silence. Nous avions apparemment inversé les rôles.

-Comme quoi, même un tombeau en or massif ne fait pas exception à la pourriture de l'intérieur. persifle-t-elle.

Je lève les yeux au ciel. Le moment était tout sauf approprié pour son sarcasme et je m'en passerais volontiers. Je lui en aurais même fait la remarque si le sujet n'était pas si important. Je n'avais d'ailleurs pas encore esquissé le moindre mot depuis sa révélation.

-Alors, ma cousine aurait perdu la langue maintenant ? raille-t-elle. Tu semblais pourtant bavarde il y a peu.

Je souffle.

-Jessica, arrête de plaisanter, tu veux ? C'est sérieux là ! m'écriai-je.

Elle me fusille aussitôt du regard.

-Tu crois peut-être que je ne le sais pas ? cingle-t-elle. S'il y a bien une personne qui connaît l'étendue des faits c'est bien moi. S'il y a quelqu'un qui a subit ces faits, c'est bel et bien moi.

Je soupire.

-Ce n'est pas ce que j'ai...

-Tu n'as aucune idée de tout ce que j'ai subit. m'interrompt-elle abruptement. Tout ce que j'ai dû endurer dans le silence et la solitude.

Suprématie Où les histoires vivent. Découvrez maintenant