#57 Gilet

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Après ma courte altercation avec Na Seo un peu plus tôt, j'avais fini seul dans le bureau du PDG de la Big Hit. J'avais pensé à tous les scénarios possibles. J'avais imaginé avoir fait quelque chose de mal, ou avoir fait une de mes nombreuses bourdes, mais je m'étais fait des films pour des raisons qui n'existaient pas.

Encore maintenant, alors que je dévalai rapidement les escaliers, je repensais aux paroles de l'homme qui nous avait hissé au plus haut niveau.

"Je veux que vous vous reposiez durant ces quelques jours. Rentre chez toi, à Busan, et profite de ta famille. Fais passer le message aux autres."

A force, je n'avais plus espéré que ça se passe. J'avais abandonné la seule idée de me dire "je vais revoir ma famille". Je n'y croyais plus.

Depuis combien de temps n'avais je plus revu mes parents? Mon frère? J'avais simplement arrêté de compter.

Mais le sentiment de joie que j'avais oublié durant tout ce temps, envahissait mon corps tout entier, me provoquant un sourire que je ne pensais plus possible sur mon visage.

Une excitation et une joie que j'avais abandonné depuis déjà quelques mois, voire quelques années.

Les marches défilaient à toute vitesse sous la précipitation de mes pieds qui claquaient le sol sans se soucier du bruit qu'ils pouvaient provoquer. Désormais, tout me passait par dessus la tête. Je n'avais plus qu'une pensée, celle d'annoncer la nouvelle aux autres qui sauteraient sûrement tous de bonheur.

Et bientôt, ma bonne humeur s'évapora sous les paroles de cette fille qui travaillait désormais pour nous.

La dernière fois que mes yeux avaient été témoin de ce genre de scène, c'était à l'hôpital, alors qu'elle n'avait plus que cette idée en tête, celle de s'évader.

La dernière fois que j'avais vu ces perles transparentes dévaler ses joues, c'était ce jour où la seule chose qu'elle désirait, c'était de voir sa mère.

C'est là que j'en vins à me demander, ce qu'elle avait dû ou pu traverser, pour se munir de ce masque qu'elle ne retirait que lorsque le vase débordait. Lorsque sa tête ne pouvait plus rien supporter et que son cœur suppliait de pouvoir se lâcher, juste l'espace de quelques secondes.

J'avais voulu aller la voir. Mon être entier, me disait qu'elle avait besoin d'une étreinte qui m'aurait tout aussi bien apaisé que dévasté. Parce que oui, j'en avait autant besoin qu'elle. Besoin d'une chaleur humaine. Besoin d'un soutien, de quelqu'un qui me dirait, que tout irait bien.

Mais mes pieds qui courraient quelques secondes plus tôt, m'avaient interdit de ne faire un pas de plus. Aussi, ils ne m'avaient guidé qu'à la sortie qui se trouvait sur ma gauche. Et contre mon gré, parce que les yeux de mon manager, ne m'avaient jamais vraiment quitté, j'avais traversé la porte transparente, pour ne plus jamais entrer dans le bâtiment, dans lequel elle se trouvait.

***

Me dire que ma mère n'allait pas bien, je n'aurai jamais pensé que je m'en serai trouvé tout aussi mal. Sur l'instant, c'était comme si son cœur était lié au mien, pour ne former plus qu'un seul et même élément. C'était comme si sa douleur devenait la mienne.

Mais le plus dure, c'était de se dire, que j'avais beau souffrir, ça n'égalera jamais ce qu'elle vivait en ce moment.

Je n'aurai jamais dû la laisser s'en aller. Je n'aurai jamais dû la laisser quitter le pays.

Et si jamais il lui arrivait quelque chose, alors qu'elle était à des milliers de kilomètres de ma personne, je jurai que jamais... Jamais je ne me le pardonnerai.

You're not aloneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant