#89 Condition

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"Je vous donne deux mois."

Sa valise étalée vulgairement sur son lit et les draps froissés par la précipitation, Na Seo se remémorait les mots simples et pourtant si durs de l'homme à qui elle avait tenu tête, quelques jours plus tôt. C'est ce qu'elle s'était dit, qu'elle voulait lui fermer cette bouche provocatrice. Ce qu'elle s'était dit, lorsque cet air moqueur avait habité son visage ridé.

La suite, certainement, elle ne l'avait pas prévue.

"Mais à deux conditions."

Les mains occupées à plier les vêtements qu'elle plaçait lentement dans sa valise et la chambre d'hôtel désordonnée, elle n'avait su se dire si tout ça, était finalement une bonne chose, ou si elle avait au contraire, dû commencer à haïr sa négligence. Parce qu'elle n'avait pas vu venir les paroles du président par la suite, n'avait pas été capable de lui répondre, de le contredire. Et les bribes de cette conversation regrettable, lui revenaient, malgré elle. 

"La première, c'est que tu vas les accompagner."

Elle avait fini par soupirer, le cœur lourd face à cette situation qu'elle ne contrôlait désormais plus. Tout ça, n'aurait sans doute jamais dû se passer ainsi.

"Un ami accepte de me prêter sa maison pour quelques semaines sur une île aux alentours de la mer de Visayan."

Il n'avait pas eu besoin de préciser, de donner plus d'explications. La jeune maquilleuse avait suffisamment étudié pour savoir que les Philippines étaient sa prochaine destination. Et sur le moment, elle avait cru à une plaisanterie. Parce qu'inconsciemment, elle avait fait le calcul de tout ce que tout ça, allait leur coûter. Même si le voyage ne serait sûrement pas à ses frais. Il le lui avait dit.

"Vous y passerez la moitié des vacances là-bas, pour... vous ressourcer, vous changer les idées et reprendre des forces."

Elle n'avait pas su refuser, pas su lui dire, qu'elle ne le voulait pas, qu'elle ne le pouvait pas. Pas maintenant. Sa mère avait besoin d'elle, de sa présence. Et tout ça, la dépassait complètement pour qu'elle puisse le gérer. C'est dans l'obscurité de la chambre, qu'elle s'était affalée sur le bord du lit; le matelas s'était affaissé sous son maigre poids. Puis ses yeux avaient pris cette teinte inhabituelle, une couleur scintillante à la lueur des étoiles du ciel décoré de noir, quelque chose dont elle n'avait pas eu conscience.

Na Seo s'était mise à pleurer.

"La deuxième... J'en ai déjà parlé avec YoungJae et ta mère." 

Et plus ça tournait, plus son cœur se compressait à mesure que ses larmes dévalaient ses joues rougies. La vérité — elle ne l'avouerait certainement jamais — c'est qu'elle avait peur. Parce que cette deuxième condition, elle l'avait déjà envisagée.

"Ils sont tous les deux d'accord avec moi."

Elle était effrayée.

"On veut que tu te fasses hospitaliser." 

Et à ses mots, sont monde s'était effondré, ses murs s'étaient écroulés et ses larmes avaient lentement, commencé à tomber, un peu plus fort. Elle avait abandonné son combat contre elle-même, épuisée de se battre sans arme ni bouclier. Lutter, contre quelque chose qu'elle n'obtiendrait jamais seule. 

- Enfoiré... Elle avait murmuré, en même temps que les roulettes de sa valise avaient claqué le sol. 

"Tu veux aider les garçons, quitte à te mettre en danger. Alors ne les repousse pas. Il s'était relevé et dans son regard, elle y avait vu cette détermination rare et ingrate. Je doute qu'ils te lâcheront de toute façon. Ils

- C'est ça votre plan? Jimin s'était crispé discrètement, alors que Namjoon s'était contenté de l'observer, l'air désolé. Vous allez m'y obliger?

- On t'oblige à rien mais

- On t'y oblige clairement. Le rappeur n'avait pas cherché plus loin, quitte à interrompre Jimin. Et on attendra pas le dernier moment. On attendra pas que tout s'aggrave pour t'y envoyer, Seo. C'est hors de question."

Ils s'y étaient tous mis après ça. Parce que les rumeurs allaient vite, et que les garçons semblaient beaucoup plus proches qu'elle ne l'avait cru. Ils s'étaient fait passer le mot, et impuissante face à leur obstination et au silence de Ji Eun, elle n'avait plus trouvé de quoi les convaincre. De toute façon Jimin le lui avait dit, elle ne trompait plus personne. 

"Tu y resteras deux semaines, ou plus s'il le faut. Le temps pour toi de comprendre ton état, tes réactions."

Alors seule face à autant de monde, Seo s'était mise à pleurer, partagée entre le soulagement d'être entourée et la peur de devoir traverser cette épreuve sans eux. Elle n'y connaissait rien, ne savait pas à quoi s'attendre. Et la peur était quelque chose, qu'elle ne savait pas contrôler. 

"Ils t'attendront, Seo. Il avait lu en elle, trop facilement pour qu'elle ne se braque pas. Aussi, il s'était déplacé, contournant son bureau pour lui faire face, les yeux voilés par le verre de ses lunettes épaisses. Alors ne rejette pas ce qu'ils veulent t'offrir."

C'est comme ça qu'elle s'était retrouvée dans sa chambre, le manche de sa valise entre les doigts et le regard vide face à ses larmes. Seo ne se sentait plus capable de rien, alors elle avait abandonné face à eux, face à leurs paroles qu'elle avait toujours refusé d'entendre. Une dernière fois, elle avait prié pour que tout, ne devienne pas un cauchemar. Que tout, ne rentre finalement dans l'ordre.

Les paroles de Jimin avaient refait surface, au moment où elle franchissait la porte de la chambre d'hôtel. Son visage trop pâle et ses cheveux abîmés, l'avaient convaincue qu'elle n'était pas la seule mal en point.

"Si tu luttes, tout sera plus dur, tu le sais n'est-ce pas? Il avait déposé ses lèvres au coin des siennes, les yeux clos et le souffle chaud. Je garderai mon téléphone sur moi, alors appelle-moi si quelque chose ne va pas... Et il avait relevé son regard brillant. ok?"









***



chapitre court sans dialogue direct, mais c'est un chapitre de transition alors forcément...
oui, je poste alors que je suis en cours y a koua?

cette partie est sûrement ma préférée et j'espère qu'elle vous a plu. les chapitres à venir sont ceux qui étaient prévus avant le début même de cette fiction.

le JiSeo arrive bientôt don't worry!

You're not aloneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant