#84 Po polo popo po

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/écoutez cette version de euphoria, j'trouve qu'elle va parfaitement avec ce chapitre/



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C'est en posant un pied au sol ce matin là, que je m'étais dit que peut-être, tout ne serait pas facile. En traversant le hall de l'hôtel que j'avais occupé, l'espace de deux nuits, j'avais attrapé la main de Soo Min. Puis le vent faible et le ciel gris au dessus de ma tête, m'avaient fait comprendre, que je n'allais pas bien.

Mon corps s'était laissé guider par l'esprit qui tentait encore faiblement, de le traîner. Je l'avais senti, toutefois. Le bruit des voitures sur les routes encombrées de France, les klaxons à répétition ― parfois inutiles ― avaient fait de moi, une marionnette victime de ses propres démons.

J'avais tenté d'y résister, à ce bruit. A mes migraines incessantes qui me compressaient le cerveau entre quatre murs. A mes oreilles sifflantes, faisant résonner ce son strident et insupportable.

En pénétrant les loges cet après-midi là, j'avais aperçu Ji Eun, ses affaires déballées et le regard neutre, concentré. Son reflet dans le miroir de la coiffeuse, n'avait pas encore croisé ma silhouette au pas de la porte. Alors j'avais choisi de disparaître, dans les fins fonds du couloir. Quelque part, où mon état ne serait visible par aucun d'entre eux.

Là, je m'étais dit, qu'il ne restait plus que ce soir. Plus que quelques heures à tenir. A supporter. Je m'étais dit, que mon corps me maintiendrait en équilibre, que ma tête ne me ferait pas défaut. Et c'est ce qui c'était passé.

Mes doigts avaient fait des miracles, suivant les directives des stylistes à mes côtés. Tout, avait été apprécié. Le travail et le soin. La précision et le sérieux de tout le staff. 

C'est comme ça que les garçons s'étaient retrouvés sur la grande scène de Paris, entourés par des dizaines de milliers de fans criant leur noms à répétition. Ce dernier concert dans une des plus grandes capitales, marquait la fin définitive de leur tournée mondiale. Et si trois jours avant, les membres avaient semblé exténués et au bord des larmes face à leur fatigue, ce jour là n'avait pas été différent.

Je les avais observés, de là où j'étais. J'avais suivi leurs gestes, leurs mouvements. Puis leurs souffles désordonnés, la sueur perlant le long de leurs tempes. 

Jimin avait fini par s'installer sur le bord de la scène, la tête baissée et la respiration difficile. J'aurai voulu y aller. Lui dire, qu'il ne restait que quelques dernières minutes. J'aurai voulu y aller, entourer son corps tremblant de mes bras. J'aurai voulu y aller...

Mais je n'avais pas le droit. Pas le droit, de mélanger ma vie professionnelle à celle des sentiments. 

Et comme s'il m'avait entendu, il s'était tourné vers moi, les cheveux collés à son front et les yeux larmoyants par le manque de sommeil. Tout, n'avait pas pu être aussi catastrophique. C'est ce que je m'étais efforcée de dire. Tout, n'avait pas pu être que souffrance et fatigue. Ça n'était pas un cauchemar, n'est-ce pas?

J'avais bien vite été rattrapée par la réalité toutefois. Alors que le vent s'était mis à souffler un peu plus fort et que le ciel, avait finalement pris cette teinte de la nuit, Jungkook s'était effondré, les mains à plat sur le sol souillé par leur présence.

- Non... J'avais murmuré, la voix faible.

Alors que les fines gouttes de pluie s'étaient mises à couler, discrètement, eux, n'avaient plus demandé qu'une chose... Du soutien. Et un espoir... Une lumière, aussi.

You're not aloneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant