#98 Après tout

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Love Poem | IU



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Derrière moi se dessinaient les traces de ma présence et d'une marche bien trop silencieuse, j'avais fermé les yeux lorsque doucement, la brise avait effleuré mon visage tiré par l'incertitude, la peur de ne pas être écoutée, acceptée aussi. En avançant un peu plus, je m'étais dit que c'était justement ce que j'avais fait ce jour-là. Entre les pleurs, la colère et la peur, je ne l'avais pas écoutée, n'avais pas cherché à entendre rien qu'un instant, ce qu'elle avait semblé vouloir me dire.

Puis comme ça, les yeux embués par quelques perles salées, j'avais senti mon cœur battre un peu plus fort à la vue de la petite silhouette de Soo Min, là, au bord de l'eau. Dans le ciel, les rares nuages se laissaient bercer par le temps et encore plus haut, le soleil se faisait plus imposant alors que la journée s'était déjà écoulée.

Les mains tremblantes, j'entendais mon souffle se précipiter à mesure que je l'approchais, à mesure que cette voix dans ma tête me faisait comprendre, que je ne pouvais pas abandonner. Parce que j'étais blessée et incapable de surmonter cette douleur. Mais plus j'avançais et plus les mots de Namjoon résonnaient un peu plus fort, tel un sermon que j'avais sans cesse répété.

Au-dessus des transats alignés sur le sable, l'ombre des palmiers flottait, offrant un moment de répit aux peaux trop bronzées et parfois rougies. La chaleur des grains au sol n'avait pas su attirer mon attention et dans un élan de désarroi, j'avais détaillé les gestes naturels de Soo Min assise au sol, non loin de l'eau de la mer.

Là, les remords avaient commencé à m'envahir, à hanter mon esprit. J'aurais voulu rebrousser chemin, retourner me cacher sous les couvertures de mon lit et pouvoir disparaître. J'aurais voulu pouvoir régler tous ces problèmes d'un claquement de doigts, ou au moins, savoir les surmonter. J'aurais voulu si fort, posséder ce courage que détenait Jimin et cette sagesse que Namjoon semblait avoir apprivoisée. 

Mais je n'avais que moi aujourd'hui. Moi et ma peur. Moi et mes pleurs.

Alors pour rien qu'une fois, être fière de moi, j'avais continué tout en ayant l'impression que la route jusqu'à elle était interminable. Elle était là, juste devant moi, à quelques pas et pourtant, elle me paraissait si inatteignable, hors de portée. Comme interdite. 

Et enfin, mes pieds s'étaient arrêtés. Là, derrière elle et sans un bruit. Par moment, elle parlait toute seule, ou certainement avec ces personnes dans sa tête. Elle chantonnait, tapotait sur un sceau pour le retirer ensuite du tas de sable. J'avais posé les fesses au sol, à côté de son petit château, ou à la forme y ressemblant. Autour d'elle, quelques râteaux jonchaient le sol et entre ses mains, son sceau vert semblait prendre vie. C'est en me remarquant qu'elle avait tout lâché, comme incapable de continuer.

Je m'étais répétée que sa réaction ne devait pas m'étonner et pourtant, ses yeux dans les miens avaient su me troubler. Parce que j'y avais vu cette sincérité incroyable. Ce quelque chose si pur et innocent, comme si mes mots avaient déjà été oubliés, effacés. Et dans le silence parfois brisé par le son des vagues et des mouettes dans le ciel, j'avais soupiré, fébrilement. Trop fébrilement.

J'avais soupiré et dans un geste tremblant, j'avais dévoilé mon petit porte-monnaie pour doucement, en sortir cette petite photo abîmée par le temps. Sans doute était-ce mon dernier souvenir de cet être que j'avais tant chérie. Comme ça, le cœur retourné à la vision du visage de NaEun sur la photo, je l'avais tendue à Soo Min, espérant secrètement qu'elle ne me rejette pas.

You're not aloneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant