# 102 J'avais eu peur

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Konstantinos Kostopoulos | Heartbreak

(mettez-la en boucle si possible! bonne lecture!)







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/ POV Ji Eun /



J'avais eu l'habitude de voir son sourire resplendir ces derniers temps. J'avais pris l'habitude de contempler son visage rayonnant de bonheur. Ses yeux pétillants et ses gestes pleins de vie. J'avais aimé observer ce côté de lui, ses lèvres rouges et si belles lorsque les rires les décoraient. Et perdue sur le chemin de l'insouciance, j'en avais oublié le reste.

Le reste, et un peu plus aussi.

Sans doute avais-je omis qu'il était comme moi. Comme toutes ces personnes à l'extérieur. 

Ses sourires avaient fini par me convaincre que la tristesse était maintenant derrière lui. J'avais voulu croire qu'il allait mieux. Qu'ils allaient mieux.

Et encore une fois, je m'étais fourvoyée. Je m'étais voilée la face de rêves d'enfants, de pensées idéalistes mais irréalistes. Je n'avais pas changé, c'est ce que je n'avais plus cessé de me répéter. Parce que ce soir-là, alors que j'avais ouvert la porte de sa chambre, alors que j'avais voulu voir à nouveau le soleil sur son visage, c'est avec le silence que je m'étais retrouvée.

Le silence, et le noir aussi.

Tout avait fonctionné ce matin. La journée avait été si belle, que je m'étais demandée si depuis le début, je ne rêvais pas. Et pourtant, en refermant la porte derrière moi, je n'avais vu qu'un lit vide. Un bureau inoccupé et une guitare laissée à l'abandon dans le coin de la chambre. Comme si Jungkook l'avait balancé après maints essais. Comme si, épuisé, il avait fini par abandonner.

Puis dans cette absence de bruit, le cœur tremblant et les mains fébriles, j'avais compris combien je m'étais trompée. Combien la réalité m'avait fui ou plutôt, combien j'avais fui la réalité.

Jungkook ne bougeait plus, assis sur le sol de béton froid du balcon, adossé au mur rugueux et le corps immobile. Et là, j'avais eu peur.

Peur d'à nouveau, devoir faire face à ces moments effrayants. À ses mots qu'il m'avait répété lorsque plus rien n'allait pour lui. J'avais eu peur de son silence, de sa position sur le parterre et de ses épaules qui, discrètement, se laissaient secouer par quelques sanglots étouffés dans ses mains.

Soudainement, j'avais eu mal au cœur et dans ma gorge, s'installait confortablement le poids d'une boule désagréable.

Parce que nous étions ensemble, lui et moi, mais qu'il continuait de garder ces choses noires dans sa tête. Et les paroles qu'il m'avait un jour soufflé, m'étaient revenues. Sans aucune pitié ni délicatesse.

Je peux pas laisser ton sourire s'effacer, Euna. Et le bonheur te va si bien. Alors ne me demande pas de te laisser contempler ce côté sombre de moi. Pas quand tes yeux scintillent de cette manière.

La nuit s'était imposée depuis plusieurs heures déjà. À trois heures du matin, j'avais pensé retrouver Jungkook endormi, les traits détendus. Alors...

Alors pourquoi l'avais-je retrouvé dans cet état? Recroquevillé sur lui-même, comme si... comme s'il cherchait à se protéger. Pourquoi restait-il assis, les genoux contre son torse et le visage enfoui dans ses mains collées à ses cuisses...

Et pourquoi n'avais-je rien vu arriver?

Je m'étais approchée, le pas hésitant et surtout, la tête pleine de pensées insensées et pourtant si probables. Je m'étais approchée, le cœur battant et le visage tiraillé par l'inquiétude. Et plus j'avançais, plus ses sanglots soufflaient à mes oreilles, combien il n'allait pas bien ce soir.

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