#17 Leader

606 71 11
                                    

- Je veux le numéro de ta copine, je veux l'adresse de ton hôtel, savoir quel avion tu prends, à quelle heure, pour quelle destination. Et surtout, si il te fait un truc, je dis bien UN truc, tu m'envois un message. Même si on doit inventer un code on le fera. Je veux toutes les coordonnées de ton amie. Comment elle s'appelle, son âge, où elle habite, son mail, bref je veux absolument tout! 

- Seo enfin-

- Je ne te laisserai pas partir si je n'ai pas tout ça. C'est ma seule condition. Et je veux aussi des face time toutes les deux heures.

Je devenais parano? Peut importait. Je devenais folle? Qui s'en souciait? 

Je ne voulais qu'une chose, qu'elle soit en sécurité et je ne la laisserai pas s'en aller tant que ces conditions ne sont pas remplies.

- Vous partez quand?

- Dans trois jours.

- Tu as ton passeport? Ta carte d'identité? Tu as tous tes papiers? E-

- Seo! Ca suffit! Tu as assez de problèmes pour que je te rajoute les miens. Je prendrai quelques affaires, j'ai mes papiers, j'ai une valise, j'ai absolument tout ce qu'il me faut alors s'il te plaît arrête de t'inquiéter.

- Depuis quand les problèmes de ma mère sont ils un fardeau? Ce que je fais en ce moment, n'égale même pas le travail acharné de toutes ces années. Alors laisse moi au moins faire ça.

J'avais fini par accepter. Vous vous en doutiez? Honnêtement, je savais que j'allais céder aussi. Mais c'est ma mère et je ne peux pas faire l'égoïste. Je ne peux pas la priver du seul voyage qu'elle pourra faire. Je ne peux pas lui refuser de visiter le monde. Même si de savoir qu'elle est avec mon père, me brise , me déchire et me détruit. Je ne peux pas l'arrêter.

Elle lui avait pardonné, et je devais accepter. Je ne lui pardonnerai pas. Je ne lui pardonnerai jamais. Parce que les souvenirs dans ma tête, n'arrêteront jamais de tourner en boucle encore et encore. Parce que mes cicatrices, ne se refermeront jamais. Parce que Chin et Na Eun ne reviendront jamais. Je ne lui pardonnerai jamais.

***

Une claque. Puis une gifle. Puis un bruit sourd.

Jungkook et moi venions de recevoir une taloche. Et pas une petite.

Et une fois de plus, nous étions debout, droit, devant lui. La tête baissée. Les mains l'une dans l'autre derrière le dos. Et une fois de plus, nous nous laissions faire. Une fois de plus, nous étions impuissant.

Parfois, je prie pour que quelqu'un nous voit ainsi, et qu'on nous dénonce.

Parce que les gens pensent tous que nous avons une vie de rêve, il faudrait leur montrer les preuves, que nos vies sont tout le contraire de ce qu'ils imaginent.

Il aurait fallu qu'une personne filme cette scène. Il aurait fallu nous voir. Nous, si misérables.

- Maenijeo-nim, intervint Namjoon hyung. C'est ma faute! C'est moi qui leur ai donné la permission! Je suis désolé!

Le manager tourna sa tête vers notre leader.

- Es tu vraiment le chef de ce groupe?

Namjoon baissa la tête.

- Est ce vraiment à toi que le PDG a confié les décisions? A toi? Qui ne sait même pas ce qui est bon ou pas pour les membres? A cause de ta stupide décisions nous avons raté un rendez-vous important!

- Je... je suis désolé...

Je suis désolé... Encore et toujours désolé. Comme si nous n'avions que ces mots là à la bouche. Comme si s'excuser et regarder étaient les choses qu'on savait faire de mieux.

Désolé? Mais pour quoi au juste?

Désolé d'avoir retarder votre paye monsieur le manager? Désolé d'avoir sali votre réputation? Désolé de vous avoir fait passer pour un idiot? 

Si vous saviez comme j'en suis tout sauf désolé.

Désolé? De quoi? D'avoir été voir une fille mal en point? D'avoir voulu s'assurer qu'elle aille bien? Désolé d'avoir fait quelque chose qui me semblait tout sauf mesquin?

Mais désolé pour quoi bordel?! Et pourquoi n'arrivais je pas à dire ce que pensais? Qu'est ce qui m'en empêchait?

Mais putain de quoi ai je peur?

Ne suis je bon qu'à voir mes amis souffrir? Ne suis je bon qu'à pleurer?

- Je suis désolé maenijeo-nim, répéta Namjoon hyung en inclinant son buste.

Et alors qu'il allait se redresser, il se fit frapper à son tour. Le manager, avec le journal qu'il tenait dans ses mains, avait frappé notre leader. Sans aucune raison, il l'avait frappé.

Et alors que je n'en pouvais plus. Alors que mes poings tremblaient de haine, que mes larmes de rage menaçaient de couler, je me dirigeai vers cet homme.

Et alors que je n'étais plus qu'à quelques centimètres de lui, Namjoon hyung me saisit violemment le poignet et me fit reculer derrière lui. Et j'avais compris. J'avais compris qu'en me mettant derrière lui, il me protégeait. C'était sa manière à lui de faire rempart entre le manager et moi.

Il me tenait toujours le poignet. Il me serrait fort. Tellement fort, que je crus qu'il allait me le briser. Mais je ne dis rien. Je ne voulais rien dire. Parce que la douleur que je ressentais en ce moment, n'était rien comparé à celle qu'éprouvait notre leader.

Ma mâchoire serrée, mon menton tremblant, mes lèvres que je mordais et mes larmes qui siégeaient aux coins de mes yeux. Que pouvais je faire d'autre?

Et pendant un temps qui nous semblait être une éternité, Namjoon hyung était incliné. Il était incliné, la tête baissée, sa main sur mon poignet. Il le serrait toujours plus fort. Comme si ça lui donnait la force de tenir. Il était incliné, attendant la fin de son sermon.

Et je compris. Je compris qu'il se retenait depuis tout ce temps, de sauter sur cet homme. Je compris que celui qui souffrait le plus de cette situation, ce n'était pas moi, ce n'était pas Jungkook, ce n'était pas Taehyung. Non. Celui qui souffrait le plus, c'était lui, notre leader. Parce que "leader" veut dire diriger. Parce que "leader" veut dire "prendre des décisions". Parce que "leader" veut dire "protéger ceux que l'on aime. Il souffrait, lui, plus que nous sept réunis. Parce que notre leader était incapable de nous diriger. Parce que notre leader était incapable de prendre des décisions et parce qu'il était incapable de nous protéger.

Je compris que malgré ses beaux discours pour nous aider, Namjoon était finalement celui qui avait le plus besoin d'aide. Je compris que ces belles paroles qu'il tentait de nous faire gober, ses belles paroles, il n'y croyait pas lui même. Je compris que les encouragements qu'il nous donnait, c'était avant tout à lui qu'il se les donnait.

Pourquoi n'avais je pas pensé à ça? Pourquoi n'avais je pas pensé à lui?

J'étais centré sur moi, et moi uniquement. 

Au final, je n'étais qu'un égoïste qui ne voyait rien d'autre que ses problèmes et ses soucis...

***

You're not aloneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant