You're not alone

#60 Etreinte

Celle que je regardais en ce moment, c'était cette femme.

Et dans cette femme, je ne voyais que trop de choses.

Ce que je voyais, c'était de la fragilité.

Ce que je voyais, c'était de l'instabilité.

Ce que je voyais, c'était de la faiblesse. Un amas d'incertitudes et de craintes aussi horribles les unes que les autres. Des peurs qu'elle ne parvenait pas à affirmer, mais surtout, à supprimer.

L'espace d'un instant, je repensais à la première fois que mon regard avait croisé le sien. Ce restaurant qui avait été l'endroit accueillant ses pleurs et sa haine. Ses cris et ses plaintes fissurant mes oreilles. Ce jour là, elle avait semblé poussière.

Ce jour là, elle avait paru fumée.

Puis lentement, je me remémorai cette fois là. La confrontation qui m'avait offert une trainée de frisson. Cette fois, où sa bouche avait fermé celle de l'ancienne maquilleuse. Cette fois, où son regard n'avait pas cillé. Cette fois où le calme dont elle avait fait preuve, m'avait littéralement scotché à ma chaise.

Alors lorsque j'y pensais, je ne pouvais m'empêcher de me demander, laquelle de ces deux personnalités était la bonne. Laquelle lui allait le mieux.

Parce que je ne me voilais pas la face. Cette fille, était incroyablement belle. Son regard grisâtre décoré par ces reflets orangés finement sculptés d'arabesque d'une couleur magnifiquement bleutée. 

Mais cette femme, incarnait la beauté, dans les larmes comme dans la joie. J'avais vu cet éclat de sourire lorsque son travail l'avait envahit. J'avais vu cette fierté dessinant chaque trait de son visage que je trouvais étrangement maigre et pâle.

- Hoseok hyung nous a parlé de- 

- Si tu t'excuse, je t'enfonce ton sandwich dans la gorge, de sorte à ce que tu t'étouffe. Ça te tente?

- Pas tellement... Jungkook murmura en posant ses mains sur la table.

- Alors ferme ta bouche.

C'était étrangement plaisant, la façon qu'elle avait de s'adresser à nous de façon si détachée. 

- En fait... Le maknae poursuivit. Je voulais que-

- Jungkook. Elle l'interrompit une fois encore.

- Hm?

- Je sais que tu es quelqu'un de bien. Vous avez tous l'air de personne de confiance. Mais j'ai l'impression que tu oublie quelque chose toi aussi.

Je fronçai les sourcils, curieux de connaître le fond de sa pensée.

- Tu oublie que tu es humain avant d'être un objet. Je dis bien "objet", parce que je sais que ton président ne te considère que comme ça. Tu es humain et c'est également le cas de Jimin, tout comme c'est le cas pour les autres membres.

- Mais-

- Si tu veux t'envoyer en l'air, c'est ton choix. Elle d'adossa à la chaise. Si tu veux te branler, c'est ton choix aussi. Je déglutis sous cette absence de gêne. Et si tu décide de ne pas respecter les règles, alors tu dois te préparer à en payer les conséquences.

- Comment tu peux dire ça?

- Parce que vous n'êtes pas les premières stars avec qui je travaille. Je sais que vous êtes à bout par moment. Je sais que vous vous sentez étouffés par tous ces contrats qui vous lient à l'agence.