#68 L'autre jour

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/PDV Euna/

- Tu as teints tes cheveux...

Ce n'était pas une question... Là, il ne faisait qu'affirmer ce qu'il voyait. 

Et mes mèches noires ne lui avaient pas échappé malgré son état déplorable. Il était comme ça, Jungkook. A toujours tout remarquer, même lorsqu'il n'avait pas à le faire. A toujours tout observer, même lorsque ses yeux ne le pouvaient plus.

La mort pouvait le menacer, que ça ne l'empêcherait pas de continuer à tout chercher. Parce que je le savais. Il cherchait.

Sans s'arrêter. Sans se donner de limite, il cherchait.

- Pourquoi? 

Sa tête reposant sur mon épaule, et ses doigts entrelacés aux miens, il avait murmuré... Faiblement. Beaucoup trop faiblement.

- Est ce que c'est vraiment important? Je demandai en me redressant lentement.

Pourquoi se soucier de ce genre de chose lorsque la maladie le possédait toujours? Pourquoi parler de choses si insignifiantes, lorsque son corps tremblait désormais de froid? Putain, mais pourquoi ne faisait il plus attention à lui?

- Je veux juste... Savoir?

Sa voix ne portait même plus. Et en même temps qu'il calait un peu mieux sa joue contre mon épaule, ses cheveux caressèrent la peau de mon cou. Son bras nu frôlait le mien dans des gestes fragiles et délicats. Et dans son dos, le carrelage ne semblait plus lui procurer ce froid dont il avait besoin.

- Ce n'est pas le moment... Je murmurai en me relevant.

Désormais accroupis devant lui, entre ses jambes pliées mais écartées, je déposai doucement la paume de ma main sur son front. Du bout des phalanges, je vérifiai la température, sur son torse... Puis aux commissures de ses oreilles.

Cette teinte écarlate l'avait quitté. 

A la place, ce fut son poil qui se hérissa, témoignant de son manque de chaleur. Les effets de la grippe se manifestaient toujours. De manière plus discrète, mais toujours là. La chaleur ne l'essoufflait plus. Son corps ne brûlait plus.

A présent, des sueurs froides roulaient le long de ses tempes, et son teint d'ordinaire clair, avait laissé sa place à ce blanc pâle et fantomatique.

- Allez... Je murmurai à mon tour.

Sans le brusquer, je tirai sur un de ses bras, dans l'espoir de le remettre sur pied, ou au moins l'installer sur la cuvette. Nous étions dans la cabine depuis déjà trop longtemps. Dans quelques minutes, une heure passerait. 

- Tu peux marcher? Je demandai en passant son bras derrière ma nuque. 

- Je suis vidé...

J'ignorais pourquoi...

J'ignorais pourquoi ma vue s'était brouillée... Ni même pourquoi mes yeux étaient larmoyants. J'ignorais pourquoi ces perles demeuraient, là... Au coin de mes paupières.

Alors, dans l'espoir de faire passer mon état, comme passager, je l'avais relevé... Difficilement, je l'avais relevé, pour l'installer sur la lunette des toilettes toujours fermée. Aussi, et le plus subtilement possible, j'avais rabattu quelques unes de mes mèches sur mes yeux... 

Et brusquement, je lui avais tourné le dos. Certainement, qu'il devait m'observer. Evidemment, qu'il devait se poser des questions. Je le savais.

Mais je ne lui permis pas d'aller plus loin. Mon visage dirigé vers ce plafond blanc et les paupières closes, j'avais pincé mes lèvres... Fort.

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