WRITOBER 2018

3 octobre : cauchemar

Sally et Jack parlaient par sms depuis maintenant plusieurs heures, comme tous les soirs. Jamais ils ne songeraient à arrêter de se parler ne serait-ce qu’une seule journée. Ils avaient besoin de se raconter les potins du jour, leurs cours, leurs joies et leurs problèmes. Ils étaient toujours là l’un pour l’autre, quelle que soit l’heure, quel que soit le jour. Et ça leur permettait de ne pas se perdre de vue malgré leur lycée différent.

    La mère de Sally l’appela depuis la cuisine.

    — Tu as cours demain ! Va dormir !

    Sally dit donc à Jack qu’elle allait se coucher et posa son téléphone sur sa table de nuit.

    “Bonne nuit Sally, fais de beau rêves” répondit-il.

    La jeune fille se changea, alla se brosser les dents et fit son sac pour le lendemain. Puis elle se mit au lit et ferma les yeux.

    Pendant de longues minutes, voire de longues heures, elle ne parvint pas à s’endormir. C’était sûrement à cause du contrôle de français qu’elle avait le lendemain. Elle devait le réussir, elle n’avait pas le choix, sa moyenne était excellente. Il était hors de question qu’elle baisse.

    Enfin, elle réussit à s’endormir. Elle sombra dans un sommeil profond.

    Soudain, elle se réveilla.

    Mais elle n’était pas chez elle.

    Elle avait atterri dans un long couloir. Un long couloir végétal, un couloir de haies.

    Un labyrinthe.

    Elle envoya immédiatement un message à Jack. Elle avait du réseau.

    “Mec tu devineras jamais”

    “Je me suis réveillée dans un labyrinthe”

    “J’y comprends rien”

    Elle décida de chercher la sortie. Elle tourna donc à droite, puis à gauche et tomba sur un impasse. Elle revint sur ses pas et essaya un autre chemin. Elle tomba à nouveau sur une impasse.

    Puis elle se souvint d’une vidéo qu’elle avait vue une semaine auparavant. Le vidéaste expliquait comment terminer un labyrinthe rapidement. Elle décida de tenter cette technique.    

    Elle plaça donc sa main droite sur la pan droit du mur, puis suivit ce pan de mur sans jamais décoller sa main. En principe, elle devrait arriver à la sortie. Cette méthode n’était pas la plus rapide, mais elle était simple. Au moins elle était sûre de sortir.

Mais elle se rendit vite compte que ça ne fonctionnait pas. Elle tourna en rond pendant des heures et des heures. Et le paysage du dédale ne changeait pas.  Elle ne trouvait pas la sortie.

    Elle se mit à paniquer. À sérieusement paniquer. Elle se mit à courir entre les haies, mais elle s’essoufla vite. Elle dut s’arrêter une minute. Elle n’avait jamais été sportive.

    Elle envoya à nouveau un message à Jack.

    “Je trouve pas la sortie”

    “Je vais rester bloquée ici toute ma vie”

    “C’est un vrai cauchemar”

    Elle s’assit au sol et pleura toutes les larmes qu’il lui restait. Elle allait mourir ici.

    Soudain, elle tomba. Elle tomba dans le vide, encore et encore, à l’infini.

    Et elle se réveilla en hurlant.

    Tout ceci n’était qu’un rêve. Un cauchemar. Ce n’était pas réel.

Elle était rassurée, elle n’allait pas mourir. Pas ce soir en tout cas.

Machinalement, elle prit son téléphone. Elle alla jeter un oeil aux réseaux sociaux, puis elle cliqua sur sa conversation avec Jack.

Tous les messages qu’elle avait envoyés étaient là, ils étaient réels.