5 octobre : aucun

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Jack fit un rêve, un cauchemar, cette nuit là.

Le monde se vidait, petit à petit, jusqu’à qu’il ne reste plus rien sinon l’espace, le néant. Et il flottait, dans ce vide infini. Il flottait car il n’avait rien à quoi se raccrocher. Non, il ne tombait pas. Il était juste comme en apesanteur, il lévitait. Il n’y avait plus de sol sous ses pieds.

Jack s’était toujours dit que c’était beau, le vide. Il avait, comme la plupart des petits garçons, un jour rêvé d’être astronaute, pour aller dans l’espace, pour admirer l’infini s’étendre au delà des limites.

Maintenant qu’il voyait l’infini, il angoissait. Tout ce rien, c’était oppressant. La solitude l’envahit. Puisqu’il n’y avait plus rien, il n’y avait forcément plus personne non plus. Il était seul au monde.

    La vie valait-elle le coup d’être vécue seul ?

    Il n’y avait plus aucune planète, plus aucun pays, plus aucune ville ni village, plus aucune maison, plus aucun animal, plus aucune personne à qui parler. Plus aucune frontière, plus aucune limite.

    Mais l’infini était-il vraiment une forme de liberté ?

    Et Jack ? Pourquoi était-il encore là, lui ?

    Tout cela se passait dans sa tête, mais il ne le savait pas encore, il se posa donc la question.

    Il se sentit soudain indigne. Lui, qui n’avait jamais rien fait d’exceptionnel dans sa vie, lui qui était simplement un adolescent banal, il était encore là. Contrairement à tous ces autres êtres vivants qui avaient soudainement disparu.

    Il tenta de parler, pour essayer. Aucun son ne sortit de sa bouche. Il tenta de crier, rien non plus.

    Et l’air. L’air disparut lui aussi. Plus aucun atome d’oxygène n’existait. Il n’y avait plus d’air, Jack ne pouvait plus respirer. Il tenta d’aspirer de l’air, mais puisqu’il n’y en avait plus aucun, il n’y parvint pas. Il paniqua sérieusement. Plus d’air, c’est à dire plus de vie. Il allait mourir. Il ne voulait pas mourir. Mais finalement n’était-ce pas plus juste ? Que le dernier humain s'éteigne lui aussi ? Il n’était pas privilégié, juste un humain parmi d’autres qui allait aussi mourir.

    Mais l’air revint comme par miracle. L’air revint et il put à nouveau respirer. Vivre.

    Après l’air, la Terre, les continents, les pays, la végétation, les bâtiments, les animaux. La vie.

    Jack se retrouva soudain dans une plaine. Il pouvait sentir à nouveau le vent courir sur ses bras. Il pouvait à nouveau respirer l’odeur de la nature. Il pouvait à nouveau admirer la verdure qui s’étendait devant lui. À l’infini.

    Puis, sous un arbre, il la vit. Allongée, elle ne bougeait plus, elle n’émettait aucun bruit.    

    Mais elle était vivante. Sa poitrine se soulevait au rythme de sa respiration. Elle ouvrit les yeux. Elle se leva et se dirigea vers Jack. Elle sourit. Elle prit sa main. Elle le regarda dans les yeux.

    — Sally…

    Au moment où Jack prononça son nom, tout disparut à nouveau et il se retrouva dans sa chambre, allongé dans son lit, la main crispée.

    Tout était de retour à sa place, le monde, la vie, Sally.

    Il sourit.

Et voilà le texte dont je suis la plus fière pour le moment ! J'espère que vous avez aimé

WRITOBER 2018Où les histoires vivent. Découvrez maintenant