WRITOBER 2018

9 octobre : microphone

Dans le lycée de Jack, il y avait un club radio. ce club animait le lycée, faisait des annonces quant aux événements prochains, des petites émissions pour mieux connaître les élèves du lycée, des interviews avec des professeurs, pour discuter un peu avec eux. Cette station de radio avait installé une bonne ambiance dans l’établissement, même entre les élèves et les professeurs.

    Ils étaient cinq à s’en occuper. Dalia, la seule fille du club présentait des émissions. C’était une fille pétillante, toujours de bonne humeur et qui savait mettre les gens à l’aise. Sofiane était le clown du lycée. Il était toujours le premier à faire des blagues. Il animait d’autres émissions. Loïc était le technicien. Il préférait agir dans l’ombre, mais il était indispensable à la survie du club. Ensuite, il y avait Guillaume, qui était d’un naturel plus calme que ses camarades. C’était le meilleur ami de Loïc. Il était gentil et avait un sourire chaleureux. Il s’occupait des annonces et tout ce qui était administratif. Et enfin, Sam était un meneur né. Il décidait des sujets de la semaine avec ses camarades et écrivait les questions à poser lors des interviews. À première vue, il paraissait hautain et sûr de lui. Mais il ne faisait jamais les choses seul, il préférait travailler en équipe. Il était en réalité très sympathique.

Dalia, Sofiane, Loïc, Guillaume et Sam étaient très vite devenus les meilleurs amis du monde en dehors du club.

Un jour, Guillaume fut chargé d’annoncer l’élection du conseil de vie lycéenne. Il prit donc place sur sa chaise, devant son micro, et parla.

Loïc, qui vérifiait si tout marchait correctement fit un pouce en l’air à son ami. L’annonce se passait bien.

— … Les dix-huit candidats comptent sur vous pour aller voter, alors n’oubliez pas !

Guillaume coupa le micro et alla s’asseoir dans un des fauteuils de la pièce, pour

discuter avec son ami pendant la pause méridienne. Les deux garçons étaient seuls, la présence des autres n’étant pas nécessaire ce jour là.

    Soudain, dans les haut-parleurs du lycée résonna une toute autre annonce.

    — Chers amis, l’heure est venue pour moi de partir. Vous n’êtes qu’une bande de connards, tous autant que vous êtes. Surtout vous, le club des cinq du club radio. Vous ne montrez toujours que le bon côté des choses. Toujours. Votre optimisme me dégoûte. Vous êtes si naïfs. Jamais vous n’avez tenté d’aider quelqu’un, jamais. Je vous méprise. Savez-vous que des gens vont mal, vraiment mal dans ce lycée ? Vous avez le pouvoir d’aider, mais vous ne le faites pas.

    La voix du garçon qui parlait tremblait. Il était au bord des larmes.

    — Nan mais ça vient d’où ça ! s’écria Guillaume

    — T’as pas coupé le micro ?

    Loïc alla vérifier. Tout indiquait que les logiciels d’enregistrement et le microphone étaient coupés. Quelqu’un avait piraté la station radio ! Guillaume envoya un message sur la conversation de groupe du club.

    “Venez au club, c’est urgent, réunion de crise.”

    L’annonce pirate s’était arrêtée. Mais le microphone clignotait maintenant de manière anormale.

    — On fait quoi ? demanda Dalia

    — C’est toi le technicien Loïc, s’énerva Sam ; répare ça !

    Les membres du groupe commencèrent à se disputer. Ils paniquaient tous, quelqu’un avait piraté leur station de radio !

    L’annonce reprit.

    — Aujourd'hui je vais mourir. Si vous arrivez à reprendre le contrôle de votre putain de radio, et si vous faites une annonce pour dire que vous arrêtez vos émissions débiles basées sur la popularité des élèves, et vous voyez très bien desquelles je parle, je me suiciderai. Je n’ai pas peur.

    Le groupe des cinq avait très peu de temps pour agir. Le garçon leur avait donné une heure. Dalia ne voulait pas arrêter son émission.

    — C’est hors de question ! Si je ne les fait pas, je fais quoi moi ?

    — Un élève menace de se tuer ! Arrête un peu d’être égoïste une minute, intervint Guillaume.

    — Il faut arrêter cette émission.

    — Non ! protestait la fille

    Ils continuèrent tous de se disputer pendant l’heure. Finalement, Dalia décida de quitter le club, définitivement.

    — Je ne sers plus à rien moi !

    Sofiane, qui était amoureux de Dalia décida également de quitter le club.

    Loïc avait réussi à reprendre le contrôle du microphone, mais le club était détruit.

    — On fait quoi ?

    — On arrête le club radio, décida Sam ; sans Sofiane et Dalia ça ne sert plus à rien.

    Ils firent donc une annonce pour expliquer à tous leur décision. Ils ne surent jamais qui avait piraté la radio, mais personne n’était mort. Il avait simplement réussi à briser leur amitié.