21 octobre : douche

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L’eau ruisselait sur ses épaules, et des gouttes faisaient la course le long de son corps avant de s’écraser sur le sol de la douche à l'italienne. Cachée de tous, la femme profitait de son instant préféré de la journée. Elle se détendait sous l’eau chaude, elle pensait à tous ses petits bonheurs et à toutes les choses qu’il lui restait à faire, elle savourait cette sensation de propreté, elle chantait aussi parfois. Son gel douche à l’odeur sucrée de tarte aux pommes lui procurait un sentiment de réconfort. Elle avait l’impression d’être de retour en enfance, dans la maison de sa grand-mère, quand celle-ci lui apprenait à cuisiner des gâteaux et des tartes en tous genres. Elle avait toujours été gourmande.

    Cette douche lui avait donné faim. Son moment à elle devait se terminer. Elle devait maintenant aller cuisiner son repas du soir. Elle enfila un peignoir, s’attacha les cheveux et descendit dans sa cuisine en sifflant. Ce soir, elle avait décidé de cuisiner des pâtes à la bolognaise, avec la recette de sa grand-mère. Une douce odeur s’élevait de la casserole où cuisait la sauce.

    Soudain, la femme fut saisie d’un frisson inattendu. Pourtant elle n’avait pas froid. Elle avait plutôt chaud, avec son peignoir et la douche dont elle venait juste de sortir.

    Elle continua de siffloter tout en mélangeant ses pâtes. Mais elle sentait quelque chose, comme une présence, un intrus dans ce havre de paix qui n’appartenait qu’à elle.

    Un feu s’alluma tout seul sur la gazinière. La femme se précipita dessus pour l’éteindre. Tout ceci était décidément très étrange.

    Une fenêtre claqua, mais ce n’était qu’un courant d’air. La femme frissonna à nouveau.

    Elle eut soudainement l’envie de retourner au confort et au réconfort de sa douche, et d’abandonner ses pâtes dans la cuisine.; Elle sentait une présence et ça ne lui plaisait pas du tout. Se pouvait-il que son appartement soit hanté ? Non, impossible. L’immeuble avait été construit il y a seulement quelques années, et elle était la première à habiter son appartement.

    Elle avait des sueurs froides, elle ne savait plus si elle avait chaud ou froid, elle ne voyait que la peur, la peur qui commençait à s’insinuer lentement en elle. Nue sous son peignoir, elle se sentait vulnérable. Elle coupa sa gazinière, ses pâtes attendraient.

    La seule pièce qui fermait à clé était la salle de bain. Elle retourna se réfugier dans sa pièce préférée. Elle s’assit au sol, le dos contre le mur, les jambes repliées contre sa poitrine. Le carrelage était froid, et un peu mouillé.    

Elle fut saisie d’une crise de panique. Maintenant, elle en était sûre, elle n’était plus seule. Elle aurait tant aimé être chez ses parents, que son frère soit là pour la protéger. Elle n’arrivait presque plus à respirer tant la peur la tiraillait. Elle se força à se concentrer, à essayer de se calmer. Puis elle eut un idée. Peut-être qu’en se plongeant dans ses souvenirs d’enfance, elle parviendrait à oublier sa peur. Elle attrapa son gel douche à la tarte aux pommes sur son étagère et en respira l’odeur. Petit à petit, elle parvint à se calmer.

Quand elle ouvrit la porte de sa salle de bain pour affronter la chose qui était entrée dans son appartement. Elle ne trouva rien. La cuisine avait l’air parfaitement normale. L’habituelle atmosphère chaleureuse qui rendait son appartement si confortable était de retour.

Avait-elle rêvé ? Ou la choses était-elle simplement partie ?

WRITOBER 2018Où les histoires vivent. Découvrez maintenant