Prince (pas si) charmant

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-          Aly, on sera en retard ! cria Charlotte alors que je m'empressais de finir mon chocolat chaud.

La plupart des gens buvaient du café le matin. Moi je gardais à l'esprit l'idée que le café, c'était réservé aux grands. Et bien que je ne faisais que me rapprocher de mes dix-huit ans, je ne me considérais pas comme tel. Alors, ne savant apprécier le goût amer de la caféine, je continuais de savourer mon chocolat chaud, telle une enfant de neuf ans, chaque matin.

Je mis rapidement ma tasse vide dans l'évier et partis mettre mes chaussures sous le regard assassin de ma meilleure amie. Elle regardait sa montre toutes les trente secondes comme si ça allait accélérer quoi que ce soit.

-          C'est bon on a raté le bus. On sera en retard, m'a-t-elle lâché.

-           Ça ne te dirait pas d'arrêter d'être pessimiste comme ça ? On sera pile à l'heure t'inquiète.

-          Je ne suis pas pessimiste mais réaliste, allez dépêche-toi.

J'ai accéléré alors le pas et le bus arriva dans les quatre prochaines minutes.

A ma plus grande surprise, il y'avait Krist assis seul dans le fond, ses écouteurs dans les oreilles. On s'est assises alors à côté de lui et j'ai gentiment pris soin d'enlever ses écouteurs afin qu'il remarque notre présence. 

-          Bah alors qu'est-ce que tu fous dans un bus toi ?

Il nous regarda toutes les deux avant de répondre, d'une sérénité épatante.

-          Et bien figure toi, qu'entre venir en cours en voiture avec un merdeux qui me donne envie de lui en foutre une ou dans un bus avec tout plein de petits merdeux mais qui eux, ne demandent rien à personne, j'ai choisi le bus.

Il haussa calmement les épaules en croquant dans sa pomme sortie auparavant de son sac. Sacré Krist.

-          Et vous qu'est-ce que vous faites dans ce bus-là alors que l'autre folle doit être à deux doigt de nous faire une chute de tension à l'idée d'être en retard ? nous interrogea-t-il en pointant Charlotte du menton.

Celle-ci tourna sa tête vers moi et me regarda d'un air accusateur.

-          Je te l'avais dit qu'on sera en retard ! C'est de sa faute, rajouta-t-elle en regardant le brun.

Il lâcha un rire moqueur et alors que je fis une petite moue en posant ma tête contre l'épaule de ma meilleure amie.

-          On ne le sera pas, n'est-ce pas Krist ?

-          J'ai l'air d'un médium, chérie ? me répondit-il en haussant un sourcil.

Je l'avais remercié de son aide dans le plus profond de mon âme.

Une fois au lycée, le brun était allé dans sa classe et Cha et moi dans la nôtre, et comme je l'avais prévu, nous étions pile à l'heure.

C'est comme cela qu'on était partis sur une longue heure de français. Une des peu rares heures où notre prof passait très clairement le trois quarts du temps à nous dire qu'on devait se dépêcher et se mettre sérieusement au boulot car il ne restait plus qu'un mois et demi avant le bac. Le problème c'est bien que pendant tout ce temps, il aurait déjà pu clôturer la matière pour de bon.

-          J'ai envie de frites, ai-je dis à Charlotte en sortant du local.

-          Arrête, tu vas me donner faim.

-          Je veux Noah.

Affalée sur l'épaule de ma meilleure amie, une grande moue collée au visage, je devais avoir l'air ridicule. Je m'en fichais un peu, ce jour-là devait être l'un de ceux où je ne faisais que râler.  Je me laissais trainer par la brune qui s'exclama de suite.

-          T'en as fini avec tes caprices ?

-          Et tu sais ce qui serait le mieux ? lui ai-je demandé en ignorant sa question.

Elle n'eut le temps de répondre que j'ajoutai.

-          Noah, avec un paquet de frites.

Le rire de Charlotte me fit sourire. Comme il le faisait toujours. J'ai toujours trouvé son rire différent, exceptionnel, semblable un peu à celui d'un enfant, mignon et innocent. Il donnait envie de rire aussi, mais peut-être était-ce juste dû à mon attachement envers elle.

C'est au moment même où j'avais fini de prononcer ces mots que je vis un grand châtain au loin.

-          File alors, ton prince charmant est arrivé, me lança la brune avant de s'évader.

Plus je m'avançai vers Noah, plus celui-ci me semblait être de mauvaise humeur. C'était facile à reconnaître chez lui, il faisait moins de conneries et devait tout le temps bouger ou chipoter quelque chose. Cette fois-ci c'était sa main qui tapait légèrement l'autre à un rythme régulier.

-          Tu ne m'as pas l'air très joyeux toi.

Ai-je dis, un tendre petit sourire scotché aux lèvres, avant de me blottir dans ses bras.

On me décrivait souvent comme quelqu'un d'assez joyeux, sûrement grâce au fait que je ne faisais que sourire tout le temps. Généralement, je transmettais ma bonne humeur à mes proches et Noah avait tendance à se mettre à sourire, lui aussi.

Là, il roula simplement les yeux sans prononcer un seul mot.

Je suis restée, ma tête contre son torse, sans bouger pendant quelques instants et d'un coup, il fit plusieurs pas en arrière. Mes sourcils se froncèrent alors qu'il ne faisait que de me regarder.

-          T'es sûre que t'as rien à me dire ? m'a-t-il finalement lancé.

-          Je t'adore plus que tout au monde ? tentai-je, en penchant la tête.

-          Je suis sérieux Aly, t'as rien à me dire ?

Sourcils toujours froncés, je secouai la tête.

-          C'est ça. Laisse-moi tranquille alors.

AgapéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant