Café glacé

38 5 6
                                    




           


Avançant d'une manière enchantée, je pus voir le reflet de mon visage légèrement rosit dans la vitrine du café dans lequel j'allais tout juste entrer. Ce fut un ravissement quand je vis que rien n'avait changé. Ce n'était enfaite, pas un endroit très exceptionnel au niveau du design. De simples chaises noires en cuir, qui d'ailleurs étaient très confortables, autour de tables en bois, et des murs peints en gris. En plus de ça, la pièce n'était pas d'une grandeur épatante et quand il y'avait du monde, on était assez serrés.

Un grand sourire plaqué aux lèvres, je partis alors m'assoir sur un fauteuil dans le coin en jetant un rapide coup d'œil à l'horloge accrochée au mur. Elle indiquait deux-heures moins cinq. J'étais en avance, Charlotte avait visiblement déteint sur moi.

Je n'avais en réalité, quand même pas fait tout ce trajet pour rien, il faut préciser que ce café n'était pas l'un des plus proches de là où j'habitais. Bien qu'il ne paraisse pas exceptionnel, il l'était pour moi.

La chaleur était tout juste agréable mais est devenu légèrement étouffant quand la porte s'est ouverte et un assez grand châtain est rentré dans la pièce. Noah a très rapidement fait le tour du café des yeux pour me repérer puis vivement me rejoindre.

La dernière fois qu'on y avait été remontais à un an plus ou moins. Il s'était renversé du jus d'orange dessus et était tout collant, comme je me moquais de lui j'avais eu droit à un gros câlin de sa part. On avait  terminé hyper crades tous les deux mais au moins, c'était drôle. 

A chaque fois qu'on venait là, il se passait quelque chose. La première, il m'avait embrassé. Pour la première fois. Un jour aussi, je m'étais trompée et j'ai, sans faire exprès, ajouté du sel au lieu du sucre dans mon thé.  J'avais fini par boire un peu de son café au gout terriblement amer.

On pouvait dire, que cet endroit était à l'époque devenu le « notre ». Alors quand j'ai reçu un message de sa part, me donnant rendez-vous dans notre café, hier soir, je n'ai eu aucun doute.

-          Tu ne m'as pas trop attendue ? m'a-t-il demandé en déposant un baiser su ma joue.

J'ai à peine eu le temps de secouer la tête qu'une serveuse était venue nous voir.  J'ai donc commandé une coupe de glace à la noix de coco dont je rêvassais depuis la fin de l'hiver. Noah estimait ne pas avoir faim et prit juste un café glacé.

-          Ca faisait longtemps, constatai-je en regardant autour de moi.

Il hocha la tête en souriant.

-          T'y es pas revenue depuis ?  demanda-t-il.

-          Sans toi ? Jamais.

-          Tant mieux, moi non plus.

En me demandant de se voir, il n'en avait d'abord pas précisé le but. Ensuite il m'avait fort laissé penser que c'était pour parler de nous. Seulement à la fin il m'avait dit que c'était juste pour passer du temps avec moi, car je lui avais manqué. Il m'avait manqué lui aussi.

Assise en face du châtain, je pus observer des détails de son visage que je n'avais plus eu l'occasion de  regarder depuis un petit temps. Son grain de beauté à côté de l'extrémité du sourcil droit était bien là.  Ses lèvres étaient légèrement abimées, comme d'habitude, il se les mordillait en période de stress.

Son sourire était différent de d'habitude, il avait l'air de vouloir dire quelque chose. Il me regarda alors, avant de se lancer.

-          Je dois absolument te parler d'un truc. Nathan et moi avions eu une excellente idée, dit-il volubile.

Le doute sema en moi. Les noms « Nathan » et « Noah » associé au mot « idée » n'étaient jamais de bonnes choses.

-          Ah oui, dis-je légèrement perplexe.

-          Ne fais pas cette tête ! Attends au moins que je t'explique, m'accusa-t-il en riant. 

J'eus alors également un sourire aux lèvres pendant que la serveuse était venue avec ma glace et son café. Je l'entamais alors pendant qu'il commençait à me raconter.

-          En gros, les grands parents de Nathan, ceux qui habitent à Barcelone, partent en vacances les deux premières semaines d'aout. Donc ils ont dit à Nath, que s'il voulait il pouvait emmener des amis pour passer les deux semaines là-bas.

Il vit alors mon visage pas très rassuré, absorbant des cuillères de glace de plus en plus grandes. 

-          Il y'aurait Charlotte aussi ! Enfin, on devrait d'abord le lui demander mais... Ethan, Tanya, Cade et Isaac seront là. Peut-être même ton pote Krist, j'imagine que tu le savais déjà toi, Isaac nous a tout dit pour eux deux il y'a quelques jours. Soit, Nath m'a dit que c'était une grande villa donc pour la place ne t'en fais pas... puis au pire on aura qu'à acheter des matelas gonflables en plus.

Noah avait l'air très sûr de cette idée. Moi, j'assemblais à peine les informations qu'il venait de me transmettre.

A propos de Krist, il m'avait informé que ça allait mieux et j'étais contente de savoir qu'il envisageait même de venir.

-          Mais vous êtes fous-

-          N'importe quoi ! Me coupa-t-il rapidement. Allez ça serait trop génial. Après on sera tous à la fac, on aura peut-être plus l'occasion de faire un truc pareil.

Au fond de moi, c'est vrai que j'en avais envie. Après tout, qui n'en aurait pas envie ?

-          Nathan est d'accord pour que je vienne ?

-          Evidemment qu'il l'est. Il me l'a même proposé directement après m'en avoir parlé.

Je fis alors juste un hochement de tête.

-          Et donc ses grands-parents sont d'accord ?

-          D'accord.

-          C'est loin ?

-          Deux heures en voiture.

Il me regardait attendant juste une réponse positive.

-          Alors c'est bon ? Me demanda-t-il précipitamment.

-          Je vois avec mes parents.

Un grand sourire chaleureux apparut alors sur ses lèvres.

-          Ca va alors, ils sont gentils tes parents. En plus ils nous connaissent Nathan et moi.

-          C'est vrai.

Je finis en même temps ma glace et c'est alors qu'il tendit son verre près de moi.

-          Tu veux boire ?

Je regardais le café glacé pendant quelques secondes, hésitante. Puis finis par en prendre une gorgée, suivit d'une grimace instantanée. Cela fit rire l'idiot en face de moi, alors je ris aussi. Il tira sur mes mains pour que j'aille sur ses genoux, puis, sans perdre le sourire, me regarda dans les yeux.

-          Pourquoi on n'est pas en couple ? lâcha-t-il.

C'est ainsi que mon cœur rata un battement, surpris par la question qu'il venait de me poser.

Je le regardais dans le plus profond de ses yeux, en me rendant compte qu'ils étaient plus clairs que ce que je pensais et me demandant ce que je devais répondre.

-          C'est ce dont t'as envie ?

-          T'en as envie, toi ? me demanda-t-il.

-          J'en ai envie.

J'hochais alors doucement la tête comme pour accentuer ce que je disais.

-          Parce que moi, j'en ai besoin, termina-t-il.

AgapéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant