Agapé

Délicieuses délicatesses

           

Tenant le brun dans mes bras, j'étais  un peu troublée. Il venait de se confier à moi, pour la première fois de sa vie. Même si enfaite, il ne m'a pas raconté l'histoire en détail, juste les grands traits, un résumé. Seulement le pire, c'est que je suis restée muette, je ne trouvais pas les bons mots, je ne savais pas ce qu'il fallait que je lui dise. Une larme venait de s'échapper de ses yeux alors je m'empressai de l'essuyer tout en le gardant contre moi.

-          Isaac a peur, et quand on a peur on fait des conneries, quand on a peur on pense faire des choses bien alors qu'on fout la merde. Mais ce que je sais aussi c'est qu'Isaac t'aime d'amour. Alors malgré que maintenant il trouve ça peut-être difficile, compliqué et nouveau, je suis certaine qu'il reviendra vers toi, et qu'avec toi il réussira à aller au-delà de ses craintes, murmurai-je en frottant son dos.

Krist ne savait pas trop comment réagir, un peu comme moi, il n'avait pas l'habitude de conter ses peines et recevoir des paroles de consolation par après. Alors il s'efforça sans doute de me sourire légèrement et embrassa mon front.

Soudain, Malo entra lui aussi dans la pièce et m'adressa un regard joyeux.

-          On sort le gâteau ? me proposa-t-il.

En effet, j'avais peut-être un peu oublié que c'était nous deux qui étions chargés de cette tâche. Je lançai un regard interrogateur à Krist mais celui-ci m'indiqua simplement que c'était bon, qu'il allait s'en sortir et s'en alla.

J'ai ouvert alors le frigo où la vue de l'immense gâteau au chocolat blanc nous était offerte. Peu de temps passa avant que son odeur ambrée embaume nos narines. Malo se chargea de prendre les dix-huit bougies qui se trouvaient précieusement dans le tiroir. Charlotte s'était exprimée très clairement à ce sujet-là, il était hors de question d'avoir la fameuse bougie avec le nombre 18, elle en voulait autant qu'elle terminait d'années. Ça nous a donc prit une bonne paire de minutes pour toutes les placer, sans tremper un doigt dans le gâteau. De même pour les allumer.

Ceci fait, je le pris enfin en mains et on avança tous les deux vers le salon en commençant la chanson connue de tous, « Joyeux anniversaire ». Tout le monde arrêta leur activité pour pouvoir chanter avec nous et observer la scène. Charlotte, un immense sourire aux lèvres se trouvait alors au milieu devant nous, en regardant avec envie la pâtisserie.

La chanson terminée, elle nous regarda Malo et moi avant de souffler sur toutes les bougies pour les éteindre.

-          T'as fait un vœu ? M'assurais-je.

-          Bien sûr, tu me prends pour qui ?

On alla ensuite couper le gâteau ainsi que le distribuer à tous les invités. Alors que j'entamais mon morceau, que je laissai fondre le chocolat blanc contre mon palais, j'ai eu droit à un moment seul à seul avec Charlotte. 

-          Joyeux anniversaire, dis-je.

-          Tu me l'as déjà souhaité, s'étonna la brune en plissant son petit nez pointu.

- Oui mais, je voulais que tu saches que ça compte beaucoup pour moi. Et que je suis vraiment heureuse de t'avoir en tant que meilleure amie auprès de moi chaque jour.

Un sourire attendri apparut sur son visage et elle passa son bras autour de mes épaules, nous rapprochant toutes les deux.

-          Moi aussi je suis heureuse.

Et on resta juste comme cela. Nos têtes appuyées l'une contre l'autre, de larges sourires collés aux visages et nos regards plongés dans le vide à se demander comment était-ce possible de connaitre une personne mieux qu'on se connait nous-même.

Une ou deux heures plus tard, la même ambiance était présente, tout le monde s'amusait, des rires étaient présents, bien que quelques personnes fussent déjà parties.  Au moment où la chaleur commençait à me monter à la tête je décidai de prendre de l'air. Je sortis alors sur le petit balcon et m'appuyai contre la rampe en m'apercevant à peine que je n'étais pas seule.

La tête de Noah se tourna vers moi et il me porta une sorte de regard doux.

-          Bonheur, marmonna-t-il.

Dans un premier temps je fus étonnée seulement parce qu'il m'avait adressé la parole, ensuite j'en fus heureuse mais c'est seulement quelques secondes plus tard que je me concentrai réellement sur ce qu'il venait de me dire, sans en comprendre le sens.

-          De quoi ? Articulais-je calmement.

-          Généralement quand quelqu'un se met en couple on lui souhaite du bonheur, je sais que j'arrive un peu en retard mais je pense que tu ne m'en voudras pas.

-          Je... D'où est-ce que tu me sors ça Noah ?

Son visage se crispa légèrement et ses sourcils se froncèrent.

-          Comment ça ?

-          Je ne suis pas en couple, tu le saurais, sinon.

Je le vis se redresser et me regarder plus sérieusement, comme s'il n'arrivait pas à croire à ce que je disais.

-          On m'a dit que t'étais en couple... Attends, alors tu ne l'es pas ?

Et c'est alors que je me redressai moi aussi, sans vraiment savoir si c'était pour mieux pouvoir le regarder ou parce que je n'étais plus aussi détendue. Ma tête tourna de gauche à droite.

-          C'était pour ça toute cette histoire ? Demandais-je hésitante.

Il se contenta d'hocher d'un geste vif la tête, arrêta de me regarder un instant et passa une main dans ses cheveux.

-          Je suis vraiment con.

A ces mots je ne trouvais rien à ajouter, car il s'était réellement comporté bêtement, je détournai le regard en espérant qu'il reprenne la parole.

-          Ça m'avait vraiment fait chier, ajouta-t-il.

-          Que je sois en couple ?

Un tourbillon d'idées dans ma tête. Je me faisais des illusions rapides pour ensuite les noyer, mais était-ce réellement des illusions ? Je vis le châtain hocher la tête, puis avoir une sorte de mouvement de recul.

-          Enfin, je veux dire, je... je m'y attendais pas et puis...

Sa voix tremblotante ne faisait que me faire perdre dans mon propre esprit. Nos yeux s'étaient recroisés et ne se quittaient plus depuis. Ma respiration était devenue plus rapide alors qu'il exécutait un long pas vers moi

D'un coup, je fus tirée contre lui, ses bras se placèrent de suite autour de ma taille et les miennes encerclèrent son cou. C'était exactement ce type de câlins qui m'avait manqué.

Je pouvais sentir son cœur battre promptement, son regard me transpercer et d'un instant à l'autre, même ses douces lèvres effleurer les miennes. La moindre distance rompue, elles se mirent à valser ensemble comme elles ne l'avaient jamais faites. Mes mains glissèrent dans ses cheveux et il resserrait doucement l'étreinte de ses bras. Souffles coupés, je mordis doucement sa lèvre. Je ne pouvais que confirmer que ce baiser goutait l'amour, le manque et le désir.