Point de vue de Jude, il y a un an.
― Tu sais garder un secret Isa ? souffle Bettie.
Je crois que je ne vais pas survivre à cette soirée.
― J'en était sûre ! Alors vous êtes ensembles ! C'est génial ! Poursuit Isa victorieuse.
― ISA ! crie Bettie avec autorité.
On aurait dit qu'elle remettait à sa place Quentin, un élève qui se prend pour ce qu'il n'est pas. Un silence s'en suit dans tout le restaurant.
― C'est bon Bet' tu peux me faire confiance, répond la concernée.
J'espère que c'est vrai. Bettie semble la croire ce qui me rassure.
― Alors les filles, racontez-nous votre histoire, demande Nadia.
***
De retour dans la voiture je peux enfin me détendre pendant le trajet. Sauf que c'est une route déserte qui débouche en plein milieu d'une forêt ce qui me rappelle des mauvais souvenirs comme la fois magique où j'étais dans les bras de Bettie et qu'au matin je me suis réveillée dans une chambre que je ne connaissais pas, puis dans les bois. Il est évident que quelqu'un me veut du mal mais je ne peux en parler à personne. Je dois protéger Bettie, et je ne fais pas confiance aux autres, de plus je ne peux pas prendre le risque de révéler notre secret. Je deviens parano comme si tout le monde était coupable des bêtes mortes dans mon casier. Et puis cet inconnu aux messages qui surgit de nulle part. Au moins je peux me servir de lui pour voir mon enseignante plus souvent. Tous ces événements se bousculent dans ma mémoire, j'ai vraiment mal à la tête. Bettie se gare plus loin pour que personne ne nous remarque lorsque je rejoindrai ma chambre.
― Suis moi, m'ordonne Bettie.
On se faufile dans le jardin sans bruits, jusqu'à l'arrière du manoir.
― Qu'est-ce que tu fais ? Chuchoté-je.
Elle tourne la tête dans ma direction et place son index devant ses fines lèvres. J'acquiesce. Lorsqu'elle est sûre qu'il n'y a personne, elle tire mon poignet et m'entraîne à l'intérieur par une porte dont les élèves n'ont pas connaissance et que seul le personnel peut empreinter. C'est bon à savoir. Lorsque nous sommes à l'intérieur elle relâche son étreinte et prend son air de femme impénétrable. Nous continuons notre chemin mais lorsqu'ils sont censés se séparer elle reprend ma main et m'entraîne dans une chambre. La sienne.
― Qu'est-ce que tu fais ? Redemandé-je, à croire que je ne connais que cette phrase.
Elle m'embrasse.
― Tu ne veux pas dormir avec moi ?
― C'est risqué, soufflé-je.
― Oui.
― Et si Lola se rend compte de mon absence trop longtemps ? Et comment je vais faire pour sortir d'ici demain matin sans que personne ne s'en aperçoive ?
― Je me charge de tout, répond-elle doucement.
Je souris et mon pouls s'accélère. Doit-on vraiment franchir toutes les limites ? Peu importe. Elle m'enlace et je réponds à ses gestes. Lorsque je me dégage de son étreinte pour me rafraichir dans la salle de bains similaire à la mienne, je me pose tout un tas de questions.
Soudain, j'entends mon téléphone annoncer l'arrivée d'un message, mon téléphone est sur le lit. Je m'empresse d'aller le chercher mais Bettie est déjà figée devant l'écran et je comprends que le message provient de l'inconnu. Je ne parviens pas à articuler le moindre mot. Tout se bouscule dans ma tête. Tout puis plus rien. Le vide.
***
Ma tête est lourde et mes paupières le sont encore plus. Je distingue la voix de Lola qui essaie de me réveiller. Que s'est-il passé ? Où est Bettie ? J'étais avec elle ! J'étais dans sa chambre !
― Lola ? parvint-je à articuler.
― Il faut que tu te lèves ! C'est l'heure de prendre le petit déjeuner !
Tout est brouillé.
― Je ne me sens pas très bien. Je vais rester ici, si on te demande tu n'auras qu'à dire que je suis malade.
Elle écarquille les yeux.
― Tu es sûre ?
― Certaine.
― D'accord je te laisse tranquille si tu me laisses t'accompagner à l'infirmerie. Ajoute-t-elle.
Je me laisse faire. Après avoir parcourut les interminables couloirs, je suis prise en charge par une dame en tenue d'infirmière. Je ne savais pas que le lycée avait pensé à tout. Elle me pose des questions basiques : poids, âge et si j'ai mangé un bout.
Je réponds que je n'ai pas faim. Je reste allongée toute la matinée. Quelqu'un monte. Il est midi, tout le monde devrait être en train de se préparer pour le réfectoire. La silhouette s'approche de moi et je suis soulagée de voir que c'est Bettie. Elle s'adresse à l'infirmière :
― Vous pouvez retourner à vos occupations, je vais m'occuper de mon élève un moment.
L'infirmière accepte et quitte la salle.
― Bettie...
Elle me regarde doucement comme si le fait de poser son regard sur moi pourrait me rendre plus malade, comme si ça pouvait me faire mal.
― Je suis désolée pour le message de l'inconnu...
Elle affiche désormais une expression pensive.
― De quoi tu parles ?
― Le message que j'ai reçu hier soir ! Que tu as lu ! Quand on était dans ta chambre !
― Ecoute ma chérie, je ne comprends pas ce que tu essaies de me dire...
Elle passe la paume de sa main sur mon front comme pour voir si c'est la fièvre qui me fait délirer.
Non, je refuse de croire que je deviens folle, que tout ça n'était qu'un cauchemar ! C'était trop réaliste ! Et Isa et Nadia ? Elles sont bien réelles ! Je n'ai qu'un moyen de le savoir : je dois les retrouver.
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UNIFORME Terminée ✅ (En réécriture)
WerewolfAttention : je vous conseil de lire mes autres écrits, celui-ci n'est pas abouti j'ai progressé depuis. Bettie Carter est enseignante et collectionneuse d'art, respectée. Elle accepte de rendre service à une amie en tenant sa boulangerie pendant une...