Chapitre 3

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Chapitre III

Après quelques minutes qui leur semblèrent une éternité, Sam fut ramenée à la cellule. Les jaffas la déposèrent sans ménagement et refermèrent la porte. Daniel observa son amie : teint blafard, visage ravagé par les larmes. Mais ce fut ses yeux qui le troublèrent le plus. Ils étaient vides. Pas inquiets, pas torturés. Juste vides.
Elle rampa dans un coin de la cellule à l'opposé de ses amis et se recroquevilla sur elle. Pete voulut immédiatement se jeter sur elle, la prendre dans ses bras, lui demander ce qui s'était passé, mais Daniel le retint fermement par le bras. Sam ne prononça pas un mot.

— Non, lui dit-il simplement.

Pete le regarda d'un air interrogateur.

— Mais c'est ma femme, dit-il d'un air supérieur.

— Ne l'approchez pas. Et c'est un ordre, lui répondit Daniel, d'un ton qui se voulait sans appel.

Comme pour appuyer l'ordre de son coéquipier, Teal'c regarda Pete. Ce simple regard finit par le faire se rasseoir. Les heures passaient, et Sam ne bougeait toujours pas, en état de choc. Ses amis s'inquiétaient de ne pas voir revenir Jack, et se demandaient s'il était encore en train de se faire torturer pour obtenir des informations. Au bout de vingt-quatre heures, Sam n'avait toujours pas prononcé de mot et se murait dans le coin de la cellule vers lequel elle avait rampé. Pete essaya d'engager la conversation avec Daniel, en chuchotant de sorte que Sam ne puisse l'entendre.

— Qu'est-ce que ce dingue lui a fait pour qu'elle soit dans cet état ? Sam est une femme forte, ça ne lui ressemble pas.

Daniel réfléchit à toute vitesse une réponse à donner à Pete. Il connaissait le pouvoir destructeur que pouvait avoir Ba'al sur ses prisonniers. Mais le fait qu'il ait torturé ses deux amis, en même temps, ne lui augurait rien de bon. Il soupçonnait Ba'al d'avoir utilisé le lien qui unissait Jack et Sam afin d'obtenir des informations. En effet, Sam ne semblait pas blessée. Cependant, Jack ne réapparaissait toujours pas...

— Il a des moyens plutôt persuasifs. Jack en a déjà fait les frais. Je suis comme vous, je ne sais pas ce qu'il s'est passé là-bas.

— Pourquoi les a-t-il choisis uniquement eux ? questionna Pete.

Daniel n'eut pas à chercher de réponse à cette question, car la porte de la cellule s'ouvrit de nouveau, faisant apparaître Ba'al. Il fit signe aux jaffas d'emmener Sam. Daniel se jeta devant son amie.

— Non, arrêtez ! Prenez-moi à sa place ! s'exclama-t-il.

— C'est elle qui m'intéresse, répondit Ba'al.

Les jaffas repoussèrent Daniel, et Pete tenta à son tour d'approcher Sam.

— Sam, non ! hurla-t-il.

Mais cette dernière, dans un état second, ne se rendait même pas compte de ce qui l'entourait. Arrivés dans la grande salle, Ba'al prit un objet que Sam ne connaissait pas. Son instinct de survie lui fit relever la tête et elle observa l'objet que Ba'al tenait dans ses mains.

— Vu que j'ai été un peu brusque tout à l'heure et que je n'ai plus le Général O'Neill sous la main, j'ai décidé d'utiliser ceci. C'est la première fois que je vais pouvoir l'utiliser et j'avoue que j'ai hâte de voir ses effets, dit-il, sourire aux lèvres.

Sam ne répondit rien, son regard empli de colère. La perte de Jack le faisait tout simplement sourire. Elle fulminait. Ba'al s'avança vers elle et colla sur ses tempes deux pastilles rondes, qui insérèrent immédiatement des centaines d'aiguilles d'environ trois millimètres dans sa peau. Il actionna alors l'objet qu'il avait dans ses mains et Sam plongea dans l'obscurité. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle vit Jack en face d'elle, à genoux. Elle avait déjà vu ça. Elle l'avait déjà vécu. Ba'al se tenait près de Jack et lui enfonçait un poignard dans l'épaule. Il creusait jusqu'à toucher les nerfs, ce qui fit hurler Jack. Elle revivait la torture infligée la veille. Voilà à quoi servait l'appareil. Puisque Jack était mort, il avait décidé de lui faire revivre chaque instant de la torture.

— Arrêtez, je vous en prie... prononça-t-elle avec peine.

— Les codes, Colonel, répondit simplement Ba'al.

Elle se tut. Elle ne révélerait aucune information.

— Très bien.

Ba'al la laissa revivre les quatre heures de torture. Sam pleurait maintenant, sachant que c'était la seule chose qui lui restait. Il lui fit vivre la torture une seconde fois. Puis une troisième. Voyant que malgré tout Sam ne parlait pas, Ba'al décida de la ramener en cellule. De nouveau, elle rampa. De nouveau, elle se mit en position de fœtus. De nouveau, son regard fut vide.

— Sam, où est Jack ? demanda Pete.

Daniel le regarda d'un air agacé. Il avait pourtant parlé avec Pete pendant l'absence de Sam. Il lui avait pourtant dit de la laisser parler au moment où elle le déciderait.

— Je pense que le Général O'Neill est mort, répondit Teal'c.

À l'évidence, l'état de son amie ne pouvait être lié autrement qu'à la mort de Jack. Cependant, Sam ne bougea pas, ne réagit pas à la phrase de Teal'c. Ils se turent tous. L'information était dure à digérer. Chacun d'entre eux y pensait, mais que l'un d'entre eux émette cette hypothèse était douloureux. Après douze heures, Pete engagea de nouveau la conversation avec Daniel.

— Elle l'aime, n'est-ce pas ? chuchota-t-il.

— Pardon ? demanda Daniel, un peu pris au dépourvu.

— Sam. Elle aime Jack, n'est-ce pas ?

Daniel ne répondit rien, sachant que la relation entre ses deux amis était des plus compliquées. Ce fut la porte de la cellule qui empêcha Pete de lui répéter la même question. La stupeur et l'étonnement se lurent sur les visages des trois hommes lorsqu'ils virent entrer Jack, parfaitement vivant. Ce dernier observa rapidement la cellule des yeux, puis se précipita vers Sam.

— Sam ! Sam ! Regardez-moi !

Elle leva les yeux vers cette voix qu'elle connaissait tant. Ba'al lui faisait-il aussi avoir des hallucinations ?

— Je vais bien, Sam. C'est moi.

Il ne pouvait pas aller bien. Il était mort devant ses yeux. Jack comprit que sa subordonnée était en état de choc et il décida donc de la serrer dans ses bras, en espérant que ce contact la sorte de sa torpeur. Il la serra donc fortement contre lui. Elle sentit alors son parfum. Ses cheveux chatouillant son nez. Sa peau chaude. C'était lui. Elle ne comprenait pas, mais se détendit. Les larmes apparurent, brouillant sa vision.

— Je suis désolé... murmura Jack.

Il tourna la tête vers les trois hommes et demanda :

— Combien de temps suis-je parti ?

— Environ deux jours, O'Neill, répondit Teal'c.

Pete le regardait. Il serrait « sa » Sam dans ses bras. Une bouffée de jalousie l'envahit, mais il sut qu'il ne devait rien dire. Cet homme se permettait de réconforter sa petite amie devant ses yeux sans même se soucier de ce qu'il pourrait penser.

— Le sarcophage n'a pas été des plus rapides... Chut, Sam, ça va aller... dit-il en enfouissant sa tête dans le creux du cou de Sam.

Pete détourna le regard. L'instant d'après, ils se retrouvèrent face à Jacob, à bord d'un vaisseau Tok'ra. Décidément, chacun avait amélioré son appareil de téléportation, et la Tau'ri n'en avait pas été informée !

— Qu'est-ce qui s'est passé ? ! s'exclama Pete.

— Nous sommes venus vous chercher. Nous avons reçu un appel de la base de Cheyenne Mountain qui était plutôt inquiétant, répondit Jacob.

Son regard se posa sur sa fille.

— Sam, tout va bien ? !

Jack s'écarta alors de Sam afin de laisser la place à Jacob. Il serra sa fille dans ses bras, mais Sam perdit connaissance quelques secondes plus tard. Plus de quarante-huit heures sans dormir, cela commençait à faire un peu trop.

— Ba'al ne nous a pas beaucoup épargné Jacob. Il lui faut du repos, expliqua Jack.

Sam fut prise en charge par deux Tok'ra qui se chargèrent de l'emmener dans une salle au calme, où une Tok'ra l'examina.

— Que s'est-il passé, Jack ? questionna Jacob.

— Je crois que je suis mort, répondit Jack.

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