Chapitre 19

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Je conseille de lire ce chapitre en écoutant "My name is Lincoln" de Steve Jablonsky.


Chapitre XIX

Jack grimpa à l'échelle en ferraille. Ses genoux le faisaient souffrir, et il se demanda quelle idée avait encore eu sa subordonnée de monter par là. Le mois de novembre n'était vraiment pas le plus chaud de l'année à Colorado Springs ! Que voulait-elle faire dehors ? Si elle voulait sortir voir son frère, elle aurait pu venir le voir directement à son retour. Mais bien évidemment, Daniel ne l'aurait pas laissé sortir sans surveillance. Il savait que son ami craignait autant que lui qu'elle ne se retrouve mal, seule à la surface. Il ne restait que quelques marches à gravir et il se retrouverait à l'extérieur. Il fit basculer le socle en fer, et se prit de plein fouet la pluie glaciale sur le visage. Il faisait sombre malgré le fait qu'ils soient en plein après-midi. Les nuages noirs d'orage et les sapins rendaient l'atmosphère pesante, triste. La faible luminosité couplée avec la pluie rendait l'ensemble mystérieux, sombre. Aussi étrange que cela puisse paraître, il aima cette vision qui s'offrait devant lui. La forêt de sapins agrémentée de quelques touches de couleurs d'automne, martelée de pluie. Et elle. Cette femme en plein milieu de la nature, la tête tournée vers le ciel. Juste là sous ses yeux, le blond de ses cheveux mouillés collés à sa nuque. Durant un instant, Jack s'arrêta de respirer. Le socle en ferraille se referma soudainement avec le vent dans un bruit sourd et fit sursauter Sam, qui se retourna vers son supérieur.

— Carter ? questionna Jack.

Elle ne répondit pas. Elle le regardait de ses grands yeux bleus, sans comprendre ce qu'il faisait là. Elle allait tuer Daniel, assurément. La pluie torrentielle qui s'abattait sur les arbres avait trempé Jack en quelques secondes. Elle l'admira en retenant son souffle. Dieu qu'il était beau. Son t-shirt mouillé moulait à la perfection son torse, et elle pouvait deviner facilement que le Général n'avait rien perdu de sa musculature. Son visage trempé faisait ressortir ses yeux chocolat dans lesquels elle se perdit, avant de l'entendre hausser la voix pour lui parler une nouvelle fois. La pluie ne leur permettrait pas de s'entendre s'ils ne parlaient pas assez fort.

— Carter, mais, bon sang, qu'est-ce qui vous prend ? ! questionna de nouveau Jack.

— J'avais juste besoin de prendre l'air, mon Général, répondit-elle, à moitié en hurlant pour se faire entendre de son supérieur.

— Prendre l'air ? ! Je pense que vous avez même pris une douche là, Carter.

— Oh, je vous en prie ! Pas de plaisanteries ! Pas maintenant ! dit-elle avec colère.

La dernière chose qu'elle voulait était d'avoir une conversation avec lui, maintenant. Elle était en colère contre lui, et s'il ne partait pas maintenant, elle ne garantissait pas de pouvoir garder son calme.

— Je vous demande pardon, Carter ? ! demanda-t-il, surpris du ton qu'elle prenait.

— Je n'ai pas besoin de vos plaisanteries, mon Général !

— Contrôlez vos propos, Colonel ! répondit Jack en souhaitant rétablir la hiérarchie.

— Ah non ! Vous n'allez pas vous y mettre vous aussi avec ça, Monsieur ! Vous savez quoi, j'en ai plus qu'assez de « contrôler mes propos » ! D'abord Johnson, puis vous ! Ça suffit, j'en ai ma claque !

Jack la regarda, complètement interloqué. Sam paraissait folle de rage.

— Oh, bien sûr ça semble assez évident que vous disiez la même chose. Dans quelques secondes, vous allez aussi dire qu'il faut me faire enfermer n'est-ce pas, mon Général ? !

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