94. [IRL] Spaces between back

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Point de vue : Newt

Je tiens la main de Tia, et on entre dans ce lieu maudit. Je crois que je ne me suis jamais senti aussi mal, mais si je fais ça, c'est pour Thomas.

J'ai envie de pleurer putain, j'ai une boule dans la gorge, mais je me retiens, autant pour ma dignité que pour Tia.

- C'est celle-là.

Elle désigne une allée du doigt, et je la laisse m'entrainer parmi les pierres tombales. Elle s'accroupit devant l'une d'elles, et je me pose à côté d'elle. Je lâche les fleurs doucement sur la pierre, pendant que finalement, Tia s'assoit en tailleur à son aise.

- Salut, dit-elle

C'est étrange de se dire qu'elle est en train de parler à une pierre qui ne lui répondra pas.

- Je sais que je suis pas venue avant, je suis désolée. 

Je ne dis rien, je la laisse parler. C'est elle qui a tenu à faire ça, c'est important pour elle, et moi je suis juste là pour la soutenir, et parce que sa mère ne l'aurait jamais laissée faire ça. Alors elle m'a demandé à moi.

- C'était difficile. Moi, si j'avais pu, je serais venue. Mais maman, elle n'a jamais voulu. Elle dit que la mort, ce n'est pas de mon âge. Je lui ai dit que ce n'était pas la mort que je voulais voir, mais toi. Elle m'a dit que tu n'étais plus là, que tu n'étais pas ici. Alors comment je suis supposée faire pour te parler moi ? Tu me manques.

Damn, cette gosse va me faire pleurer.

- J'aurais voulu qu'il n'y ait jamais eu cet accident. Mais s'il n'y avait pas eu cet accident, on n'aurait jamais découvert la tumeur et... Tu sais. C'est horrible. Mais on a eu plus de temps, grâce à ça.

Je renifle le plus discrètement que je peux. Comment est-ce qu'elle peut rester si posée dans cette situation ?

- Mais toi, toi tu me manques. Je rencontrerai jamais quelqu'un comme toi, qui rit avec moi, et qui m'explique toutes les choses que maman ne veut pas que je sache, et qui me fait des tresses et... tout ça, tu sais. Tu as toujours été ma meilleure amie. Ma grande sœur, en fait.

Je vais pleurer, je jure que je vais pleurer. Je n'ai jamais connu Sonya, la vraie Sonya, mais elle réussit à me manquer quand même.

- Quoi qu'il en soit, j'espère que tu vas bien là où tu es, que tu es heureuse, et que tu n'en veux pas trop à Thomas pour toutes les conneries qu'il fait. Il a été tellement atteint par ton départ tu sais, ça fait un an qu'il n'est plus le même. Mais je sais qu'il va redevenir celui qu'il était. Même si tu vas toujours lui manquer. Tu sais il m'avait dit qu'il t'épouserait un jour. Je sais qu'il l'aurait fait, tu aurais vu comme ses yeux brillaient quand il parlait de toi... J'aurais adoré que tu sois ma belle-sœur pour de vrai.

Elle pince les lèvres. Elle a les mêmes tics nerveux que son frère, j'aurais ri si je n'étais pas présentement en train de pleurer comme le sentimental que je suis.

- Enfin bref. Je ne vais pas revenir avant longtemps, parce que comme je t'ai dit, maman ne veut pas me savoir ici. Je voulais te présenter Newt.

J'ai une boule dans le ventre, alors que ce n'est qu'une pierre tombale, et que je sais que ce qui est à l'intérieur ne va pas en sortir pour me serrer la main, ou m'envoyer son poing à la figure. Je sais que ce n'est pas Sonya, et que la pierre de m'entend pas.

- Salut, je dis timidement

- Je crois que Thomas a besoin de ton approbation pour passer à autre chose. C'est pour ça que je te le présente. Bon, c'est un garçon, et il n'est pas toi... mais... à part ça... Newt est quelqu'un de très marrant, de gentil, de spécial, et il te ressemble un peu. Et je n'ai jamais vu Thomas heureux cette année si ce n'est avec lui. Et je veux que mon grand-frère soit heureux. Je sais que toi aussi. Et Newt, il est le seul qui puisse le faire. Il est la bonne personne pour ça. Je veux que tu l'aimes, parce qu'il est le seul qui sera capable d'aimer Thomas comme toi tu l'as aimé. Même si il ne va pas le dire.

Elle ajoute la dernière phrase en m'adressant un regard blasé, et je ne dis rien, beaucoup trop gêné et beaucoup trop perturbé par cette situation pour dire quoi que ce soit. Ensuite, elle se tourne vers moi.

- Voilà, j'ai fini. A toi.

J'hésite, mais je sais que je suis venu là pour ça, donc je me lance.

- Salut Sonya... Euh... Je ne t'ai pas connue en vrai. Mais, Thomas m'a beaucoup parlé de toi. Il t'adore, il t'aime, à l'entendre tu es la femme parfaite. J'aurais adoré te connaitre, en vérité. Et... Et je suis désolé pour ce que je suis en train de faire. Te voler ton homme. Je te promets que je ne l'aurais pas fait, si tu avais été toujours là. Et, si j'avais un moyen de savoir que tu ne veux pas que je l'approche, alors je partirais. Vous étiez vraiment beaux tous les deux, et c'est vraiment difficile pour moi de m'immiscer entre vous. Alors je veux que tu saches, que je ne vais jamais lui dire de t'oublier. Je ne veux pas qu'il t'oublie. Tu es importante pour lui, et je veux que tu le sois. Chaque fois qu'il me parlera de toi, je serai là, je l'écouterai. Tu auras toujours une place importante dans son cœur, et je ne veux pas que ça change. Je ne veux pas te le prendre. Je veux juste la place qu'il a à m'offrir. Je ne veux pas voler la tienne. Et, je ne sais même pas s'il va vouloir de moi réellement un jour, alors c'est peut-être n'importe quoi de venir te voir pour te dire tout ça mais... Mais j'avais besoin de le faire. Voilà. Il... Il est en train de se faire opérer maintenant et... et j'ai peur.

Je me mets à pleurer, pour de vrai cette fois, incapable de finir ma tirade, alors Tia vient me serrer dans ses bras.

- C'est bien Newt. Tu as dit l'essentiel. Et je suis sûre que Sonya t'aurait adoré.

- Tu crois ? je demande entre deux sanglots

- Oui. Si elle était là, elle te dirait de foncer, et de juste rendre Thomas heureux, et surtout d'être là quand il va se réveiller de l'opération. Je te promets, Thomas c'était comme ma sœur, je la connais par cœur, elle t'aurait dit ça.

Je hoche la tête, et fais de mon mieux pour arrêter de pleurer.

- Moi aussi j'ai peur... m'avoue Tia d'une petite voix.

Je la serre contre moi, je n'ai aucune idée de ce que je peux lui dire pour la rassurer. Mais, au moins, on sait tous les deux qu'on est là l'un pour l'autre, quoi qu'il arrive.

Skype ~ Newtmas (réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant