Chapitre 8

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Je finissais mon petit déjeuner en silence, Jean lisait son journal et Clémentine lavait des plats. Puis Benoit fit irruption dans la salle, toujours sans un bruit. Nous finîmes par nous séparer comme Jean l'avais dit précédemment. Avec Clémentine, nous commençâmes à parler.

- Je sais que la question a dû être posée des dizaines de fois mais tu sais Jean n'est pas de quelqu'un de très bavard. Je me demandais donc, pourquoi une jeune femme telle que toi veut faire partie de la résistance ? Pourquoi être partie de Bussy pour venir ici et quitter tes proches ?

- Eh bien, c'est très simple, j'ai appris beaucoup de choses, j'ai fait des rencontres qui ont fait que j'en suis rendue là.

- Je ne vais pas pousser, tu m'en diras plus quand tu te sentiras prête.

- Par quoi nous devons commencer ?

- Eh bien, il faut savoir qu'il existe plusieurs types de résistance, la premièrement, il y a celle qu'on appelle de passive, c'est le fait de ne pas aller en terrain mais plus de fournir des faux papiers, de cacher des juifs, ... Ensuite, il y a ceux qui vont plus ce porter sur la création des missions, donc savoir où sont allemands, décrypter leurs messages, ... Et enfin, en dernier c'est la résistance active, partir sur le terrain, prendre par surprise les allemands, faire dérailler un train par exemple, c'est le plus risqué, le danger est partout. Ce qui est arrivé à Richard est très fréquent.

- Je pense que la guerre nous a pris assez de chose, nous ne pouvons lui laisser aussi la France.

- Je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans votre vie mais ça n'a pas dû être joyeux.

- Je n'ai pas à me plaindre par rapport à ça, je veux juste aider.

J'avais décidé de laisser tomber mon côté sensible. Personne ne peut survivre comme ça dans ce monde de brute, de violence et de haine. J'avais passé toute la journée au prêt de Clémentine à apprendre toutes les bases de mon nouveau poste. Quand à Benoît, lui aussi avait travaillé, il avait passé des dizaines d'exercices afin de connaître ses aptitudes. Quelques jours après, j'avais été moi aussi testée sur le plan physique. C'est vrai que ça n'a pas été très concluant, mon niveau été bien loin de celui de Benoît. Je n'avais jamais poussé mon corps à cet extrême. Avant, mes journées n'étaient que le résumé de lecture et d'écriture de poèmes.

Deux ans plus tard, la situation avait bien changé. J'avais passé mes journées entre entraînement physique et travail avec Clémentine. Il est vrai que je ne faisais pas réellement des choses très compliquées, pas de musculation, mais simplement de la course. Le fait de partir vite en courant pour éviter de se faire repérer. Bussy avait également évolué, certes le régiment que j'avais connu été parti mais d'autres sont arrivés par la suite, d'énormes intempéries avaient détruits beaucoup de récoltes, la crise et la pénurie avaient touché mon village profondément. Je n'avais pas eu de nouvelles concernant ma belle-mère, je ne savais pas comment elle avait réagi à la suite de mon départ précipité. Mais a vrai dire je m'en fichais, pour l'instant, elle faisait partie de mon passé, une vie que je ne voulais plus. Me marier avec son fils était la pire erreur, j'avais enfin ouvert les yeux. Mon père avait voulu m'offrir une vie confortable avec un mari qui me convenait. Mais comment le savoir en ayant eu que deux rencontres avant ce fameux mariage ? Mon cher père avait tout fait pour me donner une vie des plus simples mais malheureusement ce ne fut pas le cas,

Demain, une nouvelle mission avait lieu. Je l'avais entièrement préparé. J'avais appris toutes les ficelles, Clémentine et tous les autres me laissaient les confectionner. Ils avaient pleine confiance en moi, j'avais su les faire croire en moi, c'était l'une de mes plus grandes fiertés, Plus le temps passait et plus mes activités me plaisaient. Mon autonomie s'accroissait. La mission consistait à prendre en otage des jeunes soldats allemands à Montoire, commune française en région Centre-Val de Loire située dans la zone occupée. Je savais qu'un régiment devait séjourner et qu'il y aurait des jeunes recrues. Les jeunes sont souvent ceux qui parlent le plus facilement. Ce n'était pas la première fois que nous prenions des soldats en otage, nous l'avions déjà faut auparavant pour obtenir des informations. Ça nous avait permis d'empêcher des tueries ou des cas similaires. Bien sûr, nous ne sommes pas barbares, nous ne les torturons pas. C'était une des seules règles que j'avais imposé. 

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