Chapitre 1 - Le cauchemar

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Peggy

Je cours. Je cours toujours plus vite. Chaque pas qui foule le sol humide de la forêt me fais haleter encore plus. Je sens mes poumons se remplir et se vider instantanément. La peur coule sous ma peau. Dans mes veines. Quoi qu'il arrive, je ne m'arrêterai pas. Je dois courir encore plus vite. Je n'ose même pas jeter un oeil derrière moi pour voir si on me suit toujours. De toute façon, on me retrouvera.

Niveau discrétion, je peux passer mon tour. Avec mes pieds qui tapent le sol et écrasent des brindilles et ma respiration saccadée, aucun doute qu'ils me tombent dessus d'une minute à l'autre.

J'accélère encore un peu malgré mon point de côté. Je tourne la tête une fraction de seconde pour voir si ils arrivent et je me prend les pieds dans une racine.

Mes mains s'agitent dans le vide et je tombe à la renverse. Je n'ai pas le temps de me relever qu'un pied m'écrase la colonne vertébrale. Un rire rauque, que je reconnaîs entre tous, éclate dans le calme de la forêt. Mon coeur loupe un battement et ma respiration se coupe.

Je me réveille en sursaut. Je me redresse dans mon lit et je me rend compte, dans un premier temps, que personne ne m'écrase. Ensuite, je n'ai pas de brindilles qui me colle au visage, ni l'odeur de la terre dans les narines.

Je reprend peu à peu une respiration normale. Maudit cauchemar ! Je pense. Il revient me hanter presque toutes les nuits. Et toutes les nuits, j'ai l'impression de vivre cette scène comme si j'y étais vraiment. C'est un enfer !

Je me lève et étire mes muscles tendus. Je me dirige vers la fenêtre, l'ouvre et allume une cigarette. Le fait d'avaler une bouffée de fumée, me fait me sentir mieux. Légèrement plus apaisée.

Comme chaque fois après mon cauchemar, je me rend compte que mon lit est humide. Je vis tellement ce cauchemar comme si il était vrai que j'en transpire de peur et d'angoisse.

Je tire une dernière fois sur ma cigarette puis, je l'écrase dans mon cendrier près de la fenêtre de ma chambre. Je respire un bon coup. Je change les draps et file prendre une douche bien chaude.

Peu à peu l'eau me détend et je peux démarrer la journée plus paisiblement. Je mets mon cauchemars dans un coin de ma tête et je sors de ma douche.

***

Une fois arrivée à la crèche des Lutins verts, je dis bonjour à mes collègues et vais au vestiaires déposer mes affaires et changer de chaussures. Cela fait 2 mois que je travaille dans ce prégardiennat et je m'y sens vraiment bien. J'aime beaucoup l'ambiance et le fonctionnement.

Avant de travailler là, je ne savais pas que les pregardiennats existaient. C'est un peu comme une crèche mais avec seulement la section des grands. On acceuille des enfants âgés entre 18 mois et 3 ans.

Mes collègues sont super sympas et cela depuis mon arrivée. Je m'entend plus particulièrement avec Jessica. J'ai accroché directement avec elle. Mais Hanna et Kelley sont aussi adorables.

Aujourd'hui, je commence à 10h. Du coup, Hanna et Kelley qui faisaient l'ouverture sont déjà là et Jess ne devrait plus tarder. Nous l'attendons pour faire le débriefing. Je m'assis près des enfants qui viennent me dire bonjour et me raconter plein de chose que je ne comprend absolument pas.

Jessica arrive, elle nous fait la bise, part au vestiaire et revient. Hanna commence à nous expliquer comment vont les enfants de chaque groupe. Car ici, aux Lutins verts, nous fonctionnons par puéricultrice de référence.

Qu'est ce que c'est ? Et bien, chacune a un groupe de 5 enfants et ce jusqu'à leur départ en maternelle. On s'occupe plus spécialement de ses enfants là et on les suit dans leur développement tout au long de leur séjour chez nous.

J'ai directement pris mes marques et je me sens à l'aise et investie. Et même les enfants se sont directement adaptés à moi.

Nous avons peu d'enfant, beaucoup sont déjà en vacances. Aujourd'hui, je me retrouve donc avec Achille - je vous l'avoue c'est mon petit chouchou -, Antoine et Marie. Je décide d'aller dans la pièce à côté pour faire du dessins avec mes loulous.

À cette instant, la directrice, Hélène, entre dans la section avec un air pincé. Elle a, malheureusement, toujours l'air en colère ou insatisfaite. Sans nous saluer, elle nous annonce déjà la nouvelle du jour :

- Les filles, des ouvriers vont venir à partir de la semaine prochaine pour remettre le prégardiennat en état. Lui redonner une seconde jeunesse. Étant donné que l'été approche et qu'il y aura sans doute moins d'enfants, ils viendront faire leur travaux pendant vos heures de services. Je vous laisse gérer ça ?!

Nous nous regardons toutes interloquées. Nous savons toutes les 4 que ce n'est pas une question mais une affirmation. Nous n'avons pas notre mot à dire.

- Bien, si vous avez des questions, vous connaissez le chemin de mon bureau, dit-elle sans nous regarder.

Nous la suivons toutes du regard jusqu'à ce qu'elle monte dans son bureau.

- Euuuh...? S'interroge Kelley.

- Oookeeyyy ! Dit Jessica troublée.

Je reste silencieuse. Et Hanna lâche un petit rire nerveux en ajoutant :

- Ça va être le chantier, youpie !

Les enfants rigolent et poussent des cris de joies. Ils ne riront plus longtemps avec le bruit des visseuses et autres gadgets électronique de ce genre.

La journée se passe bien, Hélène ne revient plus vers nous par rapport à cette histoire de travaux à faire. Elle passe la journée dans son bureau, comme souvent. Je ne l'a vois que très peu. Je n'ai pas reçu beaucoup de retour d'elle par rapport à mon travail et mon intégration au sein du prégardiennat.

Par contre, j'ai eu des retours de l'assistante sociale, Suzie. C'est une petite asiatique adorable mais un peu dans son monde. Elle m'a dit que je faisais du bon boulot et qu'elle et la directrice était très heureuses de m'avoir et satisfaites de ce que je faisais. Elle a parlé en son honneur mais la directrice ne m'a rien dit d'elle même. Les filles me disent qu'elle est comme ça avec tout le monde. Tant qu'elle ne me cherche pas des noix tout va bien.

La journée s'achève et une fois tous les enfants partis et la section rangée, je file mettre mes chaussures et ma veste en cuir. Je suis en manque de clope !

J'attend Jessica qui est au toilette, j'éteins toutes les lumières et je sors déjà allumer ma clope. Dès que je sens les premiers effet de cette pourriture, je me sens déjà mieux. La cigarette a le don de m'apaiser. De me faire aller mieux.

Jessica sort enfin et ferme la porte a clé.

- Encore en train de fumer ? Me dit-elle en me regardant d'un mauvais oeil.

Je suis habituée à ce genre de remarques. Je l'ai tellement entendu. Si j'avais encore 16 ans, je l'enverrai se faire foutre. Mais, j'ai changé. En tout cas j'essaie de changer. Je lui souris et lève les yeux au ciel.

- Ça te tuera ! Ajoute-t-elle.

Je hausse les épaules et me met en chemin vers ma moto. Oui, je suis une rebelle ! Je lance un signe de la main à Jessica. Elle s'approche de moi et claque une bise sur ma joue. Je souris, enfile mon casque et démarre ma moto.

Aime-moi ! [En Cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant