Chapitre 11 - Il me plait mais...

154 12 0
                                    

Peggy

Le réveil est dur ce matin. Je fais répéter mon réveil trois fois avant d'enfin me lever. J'ai très mal dormis et surtout très peu dormis. J'ai rêver de Dan qui me courait après dans une forêt. Au lieu que ce soit Lui qui me courait après dans mon cauchemar, c'était Dan. Une fois que je tombais à cause d'une racine, c'était Dan qui m'empêchait de me relever. C'est lui qui me faisait toutes ses choses horribles.

Mais ce n'est qu'un cauchemar. Il faut vraiment que j'arrête d'y penser. Que se soit à Lui ou à Dan.

Je me lève enfin, allume ma cigarette et regarde la ville dehors qui s'agite. Il n'est même pas encore 9h et tout le monde est déjà en activité.

***

Avant d'arriver au prégardiennat, je passe à la boulangerie me prendre un café, un croissant et un sandwich à l'américain. Je bois mon café noir d'une traite puis mange mon croissant sur le chemin.

- Salut Peggy, me lance Kelley quand j'arrive devant le prégardiennat.

- 'lut, je répond la bouche pleine.

Elle ouvre la porte et nous pénètrons dans le prégardiennat. Anouk, la femme d'ouvrage, et Suzie, l'assistante sociale, sont dans la cuisine en train de discuter. On leur dit bonjour puis nous entrons dans la section.

Je croise directement le regard de Dan qui descend les escaliers qui mène à la salle de sieste. Et une fois de plus, je me perd dans son regard. Ce matin, il est d'un gris clair comme de la glace. Tellement beau.

- Peggy ?

Je me rend vite compte que trois paires de yeux nous fixent. Je détourne les yeux en rougissant jusqu'aux oreilles. J'entend Dan continuer à descendre les escaliers et je sens toujours les regards de mes collègues sur moi. Je fixe un point imaginaire.

- Bonjour Peggy, me lance Dan à quelque centimètre de moi.

Je lève la tête et lui fais un signe de la tête en guise de bonjour. Puis, je me décide enfin à bouger et file au vestiaire pour me changer.

À peine revenue, les filles me sautent dessus.

- C'était quoi ça Peggy ? Me demande Jess.

- Oui c'était quoi ce regard, surenchérit Kelley. Tu nous cache quelque chose ?

Je rougis doublement. Je regarde autour de moi. Dan ne semble pas être dans les parages, ouf ! Malheureusement, Kelley, Jess et Hanna ont surpris notre échange. Comment leur faire comprendre que je ne suis pas attirée par Dan alors que c'est tout le contraire ?

J'y ai beaucoup réfléchis cette nuit et j'en suis venue à cette déduction : je suis attirée par Dan. Ça m'a fait un choc de l'apprendre.

- Nous attendons une réponse jeune fille, insiste Jessica.

Je ris nerveusement. Par chance, Hanna vole à mon secours :

- Laissez là, les filles ! Elle nous révèlera son secret en temps voulu.

Mon secret ? Encore ce satané mot qui me fait paniquer.

Dan revient dans la section et le silence se fait d'un coup. Je l'ignore et demande à Jess et Hanna qui ont fait l'ouverture de nous faire le débriefing des enfants.

Une fois cela fait, Jessica et Kelley me regarde d'un drôle d'oeil. Je décide de prendre mon groupe d'enfant dans la pièce d'à côté pour faire un peu de dessin.

- Tu ne sors pas aujourd'hui, comme c'est étrange, lance malicieusement Kelley.

Je ne répond rien. Et prend Achille et Antoine à côté.

- Elle préfère rester auprès de Dan, renchérit Jessica en insistant bien sûr son prénom.

Je les fusille du regard et ferme la porte un peu trop brusquement. Malgré tout, j'entend les filles rire à travers la porte vitrée. Je les vois surtout.

Mes deux enfants s'installent à leur table et attendent impatiemment la suite du programme. Je décide donc de faire de la peinture à l'improviste. Je leur met un tablier chacun, leur donne une feuille blanche cartonnée à chacun, un pinceau et de la peinture bleu clair.

Ils s'amusent comme des petits fous et en mettant partout. Je change de couleur et leur donne du bleu foncé. Le mélange des deux sur leur feuille est très... artistique.

Quand j'estime que c'est assez, je leur retire leur feuille pour les faire sécher. Il en réclame encore, du coup, je leur lave les mains. Puis, je leur redonne une feuille et à l'aide d'un pinceau, je leur peint leur main en mauve. Pour ensuite, faire leur empreinte sur la feuille blanche.

Antoine trouve ça très rigolo. Je met son empreinte à sécher et m'attaque à celle de Achille mon petit préféré de la bande. Je lui embrasse le front puis lui rempli la main de peinture mauve.

À cet instant, la porte de la section s'ouvre. Je tourne la tête et tombe sur Dan. Il porte un pantalon de travail bleu et un t-shirt blanc avec le logo de son entreprise sur sa poitrine gauche.

Il sourit quand je le détaille. Je tourne la tête et m'applique à ma tâche. Une fois l'empreinte parfait de mon petit Achille faite, je lui lave la main. Ensuite, je leur enlève leur tablier et leur donne un livre à lire le temps que je range le matériel et nettoie la table.

- Ça a l'air de leur plaire. Que compte tu faire avec leur empreinte ? Un poisson ?

Je tourne la tête vers Dan qui a un doigt sur son menton comme s'il réfléchissait sérieusement à sa question. Je ris intérieurement.

- Une pieuvre, je répond.

- Une pieuvre ? Il répète.

Il réfléchit encore puis étire ses lèvres en un grand sourire.

- Je visualise bien oui.

Cette fois, je souris moi aussi. Mais mon sourire s'efface en repensant à sa petite famille que j'ai aperçu sur le pont de Saint Tropez. Comme si il lisait dans mes pensées, Dan me demande :

- Tu en penses quoi de Saint Trop' ?

- Ça a beaucoup changé.

- Tu y étais déjà aller ? Me demande-t-il curieux.

Je le regarde et souris d'avance.

- Non, mais ça a beaucoup changé depuis l'époque des gendarmes.

Il m'interroge du regard puis, son visage s'illumine. Il a compris ! Il sourit à son tour.

- Bien vu ! Tu as été voir la gendarmerie alors ?

Je fais non de la tête. J'avoue que ça me plairait bien d'aller voir la gendarmerie de Monsieur Cruchot. Une fois de plus, Dan semble lire dans mes pensées :

- Ça te dit d'aller la visiter ?

Je panique. C'est quoi ce plan ?!

- Si tu ne veux pas, pas de problème, c'était une question comme ça. Mais, j'y emmène souvent mes neveux et ils adorent ! Malgré que se ne soit pas de leur époque, dit-il en se retournant et en se dirigeant vers la porte vitrée.

Ses neveux ? Est-ce que les deux garçons que j'ai vu avec lui hier sont ses neveux ?

- Ce n'est pas mon époque non plus, je répond.

Il s'arrête devant la porte, tourne la tête vers moi et je vois son sourire s'étirer sur ses lèvres. Je ne vois plus que ça : ses lèvres qui bougent.

- Ce n'est pas la mienne non plus.

Je ne répond rien, je suis tellement concentrée sur ses lèvres. Elles ont l'air si douces. Il se retourne, passe la porte et je me retrouve toute seule. Que vient-il de se passer ?

- Peggy, Peggy, m'appelle Antoine, un aut'e liv'e, un aut'e liv'e, me demande-t-il.

Je me ressaisi et me concentre sur les deux enfants devant moi.

Aime-moi ! [En Cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant