Le frère de ma meilleure amie //Nekfeu//

Retour à Paris

Point de vue d'Annabelle

Je suis désormais dans l'avion, prête à m'endormir pour une bonne partie des treize heures de vol qui m'attendent, mais les pensés que je tente de fuir depuis que je suis arrivée à l'aéroport me maintiennent éveillée.

Malgré moi, mon esprit se tourne irrévocablement vers le moment que j'ai passé avec Ken. C'était tellement improbable que je me demande encore si je ne l'ai pas rêvé. Mes souvenirs encore nets défilent dans ma tête à toute vitesse.

Rencontre imprévue dans l'aéroport.

Mon casque sur ses oreilles, sa colère.

Tentative ratée de l'éloigner pour ne pas craquer devant ses beaux yeux.

Ses lèvres contre les miennes.

Mon poul qui bat à toute vitesse, mes pensés raisonnables qui me quittent, une envie irrépressible de lier nos corps.

Nous deux dans ce lit, essoufflés.

Mots doux dans mon oreille.

Et enfin ma conscience, que j'avais réussi à taire jusque là, qui vient me rappeler le vol pour Paris, mon billet offert par Ivan...

Mon cœur se serre au souvenir de la déception que j'ai pu lire sur le visage de Ken. Je sais qu'il aurait aimé que je reste, et au fond, moi aussi j'aurais préféré rester.

Mais ce n'était pas le moment.

Je suis donc partie, en tâchant d'être la plus froide possible pour ne pas lui montrer à quel point c'était dur pour moi de le laisser.

Je ne regrette absolument pas ce qu'il s'est passé entre nous. C'est vrai qu'on aurait sans doute dû parler avant, vu toutes les choses qu'on a à mettre au clair...

Il n'empêche que j'en avais envie et que, de toute évidence, lui aussi.

Rien ne pourra me faire regretter ce moment de bonheur partagé.

Mes yeux se ferment et j'essaye tant bien que mal de faire le vide dans mon esprit jusqu'à atteindre un sommeil complet.

Dormir pendant le vol m'a permis de ne pas voir le temps passer. Une fois arrivée à Paris, je récupére ma valise et sors de l'aéroport à 7h du matin, heure française. Je prends le métro pour arriver chez Ivan et je tape le code pour entrer dans son immeuble. Il ne répond pas à son portable, je me retrouve donc réduite à devoir sonner chez lui jusqu'à ce qu'il daigne se lever.

J'ai bien dû attendre dix bonnes minutes avant de voir mon ami m'ouvrir la porte en caleçon, l'air crevé.

« Me voilà ! » m'écrié-je en le prenant dans mes bras.

« Parle moins fort, j'ai mal à la tête là... »

Ivan m'ensert contre lui à son tour, même s'il n'a pas l'air très frais.

« Gueule de bois ? »

Je le sens hocher la tête, ce qui me fait rire.

« Ça me fait plaisir de te voir Ivan. Par contre, je savais pas que tu te mettais encore mal à ton âge ! »

« C'était justifié, c'est pas tous les jours que je sors un album ! »

« C'est vrai ! »

Je m'empresse de le féliciter une nouvelle fois et il me remercie avec un grand sourire fier.

« Bon par contre, c'est pas que j'taime pas mais je crois qu'on reparlera d'ici 4h. Je vais me recoucher, fais comme chez toi. »

Ivan part dans sa chambre et j'en profite pour prendre mon petit déjeuner et ma douche. Vu les bouteilles vides qui trainent dans son appart, j'ai l'impression qu'ils ont déjà bien fêté la sortie de l'album hier.