Chapitre 16

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— Une liste.

— Une liste ?

Émile était agenouillé au dessus d'une bassine, rinçant sa part de lessive pour la journée à la main. Et dire que chez lui, c'était encore ses parents qui se chargeaient de ça, autant dire qu'il était absolument ravi de découvrir ainsi cette activité fort distrayante. Penchée par dessus lui, Elisabeth - qui ne pouvait plus s'agenouiller sans tirer sur ses sutures - regardait d'un œil distrait le jeune homme en train de faire ses corvées. Elle y échappait pour le moment, mais bientôt elle devrait elle aussi faire du service public dans le camp, bien qu'elle espérait très vite refaire partie des explorateurs plutôt que de tourner en rond ici comme un lion en cage.

Trois jours s'étaient écoulés depuis le grand conseil de Martha, du moins c'était comme ça qu'elle appelait ce moment incroyable où l'air de rien elle avait pris le pouvoir décisionnaire, et la vie semblait suivre les grandes lignes décidées par la grand-mère du camp - et cette appellation là était plutôt plutôt globale pour le coup. Les journées étaient d'une longueur lancinante pour Elisabeth qui ne pouvait rien faire et persistait à ne pas rester au lit à se tourner les pouces en attendant de guérir. Il fallait donc qu'elle s'occupe et ce n'était pas une dizaine de points de suture dans la cuisse qui allait l'empêcher de vivre.

— Il serait temps de savoir qui est dans ce camp, non ? Et ça sera bien plus facile pour établir les programmes de corvées.

Émile remua la tête en signe d'assentiment, le blond presque platine de ses cheveux accrochait la lumière des lampes blanchâtres du plafond. Et pour combien de temps en avaient-ils encore d'électricité et de lumière après tout ? Encore une question qu'il ne valait mieux pas se poser.

— Et tu vas devenir folle à rester ici à ne rien faire surtout.

— Oh ça va, râla-t-elle. Tu vas m'aider ?

— Si tu veux, mais je ne sais pas si tout le monde va te dire oui bien gentillement.

Quand Mathias était venu lui parler juste après qu'on l'ait recousue et que la discussion avait dévié sur ses collègues étudiants, elle s'était rendue compte que non seulement elle les connaissait tous seulement en surface mais qu'en plus elle ne connaissait même pas le visage de la moitié des membres du camp.

— On pourrait aussi demander les métiers de tout le monde, ça pourrait servir d'avoir... Je sais pas, un plombier sous la main.

Elle aurait bien aimé avoir un plombier sous la main quand elle avait donné ce coup de pelle de trop, par exemple. Émile essora la chemise qu'il était en train de laver et la passa distraitement à Elisabeth. Docile, elle la fit claquer dans l'air avant de le poser sur l'étendoir tout neuf.

— Et tu veux faire ça comment ? interrogea-t-il tout en prenant un nouveau t-shirt sale dans la pile à laver.

— Je me disais qu'on pourrait tous mettre une petite étiquette avec notre prénom sur la poitrine.

— Oh bah oui, ça m'a l'air excellent comme idée. Un petit tour de présentation aussi, devant tout le monde ?

Elle leva les yeux au ciel tout en haussant les épaules provoquant un rire clair chez le blond, elle lui expliqua qu'elle voulait tout simplement aller parler à tout le monde et demander des informations de bases - nom, prénom, métier ou bien activité où ils s'estimaient doués et peut-être d'autre chose auxquelles ils penseraient plus tard - et les noter sur une feuille, Martha en ferait sûrement quelque chose d'utile. Après avoir reçu son approbation, elle le laissa pour aller chercher de quoi écrire dans la boutique.

Elle traînait sa jambe blessée comme un boulet, avançant lentement vers le magasin où elle allait pouvoir aller chercher le matériel dont elle avait besoin. Tout le monde était occupé autour d'elle, affairés à ses activités assignées ou simplement à faire sa vie dans le camp. Il avait fallut un certain temps mais tout le monde semblait enfin prendre la mesure de leur situation et du fait qu'il allait falloir s'y faire pendant un certain temps. Ainsi, la vie commençait à nettement plus ressembler à une vie quotidienne classique, tout simplement sans soleil et presque sans intimité.

Juste après la Fin du MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant