Chapitre 26

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Martha pris la nouvelle avec tellement de violence qu'il avait fallu la faire asseoir durant quelques minutes. Elle avait dodeliné de la tête tout en murmurant tout bas des paroles qui ne semblaient pas avoir de sens avant d'enfin se reprendre : elle avait tiré sur le bras d'Elisabeth pour se remettre debout et était de nouveau prête à affronter les événements. L'ennemi était manifestement là, il fallait établir un plan d'attaque.

En revenant au camp, ils avaient menti éhontément en affirmant qu'ils n'avaient pas trouvé la famille aux quelques personnes toujours debout, déclenchant l'ire d'Elisabeth qui s'était empressée de leur faire sentir sa façon de penser dès qu'ils s'étaient retrouvés seuls. À 5 contre 1, il avait été décidé que dire d'emblée qu'ils avaient retrouvés des cadavres était le meilleur moyen de déclencher une panique générale. Ils s'étaient donc réunis en petit comité au beau milieu de la nuit pour discuter de la situation et du problème insoluble qui s'offrait à eux.

Quelqu'un, à fortiori leur ennemi, avait réussi à creuser une fine ouverture dans un éboulement et avait réussi soit à attirer quelqu'un dans ce couloir, soit à être extrêmement patient et attendre que quelqu'un s'y risque pour les abattre purement et simplement, sans doute avec des silencieux. Les implications de cet événement étaient multiples, et effrayantes à bien des égards. Le parking, qui leur semblait si près et si accessible, était de manière certaine en contact avec l'extérieur puisque quelqu'un avait réussi à venir jusqu'ici. L'endroit où il se trouvait était visiblement aux mains de l'ennemi, et non pas de leurs alliés. Si ils ne défonçaient pas ce mur, c'était qu'ils ne voulaient ou ne pouvaient pas contrôler tout le monde sans contrecarrer leur propre plan, qui consistait sans doute à récupérer un membres de ce camp vivant.

Les policiers n'avaient pas pu garder pour eux plus longtemps leur théorie, devant les autres membres du groupe d'exploration - Dom', Martha et Jean - ils avaient partagé leur théorie la plus solide à ce jour : la présence d'un espion parmi eux. Un élément que les Eugénistes ne pouvaient pas perdre et que pour une raison ou une autre ils étaient en train de chercher.

— Ce genre de technique est utilisée depuis quelques années, des espions sont placés puis récupérés quelques années plus tard lors d'une moisson, expliqua Mathias.

Les moissons étaient le nom donné à ces "opérations" où les Eugénistes venaient récupérer toute une flopée de cobayes lors d'événements publics ou de fêtes, plus le temps passait moins ce genre de fête était organisée par peur de devenir un triste événement. Le policier réprima un bâillement et jeta un œil à sa montre, il était déjà 23 heures et il avait littéralement passé la journée à marcher dans tous les sens, et c'était sans compter sur la petite nouvelle de fin de journée qui faisait plaisir.

— On pense que c'est pour ça qu'ils ne déboulent pas avec des armes de frappes ou ne font pas tout simplement écrouler la voûte, reprit son collègue. Il y a quelqu'un ici qu'ils veulent vivants.

Il ne put s'empêcher de passer en revue chaque visage présent, il n'excluait toujours pas la possibilité que l'un des acteurs de ce soir ne soit cette personne et il avait peur que faire fuir cette idée ne signe pas finalement leur fin à tous. Si l'espion se sentait sur le point d'être démasqué, savait qu'il avait une porte de sortie, rien ne l'empêchait de s'enfuir en courant, de se faire récupérer et signer leur arrêt de mort à tous.

— Et tu penses que c'est peut-être un d'entre nous.

Elisabeth avait brisé le lourd silence qui s'était installé, exprimant à voix haute ce que tout le monde pensait. Elle reprit :

— Ne t'inquiète pas je comprends, j'ai moi aussi beaucoup de mal à faire confiance aux gens qui cachent quelque chose pour leur propre intérêt.

Juste après la Fin du MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant