Chapitre 36

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— Il est hors de question de repartir sans Julie !

Elisabeth tapa si fort du poing sur le torse d'Hayden qu'un bruit sourd résonna entre eux deux. Étant donné les impressionnantes armes pendues au torse de ce militaire et le sourire froid qu'il arborait, Mitsu qualifiait ce geste de courageux, bête mais courageux. Il échangea un regard entendu avec son collègue qui leva les yeux au ciel, l'air de dire "typique Eli".

Hayden prit une inspiration profonde tout en se saisissant des mains de la jeune femme, toujours sur son torse. Mille façons de la torturer avec quelques belles références à sa façon de s'enfuir en permanence lui vinrent à l'esprit mais il choisit de les taire : inutile de repartir dans une dispute sans queue ni tête avec elle. Surtout vu la situation dans laquelle ils se trouvaient présentement.

— Je vais faire mon boulot, partir avec mon équipe et aller la chercher. Vous en avez assez fait : vous êtes des civils.

Il avait appuyé sur ces derniers mots en particulier, pressant ses mains avant de les lâcher.

— Pas nous, glissa Mitsu.

Hayden aurait juré qu'il souriait tout en parlant mais il faisait si sombre qu'il n'en était pas certain. Il n'aimait pas trop l'expression suffisante du collègue de Mathias, et il semblait qu'il allait même lui donner raison.

— Il est vrai que nous pourrions avoir besoin de quelques mains supplémentaires...

— Il faut bouger, rappela sèchement un soldat qui s'était glissé derrière eux.

La plupart des militaires étaient affairés à encadrer les autres survivants, les rassembler pour pouvoir les amener dehors sans encombres mais la nouvelle qu'un groupe s'était détaché pour s'enfuir était plus que préoccupante : il fallait trouver au plus vite une nouvelle organisation.

— Quand sont-ils partis ? demanda Hayden en glissant un regard vers le tunnel en question.

— Tôt ce matin, répondit Mitsu.

Il fit craquer ses doigts tout en s'étirant avant de reprendre :

— Si on part maintenant, on peut les rattraper en quelques heures avant que...

Il laissa sa phrase en suspens, les sourcils froncés et un air soudain beaucoup plus sombre sur le visage.

— Avant que quoi ? demanda Hayden d'un ton beaucoup plus agacé.

Mais c'est vers son collègue et Elisabeth que se tourna Mitsu :

— J'ai l'impression que Martha a vraiment fondu un plomb, dit-il doucement. J'ai peur des décisions qu'elle pourrait prendre...

Mathias soupira d'un air abattu tandis qu'Elisabeth semblait animé d'un nouveau feu :

— Il y a des enfants et des innocents avec elle, sans parler des Eugénistes qui peuvent débarquer d'un instant à l'autre ! Il faut partir, Hayden !

Ce dernier porta son regard sur les couloirs sud, de l'autre côté de l'oasis, comme si il venait de se souvenir qu'une autre menace bien plus dangereuse les menaçait.

— Une explosion contrôlée pourrait les ralentir, commenta soudain Mitsu.

Alors qu'Hayden le regardait de nouveau, interloqué, il désigna du menton les sacs que les militaires avaient déposé au sol en arrivant.

— Vous avez dû prendre des explosifs, non ? Au cas où un tunnel se serait effondré.

— Mitsu, c'est ça ? - il acquiesça d'un geste sec - Tu es un représentant de l'ordre aussi, non ?

Juste après la Fin du MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant