Chapitre 30

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Après 6 heures passées à arpenter des tunnels, autant de fausses joies en pensant trouver des passages vers l'extérieur et un silence oppressant à couper au couteau, Mathias n'y avait plus tenu et avait réengagé la conversation tandis qu'ils avaient fait une pause pour grignoter un petit quelque chose. Au moins quand ils étaient d'exploration, il pouvait d'ailleurs s'assurer qu'elle ne filait pas ses rations à quelqu'un d'autre sous prétexte qu'elle n'avait pas faim.

— Et tu crois que tu vas nous faire une cicatrice comment si tu te nourris pas correctement, lui asséna-t-il au premier refus qu'elle lui accorda.

Elle finit par se laisser convaincre, non sans râler, et accepta sa part de barres céréalières. Elle lui arracha littéralement des mains avant de s'asseoir pour la manger et la grignota tellement lentement qu'il se demanda depuis combien de temps elle n'avait rien avalé. Il commenta, un peu acerbe :

— Ils ne mourront pas de faim en restant le cul vissé au sol au camp, toi peut-être si tu continues à courir comme ça dans les tunnels l'estomac vide.

— Tu veux que je t'appelle «papa » aussi ? demanda-t-elle en lui envoyant un coup de pied.

— Si ça t'amuses...

Elle tenta de lui en envoyer un second et il explosa de rire cette fois-ci en l'attrapant au vol, c'était bien trop facile de l'énerver mais au moins ça lui passait le temps. Même si elle affichait son air des mauvais jours, elle avait l'air bien plus détendue que lorsqu'ils avaient parlé de Sarah plus tôt dans la journée. Il avait d'ailleurs encore des milliers de questions à ce sujet mais se résolut à les garder pour plus tard, dehors autour d'une bière ou d'un foutu café.

— Je tuerai pour un café, dit-il pour prolonger sa pensée.

Il enfouit la tête dans ses bras et y frotta ses yeux endoloris, évoluer ainsi dans le noir en permanence était de plus en plus usant autant physiquement que mentalement. Il allait se mettre à pleurer quand il reverrait la lumière du jour, il en était à peu près certain.

— Si je te dis que j'en ai, tu me tues ?

Il releva derechef la tête, tellement d'espoir inscrit sur son visage qu'Elisabeth se decida à cesser cette blague sur le champ.

— J'en ai pas, oublie !

— Tu fais chier... - il envoya à son tour son pied en direction de la jeune femme, elle ne bougea même pas pour l'esquiver - mais je te paierai quand même un jus de pomme quand on sortira.

— Quand on sortira, hein ?

Elle rangea l'emballage en plastique dans une poche latérale avant de se lever, épousseta rapidement sa main avant de lui tendre pour l'aider à se relever :

— C'est pas mal d'avoir au moins une personne qui y croit dans cette affaire.

Ils avaient décidé d'allonger les distances pour encore une fois couvrir plus de terrain et augmenter leurs chances, il n'était pas encore temps de rebrousser chemin pour rentrer à bon port : ils vérifièrent qu'ils n'oubliaient rien, que la carte était toujours à jour et continuèrent leur avancée toujours plus profond sous terre. Le nombre de couloirs, tunnels, connexions en sous-sol continuait de les étonner d'heure en heure.

— Tu penserais qu'un gruyère pareil se casserait la gueule à la première bombe, non ? demanda Mathias en balayant sa lampe sur la carte.

— C'est un peu ce qui s'est passé.

Elle montra de son faisceau un énième éboulis pour illustrer ses propos. Si ils pouvaient couvrir autant de terrain, c'était aussi parce que de nombreux éboulement avaient ouvert des voies pour eux et si ils n'avaient pas très vite adopter une méthodologie rigoureuse pour s'y retrouver, ils se seraient très certainement perdus dès les premiers jours.

Juste après la Fin du MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant