Zébrés

12 ; Tu ne comprends pas

Média : photo personnelle. Bonne lecture !

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Tina

La nuit est tombée, baignant ma chambre dans une obscurité spéciale. Depuis que nous sommes rentrés, Nolan ne m'a pas adressé la parole. Soit parce qu'il regrette, soit parce qu'il ne sait pas comment agir. Quant à moi, je ne parviens pas à prendre les devants. Est-ce de ma faute ? Ai-je mal réagi ? Je ne l'ai pas rejeté, même si j'ai pris peur. J'ai beaucoup apprécié le moment que nous avons échangé dans ce salon du thé. Il me paraissait vrai et sincère.

Dès que nous avons passé le pas de la porte, il a changé du tout au tout. Je l'ai vu se renfermer à partir du moment où il a croisé le regard de son semblable. J'ai du mal à comprendre ce brusque changement de comportement. Dans la voiture, il avait l'air content, bien que pudique sur ses sentiments. Les deux frères se sont-ils réconciliés ? Sûrement que leur différend a perturbé l'aîné. Est-ce la raison de son soudain éloignement ?

À la réflexion, je ne suis pas certaine qu'il s'agisse d'une bonne idée. Après tout, je vais bientôt quitter le pays et, il n'imagine pas effectuer le voyage jusqu'en France. Cela ne mènerait nulle part.

Oppressée dans cette pièce exiguë, je m'en échappe discrètement. La maison est plongée dans l'ombre, signe que ses habitants dorment. Sur la pointe des pieds, je me dirige vers le salon où je m'installe confortablement. Avec cet épisode sentimental, je ne réussirai pas à dormir. Les événements tournent sans cesse dans mon esprit alors que je cherche une explication, en vain.

La couverture à carreaux de Nolan traîne sur le fauteuil voisinant le canapé. Je m'en empare et la dépose sur moi, m'enveloppant dans son odeur. Les questions fusent. Chaque hypothèse se révèle plausible, éloignant la paix de moi. La douceur du tissu m'apaise un tant soit peu.

Que va-t-il se passer demain ? Fera-t-il mine de rien ? Cela me blesserait. Je n'aime pas lorsque les choses ne sont pas claires. Par-dessus tout, s'il décide d'oublier notre baiser, de nier ce qui existe entre nous, j'aurais énormément de mal à l'accepter. Il aurait joué avec ma confiance, je ne le supporterais pas.

Pourtant, j'avais l'impression que nous étions sur la même longueur d'onde. Jusqu'à ce que nous revenions ici. Il continuait de discuter avec moi et ne montrait aucun signe de regret, au contraire. Il apparaissait proche de moi.

Je ramène mes genoux contre ma poitrine, complètement désorientée. J'en arrive à cette conclusion : l'attitude de l'Irlandais est liée soit à son frère, soit à moi. Me laissant glisser sur le sofa, je m'allonge. Mes pieds ne dépassent pas l'accoudoir, preuve de ma petite taille.

Il a promis de me faire visiter Dublin. Compte-t-il toujours me servir de guide ? J'étais ravie à l'idée de passer une journée avec lui dans cette capitale emblématique. Mais, je vais sûrement devoir la découvrir seule. À présent abattue, je lâche un long soupir. Je plaçais tant d'espoir dans notre lien. Probablement trop... Néanmoins, je suis comme ça : je m'attache beaucoup aux gens, au risque de me briser plus encore par la suite.

Je vis tout très intensément. Mes sentiments sont démesurés ; mes doutes excessifs. Parfois, j'aimerais pouvoir trouver le bouton « arrêt » sur mon cerveau, juste pour pouvoir me reposer et interrompre ces réflexions incessantes.

Pourquoi a-t-il fallu que je tombe sur cette maison ? Sur lui ?

Au moment où je commençais à somnoler, je perçois un bruit derrière le canapé. Cependant, je ne prends pas la peine de me retourner. Ayant reconnu le son du fauteuil roulant, je fais mine de dormir. Après m'être tant interrogée, je ne suis pas prête à le confronter.