Zébrés

10 ; Tu nous manques beaucoup

NDA : Bonsoir! Je tenais à préciser quelque chose ici. Je ne publie qu'un chapitre par semaine à cause de mes études. Mais également parce qu'il passe entre les mains d'une bêta afin de vous proposer une histoire de meilleure qualité possible.

Merci à NoemieDvl pour son aide :)

______________________________

Tina

Je conduis prudemment dans une nuit particulièrement sombre. À mes côtés, Nolan est au téléphone avec son frère, visiblement agacé.

— J'ai encore le droit de sortir sans ton autorisation? Ou bien, faut-il que j'appelle Papa et Maman également ? questionne-t-il, ses doigts pianotant sur sa cuisse valide.

Je n'entends pas la réponse de Nyle. Préférant me concentrer sur la route, j'arrête d'écouter cette discussion. À la place, je m'interroge sur notre fin de journée. Au moment où j'ai croisé son regard, lors de mon moment d'euphorie, je l'ai senti se briser. Alors, je me suis précipitée vers lui, même si je n'avais pas encore compris la raison de cet état d'esprit.

Je l'ai entraîné dans mon sillon, sans lui demander son avis. Paniquée à l'idée qu'il se renferme, je n'ai pas su comment réagir. Jamais, Ô grand jamais, je n'aurais pu deviner cette finalité. Assise sur ses genoux, ses bras m'entourant. Ni plus, ni moins. Juste deux personnes admirant le paysage, cœurs battant à l'unisson.

Je me suis montrée honnête avec lui : il m'attire. Au départ, il s'est muré dans un silence inquiétant. Ainsi, j'ai eu peur qu'il décide de fuir ma réalité. Qu'il me blesse. À l'inverse, il m'a attirée à lui, taciturne.

Nous sommes restés devant ce rivage durant un certain temps. Son souffle chaud s'écrasait sur ma nuque, saccadé. En proie à nos questionnements intérieurs, nous n'osions pas déranger l'autre. Nolan dégage un charisme indéniable. Une humanité édifiante.

Son accident lui apporte une réflexion sur la vie plus qu'intéressante. En dépit des années écoulées, il ne l'a toujours pas accepté. Malgré tout, il est là. Si lui ne réussit pas à faire abstraction de son amputation, j'y parviens sans problème. Il s'est ouvert à moi à ce propos. J'imagine que perdre une jambe doit être dur à surmonter. Seulement, lorsque notre passion nous l'arrache, cela doit s'avérer pire. L'aviation semblait représenter toute sa vie. J'ai vu son regard s'illuminer quand il l'a évoqué. Il s'agissait de son métier. Son temps libre se résumait visiblement à l'altitude. Ni plus ni moins.

Comment expliquer que son amour pour le ciel lui ait si vivement volé une part de lui ?

Manifestement, il ne peut pas encore répondre. Impossible à concevoir. Comme si les livres m'amenaient à la mort...

Soudainement, l'Irlandais hausse la voix. Je sursaute, me crispant sur le volant.

— Désolé miss, souffle-t-il, serrant brièvement mon épaule. Dans combien de temps arrivons-nous ?

— Une demi-heure.

Nous avons dîné sur place, dans un pub typique. La musique celtique emplissait mes oreilles, pour mon plus grand bonheur. Nous avons discuté de tout et de rien. Enfin, surtout de rien. Il n'a pas fait allusion à notre discussion mouvementée. Mais, d'un autre côté, il ne l'a pas rejetée non plus. Je ne sais pas quoi en penser : partage-t-il mon sentiment ?

En tous les cas, minuit est passé. Je conçois l'inquiétude de Nyle. Toutefois, il devrait se montrer content que son frangin sorte de sa tanière, pour une fois. Ce dernier raccroche, clairement remonté.