1 ; J'ai pas besoin de ton aide

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Nolan

Il pleut, c'est un fait. Cela dure depuis trois jours, alors cette météo est presque devenue une habitude. Le ciel gris, les trombes d'eau inondant l'extérieur, le bruit sourd des gouttes, l'ambiance étouffante de la tempête. Cependant, en ce début de soirée, un orage s'annonce : l'averse se transforme en véritable déluge. Je ne distingue même plus la montagne en face de moi. La simple idée de sortir ressemble à de la folie. Pourtant, lorsque j'atteins le salon, j'aperçois mon frère vêtu de son imperméable et de ses bottes en caoutchouc. Sa capuche sur la tête, il s'apprête à ouvrir la porte.

— Tu fous quoi ? je questionne brusquement.

Mon cadet sursaute en se tournant vers moi. Les gouttes s'abattent violemment sur la bâtisse, donnant l'impression qu'elles peuvent nous atteindre. Pour un peu, je ne me sentirais pas en sécurité. Frémissant au moment où un éclair éclate, je ferme brièvement les yeux. Finalement, je me concentre sur mon cadet, resté silencieux.

— C'est quoi cet accoutrement ? me moqué-je.

— Une voiture est bloquée dehors, m'apprend-il, vexé par mon attaque.

— Et ?

— Nolan, je ne peux pas laisser le conducteur seul sous cette pluie torrentielle, s'agace-t-il.

En jetant un coup d'œil par la fenêtre, j'aperçois en effet la lumière de phares éclairant faiblement le brouillard. Qui a eu l'idée stupide de conduire aujourd'hui ?

— Ben vas-y tout seul alors, rétorqué-je en haussant les épaules.

— Sans rire, grommelle-t-il avant de claquer la porte derrière lui.

— Quel con, je marmonne en secouant la tête.

Je me dirige vers la cuisine, afin d'avoir une vision sur lui tout de même. Mon frère a toujours été trop altruiste, à ses dépens. Même si je joue à l'idiot avec lui, j'ai toujours peur qu'il n'en souffre. Nous vivons sous le même toit depuis l'incident. En réalité, cela s'est instauré naturellement. Cette petite maison abrite nos vies, nos innombrables disputes. Dans le fond, j'ai conscience que tout est de ma faute. Seulement, je ne peux pas m'en empêcher.

Ainsi, je reste devant cette vitre pendant de nombreuses minutes, même si je ne discerne pas grand-chose. Qui est le crétin qui a décidé de prendre la route sous ce temps diluvien ? Le cœur battant, je panique lorsque les phares du véhicule s'éteignent. Je ne vois plus rien, que se passe-t-il ? Angoissé, je me redresse, à l'affût du moindre mouvement. Heureusement, quelques instants plus tard, je l'entends entrer. Me dépêchant de le rejoindre, juste pour m'assurer qu'il va bien. Pour lui remonter les bretelles, également...

— Je te préviens, le ménage ce n'est pas moi qui...

Je me tais en comprenant que l'automobile n'est pas repartie. En réalité, elle doit encore se trouver sur le bas-côté puisque la propriétaire apparaît à ses côtés. Tous les deux trempés jusqu'aux os, ils forment une flaque par terre. Comprenant instantanément qu'il va falloir accueillir cette inconnue, je fronce les sourcils, mécontent. Quand je croise le regard de Nyle, je devine qu'il n'a pas eu le choix. Pourtant, il sait que je déteste accueillir des étrangers ici. Encore plus lorsque c'est à l'improviste.

Précautionneusement, il retire sa veste afin de la faire sécher sur le porte-manteau puis propose de faire de même à l'intruse. Timidement, elle lui tend son blouson, n'osant pas m'observer. Comme souvent. Se situant dans l'ombre, j'ai du mal à la distinguer. Pour tout avouer, je ne perçois même pas la couleur de ses cheveux.

— Alors quoi, sous prétexte qu'elle était coincée sur la route, tu vas gentiment lui offrir le gite ? je demande d'une voix forte.

Mon cadet soupire, las puis décide de m'ignorer, ce qui m'énerve au plus haut point. Il désigne la direction de la salle de bain à la fille en me contournant.

ZébrésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant